CBDC – La Banque centrale du Japon va tester un yen numérique

03 juillet 2020 - 17:00

Temps de lecture : 3 minutes

Par Hugh B.

La numérisation monétaire est en marche un peu partout dans le monde. Un développement qui a vu une certaine accélération suite à la crise sanitaire du coronavirus. Mais dans les faits ce n’est qu’une question de temps avant que les monnaies fiduciaires ne disparaissent. Et c’est au tour du Japon d’annoncer son entrée officielle dans cette course au numérique.

L’annonce a été officialisée par la Banque du Japon (BoJ) ce jeudi. Elle se lance dans l’expérimentation d’une monnaie de Banque centrale (CBDC) pour en tester la validité et surtout la faisabilité d’un point de vue technique. Elle s’inscrit donc dans les rangs des pays en cours de numérisation monétaire. Un domaine dans lequel la Chine fait figure de premier de cordée actuellement.

Une annonce qui ne signifie en aucun cas que le gouvernement japonais souhaite revenir sur le durcissement de sa législation à l’égard des cryptomonnaies. Car il faut bien comprendre que le seul point commun entre une CBDC et une cryptomonnaies est leur caractère numérique. Pour le reste c’est le jour et la nuit, avec un soupçon de haine concurrentielle et de méfiance de la part des instances de régulation officielles.

Une course numérique

 

Cette course au numérique a très clairement été enclenchée par le développement raté de la première version du Libra de Facebook. Cela ayant donné le coup d’envoi d’une véritable guerre du numérique pour savoir qui réussira à se positionner en leader sur ce marché. Et également une manière de ne pas laisser cette place à une BigTech ayant le chiffre d’affaire d’un pays comme le Luxembourg et une population plus importante que la Chine en termes d’utilisateurs. 

Le premier pays réussissant à développer une CBDC fiable pourra espérer profiter du vide ambiant pour prendre une place centrale dans cet univers monétaire dématérialisé. Une réalité qui pourrait très clairement rebattre les cartes de jeu actuel. Car cela pourrait signifier une remise en question de la domination actuelle des États-Unis et du dollar USD sur l’argent. Et en redessiner le paysage pour les décennies à venir.

Un processus de Proof of Concept

Le but le la Banque du Japon est pour le moment de mettre en place une démonstration de faisabilité (PoC). Une première pour le Japon dans le domaine des CBDC. Cela même s’il s’est inscrit depuis février dans ce qui ressemble à une collaboration entre Banques centrales sur cette question. Un club du CBDC où se trouvent les Banques centrales de Grande-Bretagne, de la zone euro, du Canada, de la Suède, de la Suisse et du Japon. Un plan pour « partager leurs conclusions afin d’étudier l’opportunité d’émettre des devises numériques, au milieu d’un débat croissant sur l’avenir de l’argent. »

Une décision de la Banque du Japon qui ressemble à un véritable revirement sur le sujet. En effet, le 6 février dernier un membre du conseil d’administration de la BoJ affirmait lors d’une conférence de presse que cette question n’était pas du tout à l’ordre du jour au Japon.

« Au Japon, nous ne prévoyons pas actuellement d’émettre des monnaies numériques des Banques centrales. (…) Mais nous devons faire un effort pour être prêts à réagir, au cas où la demande publique de devises numériques des banques centrales augmenterait considérablement » – Takako Masai

Il semble que cette réaction ne se soit pas trop fait attendre sur le sujet.

Des obstacles majeurs

La Banque du Japon souhaite en particulier tester deux points qu’elle considère comme centraux dans le cadre de la possibilité de voir ce genre de monnaie se développer sur son territoire, ou ailleurs. Il s’agit en premier lieu de l’accès à ce type de service qu’elle souhaite universel. Mais seulement 65% des Japonais avaient un smartphone selon des chiffres de 2018. Une réalité qui touche bon nombre de pays et qui pourrait être à l’origine d’une fracture monétaire aux conséquences lourdes.

Ensuite il s’agit d’un autre point qu’elle nomme la résilience. Cela concerne la possibilité de continuer à avoir accès à ces services même en cas de panne de réseau électrique. En particulier dans le cas de tremblements de terre comme le pays a l’habitude d’en connaître.

Il semble que la Banque du Japon hésite actuellement pour savoir vers quelle solution technique se diriger. En effet, un système fortement centralisé reste tentant et offre une plus grande rapidité dans la gestion des transactions. Cependant, une décentralisation même très faible permet d’obtenir cette résilience, mais au prix d’une rapidité moindre et de la nécessité de plusieurs validateurs sur le réseau. Comme quoi, rien n’est encore fait.

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