WorldCoin – Un airdrop polémique en échange d’une empreinte rétinienne

Il est parfois difficile de faire le tri au sein de la multitude de projets de cryptomonnaies qui voient le jour en permanence. Cela même avec une grille de lecture efficace et des exigences précises. Mais au milieu de cette effervescence apparaissent quelques fois des offres qui déclenchent aussitôt une alerte de sécurité. De celles qui vont sans aucun doute attirer bon nombre d’amateurs de cadeaux plus problématiques que réellement intéressants. Avec comme appât aussi grossier qu’efficace une carotte qui consiste à offrir des cryptomonnaies en retour. Une description presque parfaite du projet Worldcoin dont l’objectif est de scanner par milliards les rétines de ses futurs utilisateurs.

25 octobre 2021 - 18:52

Temps de lecture : 3 minutes

Par Hugh B.

Tout investisseur dans le domaine des cryptomonnaies redoute de tomber dans le piège parfois très bien ficelé des shitcoins. Cela même si la tendance actuelle semble plus s’orienter vers une volonté de surfer cette tendance en espérant réaliser de beaux profits. Une actualité qui ne doit cependant pas faire oublier que ces bénéfices ont des conséquences. Comme faire passer tout une économie en pleine construction pour un terrain de jeu puéril version parc à chiens numériques. Mais même si le sérieux n’est volontairement pas au rendez-vous, la règle reste d’en assumer les conséquences à titre individuel en cas de morsure du marché.

Car il y a plus problématique que ces shitcoins qui enregistrent des rendements à peine croyables. Et cela prend la forme de projets aux ambitions obscures et à la communication plus que douteuse. Avec comme exemple de choix le réseau (a)social du nom de BitClout, ou encore le projet Internet Computer qui posent la question de cette frontière nécessaire entre innovation et éthique. Car il ne suffit pas de proposer quelque chose de nouveau pour que cela devienne automatiquement acceptable. Et il est parfois important de se poser la question des limites qu’il est possible de franchir. Une problématique que soulève sans aucun doute la récente et polémique apparition du projet Worldcoin.

Worldcoin fait de l’œil à ses utilisateurs

Attention de ne pas confondre le projet Worldcoin avec le projet Worldcoin. Comment faire la différence ? Voilà le premier point qui fait ce cette affaire un imbroglio digne d’un épisode de la série Black Mirror. Le premier ressemble plus à un projet de 2013 qui n’a pas vraiment rencontré le succès. Et le second vient tout juste de faire son apparition sur Twitter comme dans les rues des grandes villes de notre monde. Cela sous la forme d’une opération de marketing que son initiateur doit considérer comme réussie. Mais uniquement s’il entre dans la catégorie de ces gens qui considèrent que même une mauvaise publicité reste de la publicité.

Et dans le cas présent, cela prend la forme d’une stratégie qui se résume à offrir des cryptomonnaies aux passants réceptifs. Ce qui ressemble à une opération intéressante à première vue. Sauf que chaque « inscription » à cet airdrop d’un nouveau genre nécessite d’accepter de se faire scanner la rétine. Cela à l’aide d’un sorte de globe métallique du nom de « Orb » actuellement en phase de test grandeur nature. Un appareil développé en interne pour répondre à ce qui est présenté par le projet Worldcoin comme « une preuve de personnalité évolutive ». Et un gain encore théorique estimé entre 10$ et 200$.

Tout cela afin de participer au lancement de cette « nouvelle monnaie mondiale détenue collectivement qui sera distribuée équitablement au plus grand nombre de personnes possible. » Avec comme objectif le milliard de rétines scannées d’ici à 2023. Mais un petit effet Ponzi pas si équitable que cela, qui consiste à toucher une somme différente en fonction de sa date d’entrée dans le projet. Et comme un seul Orb ne peut scanner que 700 nouvelles personnes par semaine, le projet Worlcoin prévoit « de produire plus de cinquante mille appareils par an. » Ce qui donne une petite idée de ses très grandes ambitions…

Des données détruites… ou pas !

Et ce projet à peine lancé n’a pas manqué de faire réagir au sein de la scène crypto et en dehors. En particulier du fait de la saisie de cette empreinte rétinienne qui n’a rien d’un simple détail. Car même si cette dernière est censée ne pas être conservée par la société Worldcoin, elle permet de réaliser une sorte de clé privée permettant d’en sécuriser le portefeuille. Cela grâce à un identifiant du nom d’IrisHash dont l’objectif est de garantir que la personne est bien un être humain qui n’a jamais collecté de worldcoin auparavant. Avec le spectre d’une fuite de données biométriques qui n’a rien d’impossible. Et une « non-conservation » qui reste à la discrétion des créateurs du projet.

Cryptomonnaies

Ledger - nouvelle faille de sécurité en lien avec le site Shopify

Hugh B. - 14 Janv 2021 - 09:11

La société Ledger qui commercialise des clés hardware de sécurisation des [...]

Lire la suite >>

Tout cela mené par une entreprise basée à Berlin qui compte déjà 70 salariés et environ 30 Orbs. Et des investisseurs de la scène crypto comme Andreessen Horowitz (a16z), Sam Bankman-Fried et Coinbase Ventures – pour ne citer qu’eux – qui ont déjà signé un chèque de 25 millions de dollars à son attention. Car pendant que certains s’indignent, d’autres crient au génie et au projet visionnaire. Le tout dans une version que certains présentent comme un sorte de revenu universel appliqué au secteur des cryptomonnaies. Mais peut-être qu’il se mettent simplement le doigt dans l’œil.

Recevez le top 3 de l'actualité crypto chaque dimanche