Les crypto-ransomwares seront traités comme du terrorisme aux États-Unis

04 juin 2021 - 09:34

Temps de lecture : 4 minutes

Par Hugh B.

L’utilisation des cryptomonnaies et du Bitcoin dans le cadre d’activités criminelles n’est pas le meilleur moyen de les rendre populaires. Cela même si ce genre de rapprochement est très largement surévalué par ceux qui réalisent cet amalgame caricatural. Il n’en reste pas moins que ce sont les outils les plus pratiques et rapides pour exiger un paiement sécurisé et possiblement anonyme. Tout spécialement dans le cadre d’attaques numériques de type ransomware. Mais il ne sert à rien de condamner le messager quand c’est le destinataire qui est le coupable. Et depuis peu, le terroriste !

Les attaques de type ransomware (ou rançongiciel) semblent connaître un nouvel essor de grande envergure. Une procédure qui consiste à bloquer le contenu d’un disque dur à l’aide d’un logiciel malveillant. Cela afin d’exiger ensuite le paiement d’une rançon par son propriétaire s’il souhaite en revoir un jour le contenu. Ce qui concerne bien plus souvent les grandes entreprises que les particuliers. Principalement du fait d’un rapport risque-bénéfice bien plus élevé. Car ce sont des millions de dollars que ces dernières doivent débourser pour ne pas perdre leurs données sensibles.

Une activité qui entretient une relation assez malsaine avec les cryptomonnaies. Et plus particulièrement le Bitcoin et son sulfureux collègue qu’est le Monero (XMR). Le premier car il est le plus connu et le second parce qu’il est le plus anonyme. Une association bien plus opportuniste qu’autre chose. Et qui met surtout en évidence le caractère très efficace des cryptomonnaies dans le domaine du paiement. Car ce ne sont que les outils et en aucun cas les coupables de ce qui est en train d’être considéré au même niveau de sécurité que du terrorisme.

Les ransomwares terrorisent les États-Unis

Le problème est que les ennemis désignés des cryptomonnaies aiment beaucoup renforcer l’amalgame qui les associerait au terrorisme. Cela comme un moyen de paiement privilégié des islamistes et autres amateurs d’activités criminelles. Un sport national qui ne s’embarrasse jamais de donner les chiffres des résultats qu’il annonce. Cela même lorsqu’un ex-directeur de la CIA remet les pendules à l’heure sur le sujet. Et la récente annonce du Ministère américain de la Justice ne va rien arranger dans ce domaine de la mauvaise foi assumée.

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Il faut dire que les États-Unis ont récemment essuyé des attaques très sévères dans le domaine des ransomwares. Cela avec deux blocages consécutifs de grandes entreprises nationales. La première ayant entraîné un arrêt de l’approvisionnement en carburant pour une bonne partie du territoire début mai. Et le second dans le domaine des assurances avec l’une des plus grandes compagnies nationales (CNA Financial). Ce qui a entraîné le paiement d’une rançon estimée à environ 5 millions de dollars, soit 75 BTC pour la première attaque. Et de 40 millions de dollars pour la seconde, sans plus de détails !

Un bilan catastrophique qui s’élève à plus de 90 millions de dollars. Une somme encaissée uniquement par le groupe de hackers identifiés comme russe et du nom de DarkSide. Et une situation qui pousse les plus hauts responsables de l’administration américaine à réagir.

Les États-Unis ne négocient pas

Une situation de crise qui vient de pousser le ministère de la Justice américaine à aborder ces attaques de type ransomwares au même niveau que des actes terroristes. Et qui a fait l’objet d’une annonce officielle de Joe Biden sur le sujet. Ce dernier expliquant qu’il va en parler avec le président Poutine car « les États responsables n’hébergent pas de criminels ransomware. » Une position partagée par la représentante du Congrès Carolyn Maloney. Cette dernière dans un style plus proche de cette stratégie qui fait que les États-Unis ne négocient pas avec les terroristes.

« Je suis extrêmement préoccupée par le fait que la décision de payer des acteurs criminels internationaux crée un dangereux précédent qui mettra une cible encore plus grande sur le dos des infrastructures critiques à l’avenir. » – Carolyn Maloney

Car selon elle, le paiement de ces rançons ne va faire qu’exciter les appétits des hackers à la recherche de proies prêtes à payer rapidement. Et les blocages catastrophiques que cela représente font de cette question un enjeu politique national. Une position qui n’est pas nouvelle puisque l’année dernière, le département du Trésor américain avait déjà émis un avertissement ferme à l’égard des entreprises. Cela sous la forme d’une menace à peine voilée qui expliquait que le paiement de ces rançons les amenait à enfreindre les sanctions américaines. Celle-ci interdisant toutes transactions avec des structures qui figurent sur la liste noire du gouvernement.

Espérons que ce passage des ransomwares dans le domaine du terrorisme ne va pas nuire une nouvelle fois à l’univers des cryptomonnaies. Même s’il ne fait aucun doute que cela va permettre d’alimenter le discours de ceux qui souhaitent renforcer cet amalgame. Car encore une fois, ce n’est pas l’outil qui doit être condamné, mais bien le criminel qui en profite. Et cela même si l’idiot ne cesse de se concentrer sur ce Bitcoin que le doigt de certaines personnes influentes lui indique sans cesse…

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