Binance et FTX limitent-ils volontairement l’accès à leurs données de marché ?
17 juillet 2021 - 15:00
Temps de lecture : 4 minutes
Par Hugh B.
Il y a de nombreuses spécificités qui font du marché des cryptomonnaies un écosystème à part. En tout cas résolument différent de sa version boomer qu’est la finance traditionnelle. Mais au sein de cet environnement en plein développement se trouvent les plateformes d’échange centralisées. Une sorte de structure hybride qui navigue entre ces deux univers et qui parfois glisse dans la direction de la bourse traditionnelle, comme l’a fait Coinbase il y a peu. Une position qui a récemment soulevé la question de leur gestion des données historiquement gratuites et ouvertes vis-à-vis du marché des cryptomonnaies.
Il est toujours intéressant et nécessaire de mesurer la distance qui sépare l’univers des cryptomonnaies de la finance traditionnelle. Car cela permet de vérifier quelle direction reste dans le viseur d’une communauté toujours plus nombreuse. Et à quel moment il devient important de faire attention à ne pas basculer dans les mauvais travers de ce à quoi elle tente d’échapper. Ce qui a récemment donné lieu à une tribune acerbe du fondateur historique du Dogecoin. Ce dernier passé de simple développeur de shitcoin à symbole de l’évolution d’un écosystème dans son ensemble.
Une situation qui touche plus particulièrement les exchanges centralisés (CEX). Ces structures qui offrent des services en relation à l’univers décentralisé des cryptomonnaies. Mais dont le mode de fonctionnement reste celui d’une entreprise classique, avec un leader charismatique accroché à la proue du navire. Et qui donne actuellement cette impression d’un mauvais remake du Titanic pour la plateforme Binance. Avec son fondateur milliardaire Changpeng Zhao (CZ) en train de crier : « Je suis le maître du monde », pendant que le bateau prend l’eau de toutes parts.
Binance et FTX face à la gestion des données
Une situation qui a récemment poussé un membre de Twitter à affirmer que les plateformes Binance et FTX s’adonnaient à la rétention de données. Une « tendance dangereuse » qui semble incompatible avec l’accès ouvert et gratuit à ces dernières qu’est censé offrir l’univers des cryptomonnaies. Mais qui représente cependant un véritable marché dans le domaine de la finance traditionnelle. Car ces dernières sont en accès restreint et payant pour tout ce qui concerne les informations en relations à l’activité des structures privées qui la compose. Avec des sociétés boursières dont une bonne part de l’activité est d’en monnayer la divulgation.
« Tendance dangereuse en cours avec les deux principales bourses Binance et FTX restreignant l’accès à l’information. Tout d’abord, Binance restreint fortement les données d’OI et maintenant les données de liquidation. Et ensuite FTX qui restreint également les données de liquidation. Soyez assuré que leur bureau interne ne s’en soucie pas. » – XC
Mais le secteur des cryptomonnaies ne souffre pas (encore) de ce genre de pratique. En particulier car la principale source de revenus des exchanges concerne les frais de transactions. Un marché qui représente plus de 90% des revenus de Coinbase. Alors qu’une place boursière traditionnelle comme Intercontinental Exchange (IE) tire plus de 50% de son chiffre d’affaires de la vente de données. Cela car elle pratique dans le même temps des frais de transaction aux montants dérisoires. Réalité qui permet de mettre en perspective l’utilité du paiement de ce genre de services. Et ce à quoi ils pourraient permettre d’échapper à terme.
Une gratuité, mais pour combien de temps ?
Une accusation un peu rapide à laquelle n’a pas manqué d’apporter un démenti Sam Bankman-Fried, le milliardaire en tête de proue de la plateforme FTX. Ce dernier expliquant être « à peu près sûr que nous n’avons rien changé » dans le domaine. Ce qui revient à confirmer qu’à l’heure actuelle, la grande majorité des données concernant ces exchanges de cryptomonnaies sont en accès libre et gratuit. Cela même s’il concède que « les données OI sont maintenant légèrement retardées (mais toujours complètes !) ». Ce qui représente le flux de ces données fournies en temps – plus vraiment – réel. Et sans préciser si ce décalage peut être réduit avec un petit chèque…
« Nous avons l’interface graphique, la garde, la compensation, le nom de la marque et les activités de vente au détail. Ainsi, en fin de compte, nos frais sur les revenus sont beaucoup plus élevés que l’échange d’actions qui consiste à simplement mettre en relation des vendeurs et des acheteurs. Nous gagnons beaucoup plus en rendant les données gratuites que nous ne le ferions en augmentant les revenus tirés des données. » – Sam Bankman-Fried, interrogé par The Block
Ce qui ne veut pas dire que cette gratuité est inscrite à jamais dans le modèle économique de ces exchanges. Car elle ne restera de toute évidence effective que tant qu’elle sera plus rentable que sa version payante. Une situation que Frank Chaparro du journal The Graph voit basculer suite à une « compression de la concurrence. » Cela jusqu’au moment où « le marché des cryptomonnaies sera dominé par un nombre moins important d’exchanges de ce type ».
Toujours aucun signe de réponse de la part de Binance pour le moment…
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