L’univers des cryptomonnaies a du mal à séduire les investisseurs traditionnels

07 avril 2020 - 17:00

Temps de lecture : 3 minutes

Par Hugh B.

Les institutionnels sont très frileux avec l’univers des cryptomonnaies. Il semble que l’année 2019 n’ait pas permis de les rassurer dans le domaine, selon un rapport de la société d’audit PwC. Et leur entrée annoncée, régulièrement présentée comme le point de départ de l’explosion de l’univers crypro, reste pour le moment très théorique. 

La société PwC est un réseau international d’entreprises spécialisées dans des missions d’audit, d’expertise comptable et de conseil privilégiant des approches sectorielles à destination des entreprises. Elle a développé en juin 2019 une solution d’audit spécifique à destination des crypyomonnaies. L’entreprise souhaite se positionner comme un acteur incontournable de l’écosystème.

Une année 2019 décevante

Un nouveau rapport récemment publié met en avant le fait que les investisseurs institutionnels prennent de la distance avec le marché des cryptomonnaies. Les collectes de fonds et les transactions ont connues une baisse significative. Même la hausse du Bitcoin (BTC) à $13 000 en juin de l’année dernière n’a pas suffi à les motiver suffisamment pour impulser un mouvement d’engagement.

« La hausse du prix du Bitcoin au T2 et au T3 2019, et l’intérêt associé pour les cryptomonnaies ne se sont pas encore matérialisés par l’augmentation de nouveaux capitaux dans l’industrie. »

Il est sûr que les investisseurs traditionnels ne sont pas connus pour leur capacité à investir dans des projets risqués. Les cryptomonnaies n’offrent visiblement pas encore assez de sécurité en la matière. Et il semble que la période soit encore à l’observation bien plus qu’à l’investissement réel. Le coronavirus et la crise financière actuelle ne vont rien arranger pour 2020.

« L’industrie des cryptomonnaies n’est pas à l’abri des vents contraires mondiaux et le nombre et la valeur des collectes de fonds et des fusions et acquisitions pourraient en subir l’impact en 2020. » – Henri Arslanian, PwC

Chute des investissements

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Pour l’année 2019, le nombre et le montant des collectes de fonds et des fusions et acquisitions en relation aux entreprises de la cryptosphère ont fortement chutées. La valeur des fusions et acquisitions dans le secteur a diminué de plus de 75%, passant d’un total de 1,9 milliard de dollars en 2018 à seulement 451 millions de dollars en 2019. Pour ce qui concerne le montant des fonds levés en 2019, il est également en baisse de 40%.  Il enregistre un total de 2,24 milliards de dollars contre 3,72 milliards de dollars en 2018.

Institutionnels cryptomonnaies

L’arrivée des fonds institutionnels dans l’univers des cryptomonnaies est souvent envisagée comme le point de départ de son adoption massive. Une sorte de mouvement de bascule qui permettrait de le révéler au grand jour et de lui offrir une place dans la cour des grands. Une théorie réaliste qui reste néanmoins hypothétique et ne semble pas encore sur le point d’être vérifiée.

Une activité qui s’exporte

Selon le rapport de PwC, la collecte de fonds et les fusions et acquisitions non américaines ont représentés la majorité des transactions pour la première fois l’an dernier.

La région Asie-Pacifique représente à elle seule un tiers de cette activité. L’Europe, associée au Moyen-Orient et à L’Afrique, enregistre une part non négligeable de 22%. Il s’agit des deux zones géographiques ayant enregistré des augmentations dans le domaine pour l’année 2019.

Dans le même temps, les États-Unis accusent une baisse significative et perdent leur dominance dans le domaine. Ils passent en effet de 55% en 2019 à 48% en 2019.

Investisseurs vs indépendance

Le rapport de PwC indique que les entreprises de la cryptosphère sont en mesure de poursuivre des financements en interne, comme elles le font déjà depuis des années. Elles tirent en effet « l’essentiel de leurs financements de fonds de capital-risque traditionnels et cryptocentriques, de family offices et d’incubateurs. »

De plus, l’entrée des investisseurs traditionnels n’est pas forcément vue d’un bon oeil par bon nombre d’acteurs de l’univers des cryptomonnaies. Car cela s’accompagne d’une main mise des institutions bancaires sur une scène qui souhaite conserver son indépendance et sa décentralisation. Et c’est peut être là aussi un frein majeur à ce mariage programmé qui n’arrive jamais.

L’année 2020 s’annonce compliquée pour l’économie mondiale. Une réalité dans laquelle la cryptosphère se retrouve impliquée. Un test grandeur nature de sa force et de sa capacité à résister en temps de crise. Et ce qui pourrait être perçu comme un problème majeur pourrait en fait se révéler être le signe du changement. Car si l’univers crypto, Bitcoin en tête, réussit à passer l’examen de la crise financière, il en ressortira bien plus fort et fiable aux yeux des investisseurs, même pour les plus frileux d’entre eux.

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