BCE – La « contagion » des cryptomonnaies touche 10% des ménages européens

25 mai 2022 - 14:51

Temps de lecture : 4 minutes

Par Hugh B.

La Banque Centrale européenne (BCE) est au développement des cryptomonnaies ce que le Minitel a été pour celui d’Internet. Une structure ruminante d’un autre temps, en train de regarder passer le train de l’innovation avec une condescendance déplacée. Mais tout en prenant bien soin de tirer dessus à coup de MiCA. Histoire de s’assurer que le chemin sera compliqué et désagréable. Et avec une ligne d’attaque dont les seuls véritables arguments avancés se résument à de la mauvaise foi avérée, teintée d’une ignorance caricaturale. Mais malgré cela, le constat s’impose jusque dans ses rapports internes : 10% des foyers européens possèdent des cryptomonnaies…

Difficile de faire pire que la BCE en matière d’ennemi juré du secteur des cryptomonnaies. Avec à sa tête une Christine Lagarde qui va jusqu’à leur refuser toute utilité ou valeur effective. Mais qui dans le même temps exhorte à plus de contrôle de ce rien, dans une nouvelle démonstration de mauvaise foi palpable. Et cela en parallèle de la mise en place d’une réglementation MiCA qui accumule les horreurs. Au point d’exiger un traitement clairement inégalitaire de cette économie numérique. En tout cas au regard de ce qui est accepté dans sa version traditionnelle.

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Mais peu importe, car les amateurs de cryptomonnaies sont juste les adeptes d’un « funny business » réservé aux simples d’esprit. Et leur réglementation permettra de les protéger d’eux-mêmes. Tout en préservant une économie moribonde portée par un euro en chute libre. Rien à faire d’une utilité grandissante, d’investisseurs institutionnels dans les starting-blocks ou de « canaux de contagion » de plus en plus importants. Pourtant, un rapport de cette même BCE publié hier l’affirme : 10% des ménages européens possèdent des cryptomonnaies. Et ce ne sont pas des débiles pour autant.

BCE – Une « contagion » qui s’intensifie

Le ton est immédiatement donné. Là où les adeptes des cryptomonnaies parlent d’adoption, la BCE aborde le problème d’une « contagion. » Cette dernière « jusqu’à présent restée suffisamment faible » pour ne pas représenter un risque pour la stabilité financière. En particulier au regard de la chute actuelle de ce marché, Bitcoin (toujours) en tête. Néanmoins, le récent rapport publié par la Banque centrale européenne l’admet. « Les particuliers représentent une part importante de la base d’investisseurs dans les crypto-actifs. » Ce dernier terme couramment utilisé par les instances de régulation pour ne pas laisser entendre qu’il pourrait s’agir de « monnaies. »

« Selon les résultats de la récente enquête menée la BCE sur les attentes des consommateurs (CES) pour six grands pays de la zone euro, jusqu’à 10 % des ménages pourraient posséder des crypto-actifs. La plupart des propriétaires ont déclaré détenir moins de 5 000€ de crypto-actifs, avec une légère prédominance de petits avoirs (moins de 1000 €). »

BCE

Selon les données de ce rapport, 6% des détenteurs de cryptomonnaies seraient à la tête d’un portefeuille dont la valeur excède 30 000€. Et les ménages aux revenus les plus élevés sont – sans surprise – ceux qui en possèdent le plus, tous pays confondus. C’est-à-dire pour cette étude : l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne, la Belgique, l’Italie, et la France.

Mais dans le même temps, les ménages aux revenus les plus modestes représentent bien souvent la seconde proportion d’adeptes des cryptomonnaies. Cela au détriment d’une classe moyenne, grande absente de cette économie numérique. Et avec un pourcentage toujours largement surreprésenté d’hommes jeunes. Mais avec un niveau d’instruction visiblement supérieur à celui fréquemment évoqué par les détracteurs des cryptomonnaies.

BCE – Une « contagion » impossible à contenir

Ce rapport met également d’autres points en avant. Comme une augmentation notable des investisseurs institutionnels européens exposés aux cryptomonnaies. Avec une proportion passée de 45% en 2020 à 56% à l’heure actuelle. Et surtout, une « intention d’investir également à la hausse. » Avec comme principale raison invoquée une complaisance des pouvoirs publics à l’égard des cryptomonnaies. Cette dernière pouvant « être interprétée comme cautionnant les crypto-actifs. » Et une seule réaction à cet égard : il faut bien être membre de la BCE pour tirer ce genre de conclusion surréaliste.

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Le problème étant une « interconnexion avec le système financier au sens large » qui selon les conclusions de ce rapport se serait fortement « accrues » ces dernières années. Principalement du fait de la forte pression des clients sur les principales structures de gestion d’actifs. Et cela malgré toute la bonne volonté déployée par la BCE pour tenter d’empêcher cette rencontre, dorénavant hors de tout contrôle. Raison pour laquelle elle ne manque pas de rappeler le risque hypothétique que les cryptomonnaies pourraient peut-être éventuellement on ne sait jamais représenter pour la stabilité financière de l’Europe. Celle-là même que la BCE semble bien incapable de maintenir, sans l’aide des crypto-actifs…

« La nature et l’ampleur des marchés des crypto-actifs évoluent rapidement. Et si les tendances actuelles se poursuivent, les crypto-actifs poseront des risques pour la stabilité financière. »

BCE

Et la solution apportée n’a rien de véritablement surprenant. Car elle se résume à une mise en place effective et « de toute urgence » de la réglementation MiCA. Celle-là même qui proposait il n’y a pas si longtemps d’interdire le Proof of Work (PoW) du Bitcoin. Et autant dire que depuis, toutes les résolutions prises dans le domaine ne font que démontrer l’ignorance des régulateurs sur le sujet. Mais de toute évidence, il n’y a pas besoin de s’encombrer d’une connaissance d’un secteur innovant pour en interdire tous les aspects…

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