B2B – Un désintérêt généralisé pour les paiements en cryptomonnaies

13 novembre 2021 - 09:00

Temps de lecture : 3 minutes

Par Hugh B.

Il est intéressant de voir à quel point l’économie actuelle est en pleine phase de transition. Cela face à un secteur des cryptomonnaies qu’il est devenu impossible d’ignorer, ou de ranger trop vite dans la case des options inutiles. Car leurs fonctionnalités innovantes et leur caractère apatride en font les outils de prédilection pour tout ce qui touche aux paiements. Et, que cela n’en déplaise aux régulateurs, une alternative fonctionnelle et peu coûteuse dans le cadre de passages de frontières qui n’existent que pour les monnaies traditionnelles. Pourtant, la majorité des opérations professionnelles de type B2B refusent encore d’en faire usage.

Alors que le caractère résolument innovant des cryptomonnaies s’impose, leur adoption se heurte à de nombreuses réticences. Des a priori la plupart du temps alimentés par une méconnaissance des fonctionnalités et opportunités qu’elles permettent d’obtenir. Mais également et très régulièrement entretenus par des gouvernements et instances de régulations qui les dépeignent comme dangereuses et criminelles. Avec à la clé des utilisateurs potentiels qui cherchent des solutions ailleurs et/ou moins efficaces, en ignorant volontairement de les considérer comme une option possible.

Une situation qui vient d’être mise en avant dans le cadre d’une étude menée sur le territoire des États-Unis. Et cela plus particulièrement dans le domaine des paiements inter-entreprises de type business to business (B2B). Enquête réalisée l’été dernier par les deux structures conjointes Invoiced et PaymentsNEXT, dont les résultats viennent d’être rendus publics. Avec comme objectif affiché d’effectuer un état des lieux des moyens de paiement acceptés dans le cadre de ce type d’opérations. Et les chiffres ne sont définitivement pas bons pour les cryptomonnaies.

Les paiements B2B boudent les cryptomonnaies

Le secteur des paiements B2B pourrait donner l’impression d’être à la pointe en matière de transfert de fonds internationaux, rapides et peu coûteux. Cela afin de pouvoir réaliser ce type d’opérations de façon quasiment instantanée et sans souffrir d’effets de glissement (slippage) trop importants. Une liste d’options qui ne manque pas de faire penser aux cryptomonnaies, avec en tête de liste les nombreux et très surveillés stablecoins qui en peuplent les terres numériques. Et qui répondent sans conteste aux exigences actuelles relevées par cette enquête, qui sont : vitesse et simplicité. Pourtant, ces dernières sont encore très largement et volontairement évitées lors de paiements effectuées entre deux entreprises.

Un désamour qui n’est pas juste symbolique. Car l’enquête dévoilée en cette fin de semaine montre que seuls 2% des paiements de ce type sont réalisés à l’aide de cryptomonnaies. Avec face à cela une part de 59% des professionnels interrogés qui affirment ne pas vouloir y toucher même avec un bâton. C’est-à-dire sans projets dans le domaine et sans aucune ouverture possible sur la question. Soit une écrasante majorité de réfractaires opposés à 39% de plus ou moins indécis, oscillants entre explorateurs incertains et opportunistes attendant juste le bon moment.

Les avantages des cryptos, sans toucher aux cryptos

Pourtant, cette même étude met également en avant que 62 % des entreprises affichent « un vif intérêt » ou adoptent déjà les paiements transfrontaliers. Mais que dans le même temps, 77% des 269 professionnels interrogés en ligne affirment préférer la bonne vieille méthode du chèque. Une incompatibilité systémique qui ne semble pas les déranger, puisque plus la méthode est numérisée moins elle retient leur attention. Mais cela tout en faisant apparaître un « besoin urgent pour les leaders des paiements B2B de répondre aux nouvelles attentes des clients professionnels. » Est-ce qu’il faut leur dire pour les cryptomonnaies ?

« Nos recherches suggèrent que les entreprises B2B sont largement au courant et à l’écoute des dernières et meilleures technologies et innovations en matière de paiement. Mais (…) elles hésitent clairement à se laisser attirer par le seul battage médiatique. Car les nouvelles formes de paiement doivent aussi avoir un sens commercial pratique pour les deux côtés de la transaction. » – Adam Weinroth, directeur marketing de Invoiced

Le principal obstacle avancé vis-à-vis d’une plus grande utilisation des cryptomonnaies reste leur aspect présenté comme peu pratique. Un caractère visiblement rédhibitoire pour 30% des professionnels interrogés. Et un constat qui peut se comprendre. En particulier si l’on considère des détails du genre : je me trompe de réseau et je perds l’intégralité de mes fonds sans aucun recours possible. Même si des sécurités existent depuis peu sur certaines plateformes, afin d’avertir les utilisateurs s’ils sélectionnent une blockchain qui ne correspond pas à l’adresse indiquée.

Mais le bilan de cette étude n’est pas uniquement négatif. Car dans le même temps, 26% des professionnels interrogés ont également indiqué qu’ils avaient besoin des paiements en cryptomonnaies pour « maintenir l’évolution de leur entreprise ». Ce qui indique bien que la frontière devient de plus en plus mince entre méfiance et adoption.

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