Cryptomonnaies: Christine Lagarde souhaite « combattre le feu par le feu »

14 mars 2018 - 13:59

Temps de lecture : 3 minutes

Par Victor

L’ex ministre de l’Économie française et actuelle chef du Fonds Monétaire International (FMI) avait à plusieurs reprises évoqué les devises cryptographiques, appelant notamment les banques à ne pas les rejeter.

La directrice du FMI s’est longuement exprimée sur la technologie des registres distribués et des cryptomonnaies dans un billet publié sur le blogue de l’institution. L’occasion pour elle d’apporter son point de vue au débat faisant rage sur les régulations à apporter.

« Une avancée passionnante »

Refusant de parler de « cryptomonnaies », terme auquel elle préfère celui de « crypto-actifs », Christine Lagarde n’a pas manqué d’éloges envers les technologies sous-jacentes à ces derniers.

 « La technologie derrière ces actifs, y compris blockchain, constitue une avancée passionnante qui pourrait aider à révolutionner d’autres domaines que la finance. Elle pourrait, par exemple, renforcer l’inclusion financière en fournissant de nouvelles méthodes de paiement à faible coût […] et, dans le même temps, donner de nouveaux moyens d’action à des millions de gens »

Néanmoins, elle juge nécessaire de prendre du recul et de comprendre les dangers qui accompagnent une utilisation globalisée de la technologie, citant pêle-mêle le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

 « Un nouveau véhicule pour le blanchiment d’argent»

Le premier problème entourant les cryptomonnaies-actifs viendrait en réalité de leur conception même. Le fait qu’elles soient « généralement construites de manière décentralisée et sans avoir besoin du soutien d’une banque centrale », en ferait un véhicule anonyme, qui permettrait de blanchir de l’argent voir même de financer des groupes terroristes.

Pour justifier ses propos, Mme Lagarde a évoqué le défunt site caché AlphaBay qui permettait alors d’acheter des stupéfiants avec des bitcoins:

« Pendant plus de deux ans, AlphaBay a vendu des drogues illicites, des outils de piratage, des armes à feu et des produits chimiques toxiques dans le monde entier. Avant la mise hors ligne du site, plus d’un milliard de dollars avaient été échangés grâce à des crypto-actifs. »

En dehors de la délinquance, l’autre danger viendrait de la stabilité financière. Extrêmement volatiles et ayant des « liens flous » avec l’économie traditionnelle,  ces actifs pourraient « facilement créer de nouvelles vulnérabilités ». Une raison suffisante selon Christine Lagarde pour justifier l’élaboration de cadres réglementaires.

« Combattre le feu par le feu »

« Les mêmes innovations qui alimentent les crypto-actifs pourraient nous aider à les réguler » a-t-elle écrit.

La technologie des registres distribués, assure l’ancienne ministre, « peut être utilisée pour accélérer le partage d’informations entre les acteurs du marché et les régulateurs.».

« Ceux qui ont un intérêt commun à maintenir des transactions en ligne sûres doivent pouvoir communiquer de façon transparente. La technologie qui permet des transactions globales instantanées pourrait également être utilisée pour créer des registres d’informations client standards vérifiées avec des signatures numériques. Une meilleure utilisation des données par les gouvernements peut également aider à libérer des ressources pour les besoins prioritaires et à réduire l’évasion fiscale, y compris l’évasion liée aux transactions transfrontalières. »

Dans son billet, Mme Lagarde a ajouté que la cryptographie, en addition à l’IA et à la biométrie, pourrait être utilisée pour « éliminer la « pollution » de l’écosystème des crypto-actifs ».

Toujours selon la directrice, ces technologies «peuvent améliorer la sécurité numérique et permettre d’identifier les transactions suspectes en temps quasi réel. Cela aiderait les forces de l’ordre à agir rapidement pour stopper les transactions illégales.»

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