Blockchain, la solution logistique pour le Forum économique
04 mai 2020 - 08:00
Temps de lecture : 3 minutes
Par Nathalie E.
Le Forum économique mondial (FEM) vient de publier une boîte à outils blockchain destinée à aider les organisations à améliorer leurs chaînes d’approvisionnement.
Un forum qui aime les boîtes à outils
Le FEM est une association d’économistes, de dirigeants de sociétés et de responsables politiques, qui se réunit annuellement à Davos pour débattre des problèmes urgents de la planète. Il n’est donc pas surprenant de le voir s’emparer d’un des défis majeurs d’aujourd’hui, en proposant une solution dont il avait assez tôt perçu le potentiel. La blockchain en effet, figurait dès 2015, parmi les « mega trends » (super tendances) qu’il avait pressenties pour bâtir un futur numérique.
Plus récemment, l’organisation a proposé une boîte à outils pour les monnaies numériques de Banque centrale. Elaboré en collaboration avec certaines des principales banques centrales du monde , ce guide pratique est censé fournir des clefs aux décideurs en matière de stratégie, de technologie et de gouvernance de ces désormais très convoités systèmes de paiement (CBDC). Sur le même modèle, elle vient donc de publier un rapport dense et détaillé pour aider au développement de chaînes logistiques performantes grâce à la blockchain.
Un kit complet
Résultat d’un an de travail avec plus de 100 organisations et 50 pays sur 6 continents , le rapport se veut complet mais mélioratif, s’ajustant au gré des expériences entreprises. Ainsi s’appuie t-il sur deux projets pilotes qui ont utilisé ce nouvel outil. D’abord celui d’Abou Dhabi, aux Émirats arabes, qui a choisi une blockchain comme support d’infrastructure numérique de son secteur public. L’autre expérimentation est celle de Saudi Aramco, la compagnie nationale saoudienne d’hydrocarbures, qui se sert de ce kit innovant pour la gestion des fournisseurs et la vérification des informations d’identification.
14 modules composent ce Blockchain Deployment Toolkit qui se concentre principalement sur les solutions de blockchains autorisées (permissioned). Celles qui sont le plus souvent adoptées par les entreprises parce que leur adhésion est contrôlée et les données confidentielles visibles uniquement par les participants impliqués. Le contraire précisément des blockchains publiques « trustless » à la Bitcoin. Dans ce registre, doit-on le rappeler, tout est transparent et accessible à tous sans passer par un tiers dit de confiance.
Ainsi, seul le module « Structure : Public/Private » explore les compromis entre ces deux systèmes. Tous les autres traitent exclusivement de la technologie de registre distribué (DLT). Les thèmes abordés vont de l’interopérabilité (««je sais que ce que je vois est ce que vous voyez») à la gouvernance ; de la cybersécurité à la conformité légale et réglementaire. L’intégrité et la protection des données ainsi que l’identité numérique figurent aussi au menu. Le contenu est très pédagogique, exemples et cas d’usage à l’appui.
Un prêt-à-l’emploi pour tous
Cette boîte à outils se veut donc accessible à tous. C’est un de ses objectifs selon la responsable du projet blockchain au WEF, Nadia Hewett.
« Notre boîte à outils Blockchain Deployment est essentielle pour concevoir des solutions qui fonctionnent pour une multitude d’acteurs, y compris les petits acteurs qui n’ont peut-être pas accès aux ressources nécessaires pour débloquer la valeur de la technologie blockchain. »
Objectif bienvenu dans un contexte difficile.
« Tous ces cas d’usages étaient pertinents avant l’arrivée du Covid-19, ils le sont encore davantage maintenant. »
La crise sanitaire a en effet tragiquement éclairé la fragilité de tout un système. Les ruptures et les pénuries se succédant à un rythme inédit ont cruellement révélé une incapacité à maîtriser les chaînes d’approvisionnement, notamment dans le domaine médical. Il suffit par exemple de penser à tout cet imbroglio autour des masques et à la quête effrénée de nouveaux fournisseurs dont la fiabilité doit être dûment vérifiée. Pour Nadia Hewett, seule une technologie de registre distribué serait apte à améliorer l’efficacité des chaînes logistiques tout en renforçant la confiance entre les différents acteurs
« Cela prend du temps de vérifier qu’un fournisseur est digne de confiance. Si le profil des fournisseurs était validé – par un organisme gouvernemental par exemple – et accessible sur une blockchain, tout le monde pourrait y accéder rapidement. »
On observe que la blockchain (ou assimilée) connaît un regain d’intérêt en ces temps de crise mondiale. Envisagée comme une solution possible à divers problèmes (la distribution de l’helicopter money, le traçage sanitaire…), la voilà toute désignée pour pallier les défaillances dramatiques des chaînes d’approvisionnement. Toutefois le protocole est jeune, perfectible, complexe à mettre en place, ce qui, on en conviendra, s’accommode mal d’une situation d’urgence mais valorise d’autant plus l’initiative d’une boîte à outils.
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