Blockchain Capital rejoint l’organisation de gouvernance Libra

19 septembre 2020 - 16:19

Temps de lecture : 3 minutes

L’une des plus anciennes sociétés d’investissement dans le domaine de la cryptographie, Blockchain Capital, devient le 27ème membre de l’association Libra. Une incursion crypto dans un écosystème qui l’est de moins en moins.

Une société blockchain aux côtés de Libra

Le capital-risqueur Blockchain Capital a rejoint l’organisation de gouvernance du projet Libra soutenu par Facebook.

Créée en 2013, Blockchain Capital détient des participations dans de grandes sociétés de blockchain et de cryptographie, notamment Coinbase, BitGo, Bitwise, Circle, Ripple, Kraken et Anchorage. Avec un portefeuille aussi fourni, Blockchain Capital est un allié d’envergure crypto pour accompagner Libra dans sa gestion d’un système de paiement mondial qui s’éloigne pourtant chaque jour un peu plus de l’idée originelle d’une cryptomonnaie universelle. Depuis le départ des géants Visa, Mastercard et Paypal apparemment refroidis par l‘hostilité unanime des régulateurs mondiaux ou plus préoccupés par leur propre ambition, le projet Libra s’est acheté une conduite plus conventionnelle .

Bart Stephens, l’un des cofondateurs de Blockchain Capital, défend néanmoins la cohérence de son adhésion en prônant une intention commune : « utiliser la technologie blockchain pour améliorer la participation des gens au système financier ». Une affirmation qui trouve, bien sûr, un écho favorable auprès de l’organisation de gouvernance qui cherche, depuis juin 2019, à recruter 100 membres pour mener à terme son ambition, aujourd’hui révisée à la baisse, de stablecoin.

En tant que membre de l’Association Libra, Blockchain Capital apporte une vision approfondie de l’industrie et un réseau dynamique de supporters alors que nous travaillons à la construction d’un système de paiement basé sur la blockchain qui soutient l’innovation responsable des services financiers»

Dante Disparte, vice-président de l’Association Libra

En effet, le projet Libra a été remanié en mars 2020. L’ambition d’un unique stablecoin disponible pour les quelques 2 milliards d’utilisateurs de Facebook s’est émiettée en une kyrielle de stablecoins nationaux (LibraUSD, LibraEUR…).

Un leadership aux petits oignons

Une nouvelle mouture censée plaire davantage à la ronde des gouvernements, banquiers centraux et régulateurs financiers qui avaient lâché les loups dès l’annonce originelle de Marc Zuckerberg.

De fait, pour s’attirer les bonnes grâces des autorités de surveillance, l’Association Libra s’est aussi mobilisée pour former un collège d’experts patentés à la tête du projet. Des experts dûment reconnus pour leur compétence en matière de finance traditionnelle ou de réglementation. Ainsi, après la nomination en tant que premier PDG de Libra de Stuart Levey, ancien directeur juridique de la banque HSBC et sous-secrétaire du Trésor des administrations Bush et Obama, suivie de celle de Sterling Danes en tant que responsable de la conformité, fonction qu’il avait occupée au Credit Suisse et à Goldman Sachs, l’association Libra a continué son recrutement de cadres expérimentés.

Steve Bunnell, doté d’une solide expérience au département américain de la sécurité intérieure, s’est vu confier la direction juridique du projet tandis que l’ancien chef du FinCEN (Financial Crimes Enforcement Network), Robert Werner, qui a depuis quitté l’organisation en raison de sa réticence à renoncer à des sièges au conseil d’administration de la Deutsche Bank, a assumé le rôle de conseiller juridique trois mois durant.

Le dernier recrutement, en date du 17 septembre, est celui d’un ancien banquier (HSBC encore), James Emmett , nommé directeur général de Libra Networks. Porté par l’enthousiasme de sa nouvelle fonction, il s’est déclaré «passionné par les opportunités offertes aux services financiers et à la technologie pour faire une réelle différence».

Un géant qui accouche d’une souris

Des banquiers qui s’allient à « l’ennemi « d’hier, des contrôles et des verrouillages à tous les niveaux pour se conformer aux normes du GAFI sous la houlette des nouveaux entrants, un projet ripoliné jusqu’à perdre sa substance initiale, voilà en gros le nouveau Libra. Il est donc probable qu’avec de tels attributs, le rejeton de Facebook finisse par voir le jour. Mais à quel prix ? D’autant que face aux stablecoins étatiques (CBDCs) qui se préparent, le projet subversif du début apparaitra juste comme un énième système de paiement. Certes, il sera peut-être accommodé à la sauce blockchain… Mais on croit savoir que certaines versions numériques de monnaies souveraines le seront aussi. Ainsi, par exemple, Algorand a été sélectionné comme plateforme d’infrastructure de la CBDC des Îles Marshall ou Tezos comme protocole possible pour un euro numérique.

Le géant qui a ébranlé le monde politico-économique va donc vraisemblablement accoucher d’une souris.

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