L’OCDE pointe les dommages de l’interdiction des cryptos sur l’économie du Nigéria

17 mai 2022 - 10:58

Temps de lecture : 2 minutes

Interdire Bitcoin qui, rappelons-le, est impossible à prohiber du fait de sa nature décentralisée et donc incensurable, n’est a priori pas une bonne idée. Le Nigéria semble en avoir fait les frais selon un rapport de l’Organisation de Coopération et de Développement économique (OCDE) qui observe qu’un an après le couperet de sa Banque centrale, les dommages sur l’économie du pays sont manifestes.

Interdire Bitcoin et c’est l’économie qui trinque

Dans un rapport publié conjointement avec l’ONU et la Banque mondiale, l’OCDE observe que l’interdiction des cryptos émise par la Banque centrale du Nigéria (CBN) en février 2021, a provoqué des conséquences négatives sur l’économie du pays.

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La banque centrale du Nigéria ordonne l'interdiction des cryptomonnaies

Hugh B. - 06 Fév 2021 - 15:00

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Selon le média africain spécialisé ChainGlob, le document intitulé « Dynamique de l’urbanisation en Afrique 2022 – Le pouvoir économique des villes africaines » pointe au moins deux dérives à l’initiative hasardeuse de la CBN.

Rappelons qu’en février 2021, celle-ci avait adressé une circulaire à l’intention des banques et institutions financières du pays pour exiger que tous les comptes de leurs clients entretenant une relation avec l’univers des cryptomonnaies soient clôturés sans délai. Un refus de leur part entraînant la mise en œuvre de sanctions. Un excès d’autoritarisme pris au nom des sempiternelles luttes contre le blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.

Cette mesure aurait, selon le rapport de l’OCDE, mis un frein aux investissements étrangers dans les fintechs locales qui représentent un secteur pourvoyeur d’emplois et d’opportunités économiques important pour une population jeune et férue de technologie.

Les restrictions sur les transactions en cryptomonnaies et la suspension de Twitter au Nigeria ont aussi eu un impact négatif sur des millions de jeunes Nigérians qui gagnent leur vie grâce à ce secteur.

Rapport de l’OCDE cité in ChainGlob

Autre aspect contre-productif : les pertes fiscales engendrées par une interdiction facile à contourner. En effet, le Nigéria est l’un des premiers marchés de paiements en Bitcoin de type P2P. De fait, les utilisateurs de cryptomonnaies savent très bien user de moyens d’accès non contrôlés par l’Etat.

Beaucoup ont trouvé un moyen de contourner légalement ces restrictions et de poursuivre leur activité. Ils privent ainsi le Nigeria des taxes et des frais de transaction.

Rapport de l’OCDE cité in ChainGlob

Le Nigéria prêt à assouplir son positionnement anti-crypto ?

D’ailleurs, une étude d’avril dernier de l’exchange Kucoin, dans ce même article, confirme l’essor inarrêtable des cryptos, bannies ou pas. Ainsi, au cours des six derniers mois, le nombre de nigérians ayant échangé des actifs numériques s’élèverait à plus de 33 millions (population totale estimée à plus de 206 millions d’habitants).

Le lancement officiel de la monnaie numérique d’Etat en octobre dernier, le eNaira, n’a rien changé alors que vraisemblablement, il était à l’origine de la sévérité envers les cryptos de type Bitcoin. Mais une frange croissante de la population nigériane ne semble pas dupe de la version 2.0 d’une monnaie nationale à la faiblesse notoire et continue d’investir dans les cryptos pour se protéger.

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Le Nigeria lance aujourd'hui sa monnaie numérique, le eNaira

Nathalie E. - 25 Oct 2021 - 15:17

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Face à ce constat, les autorités monétaires et financières du Nigéria semblent vouloir rétropédaler. Des mesures d’assouplissement aux restrictions imposées seraient dans les cartons. Du moins, si on en croit les dernières volontés de la Securities and Exchange Commission (SEC) locale. Effectivement, elle chercherait à trouver un terrain de conciliation entre une interdiction pure et simple des actifs cryptographiques et leur utilisation non réglementée.

Autre signal d’une ouverture possible : la participation de la Banque centrale du Nigeria au sommet du Salvador qui réunit une cinquantaine de pays, et où les discussions portent notamment sur le Bitcoin, le Lightning Network et leur apport à l’économie.

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