Scandale vs « théorie du complot » – Avalanche face aux accusations de CryptoLeaks

29 août 2022 - 10:00

Temps de lecture : 4 minutes

Par Hugh B.

L’écosystème Avalanche (AVAX) est sous le feu des projecteurs en ce début de semaine. Et de toute évidence, la tempête médiatique – et peut-être judiciaire – qui se prépare n’a rien d’un simple détail pour le secteur des cryptomonnaies. Cela même si les principaux responsables de ce projet d’envergure ouvrent actuellement les airbags pour ne pas se faire ensevelir sous un amoncellement d’accusations, bien évidemment présentées comme infondées. Une affaire à prendre avec toutes les précautions nécessaires, entre « théorie du complot » et pratiques concurrentielles douteuses. Explications…

L’absence de contrôle dont bénéficie le secteur des cryptomonnaies n’implique que trop rarement une autogestion éclairée de ses pratiques internes. Car – entre arnaques en tout genre et spéculation stérile – la liberté revendiquée ressemble bien souvent au chaos avec lequel trop de monde la confond. Tout cela alimenté par les fortunes numériques promises aux plus « audacieux ». Et une concurrence acharnée dont les coulisses malsaines semblent dignes de l’économie réelle.

Une situation à laquelle vient de se heurter violemment le projet Avalanche (AVAX), sous le coup d’accusations tombées durant le week-end. Ces dernières émises et détaillées dans un article du média CryptoLeaks – jusque là totalement inconnu au bataillon – vidéos compromettantes à l’appui. Un dossier vis-à-vis duquel il semble toutefois nécessaire de rester prudent. Car les origines de ces allégations sont aussi obscures que les pratiques dénoncées. Une affaire entre « complot diabolique avec le cabinet d’avocats Roche Freedman » et pratiques « contraires à l’éthique ».

Ava Labs – Des « services juridiques » très spéciaux

Avant toute chose, il semble important de préciser le contexte de cette affaire. Car elle implique en son centre le projet Avalanche (AVAX), certainement le plus solide, cryptologiquement correct et décentralisé après le leader actuel Ethereum. Et plus exactement la structure Ava Labs en charge de sa gestion communautaire et de son développement. Cette dernière accusée de pratiques concurrentielles douteuses vis-à-vis de projets et personnalités aux politiques réputées (très) discutables. Tout particulièrement dans le cas d’Internet Computer (ICP), de Craig Wright et de la structure Alameda en lien à la plateforme FTX et au réseau Solana (SOL). Ce qui n’a rien d’une excuse ni même d’une preuve d’innocence, mais le cadre doit tout de même être clairement posé.

Vidéo du site CryptoLeaks

Car dans les faits, tout ce dossier repose sur les déclarations d’un certain Kyle Roche, avocat d’affaires et co-fondateur du cabinet Roche Freedman LLP. Cela au cours de discussions de toute évidence (ou stratégiquement) filmées à son insu, durant lesquelles le sujet du projet Avalanche a été abordé, sans toutefois savoir de quelle manière ni sous quel angle d’approche. Des vidéos qui permettent de l’entendre dévoiler une relation plus qu’ambigüe avec la structure Ava Labs et plus particulièrement le fondateur de cette blockchain Emin Gün Sirer (identifié comme « Gün »). Cela à propos de « services juridiques » spéciaux rémunérés à l’aide de versements importants en cryptomonnaies AVAX estimés à plusieurs millions de dollars.

« Nous (avec Emin Gün Sirer, ndlr) avons conclu un accord, où j’ai accepté de fournir des services juridiques en échange d’un certain pourcentage de l’approvisionnement en jetons AVAX. »

Kyle Roche

AvaLeak – Un « pacte secret » de nuisance

Plus précisément, la structure Ava Labs aurait payé le cabinet d’avocat de Kyle Roche pour qu’il nuise à des projets concurrents. Cela si l’on considère toutefois que ce dernier est aussi sérieux qu’il le prétend. Car il se présente comme un expert du secteur des cryptomonnaies, tout en expliquant que Craig Wright (surnommé fakoshi) serait le créateur du Bitcoin. Ce qui revient à dire que les Tortues Ninja sont les meilleurs Avengers de tous les temps (pour donner une idée). Ou que son Bitcoin Satoshi Vision (BSC) est une cryptomonnaie du top 5 actuel… alors qu’elle pointe à la 48e place.

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Une accusation qu’il détaille ensuite comme un « pacte » à l’origine de la mise en place d’un « objectif caché » de nuisance volontaire à des concurrents de l’écosystème des cryptomonnaies. Tout cela piloté sous forme de « vendettas personnelles » par Emin Gün Sirer, dont il serait un très proche collaborateur. Et comme conséquence, une augmentation de la valeur du AVAX liée à l’épuisement stratégique de la concurrence dans le cadre de procédures judiciaires à répétition. Tout en s’attirant dans le même temps les bonnes grâces des instances de régulation (SEC et CFTC) encouragées à regarder ailleurs.

« Aux États-Unis, lorsque vous poursuivez un individu ou une entreprise, vous pouvez exiger l’accès à ses comptes confidentiels, à ses données commerciales, à ses courriels et à ses communications sur les médias sociaux. Et plus encore, en utilisant un processus juridique spécial appelé « découverte ». Cela permet d’explorer l’intérieur de chaque entreprise crypto. »

Kyle Roche

Ava Labs dément toutes les accusations

Des accusations que le fondateur du projet Avalanche, Emin Gün Sirer, rejette – bien évidemment – en bloc dans une récente publication sur Twitter. Tout en prétendant que la technologie et l’équipe derrière le développement de cette blockchain « parlent d’eux-mêmes ». Mais est-ce que cela sera suffisant ?

« Comment quelqu’un pourrait-il croire quelque chose d’aussi ridicule que l’absurdité de la théorie du complot sur CryptoLeaks ? Nous ne nous engagerions jamais dans un comportement illégal, contraire à l’éthique et tout simplement mauvais revendiqué dans ces vidéos égoïstes et cet article incendiaire. Notre technologie et notre équipe parlent d’eux-mêmes. »

Emin Gün Sirer

Car, même s’il ne faut pas négliger la capacité des gens à oublier rapidement ce genre d’affaires, des preuves très simples peuvent être apportées. Comme cette quantité estimée à 1% de la supply de la cryptomonnaie AVAX que l’avocat Kyle Roche prétend avoir en sa possession, soit plus de 50 millions de dollars à son cours actuel. Cela sous la forme d’une rémunération versée pour services (très spéciaux) rendus à Ava Labs. Pourtant, selon l’organigramme de son équipe juridique, rendu public par Olta Andoni, Kyle Roche n’apparaît nulle part… Une affaire à suivre !

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