Les développeurs d’Uniswap visés par une enquête de la SEC

04 septembre 2021 - 12:57

Temps de lecture : 3 minutes

Le gendarme boursier américain enquêterait sur Uniswap Labs, la startup qui a lancé la plateforme d’échange décentralisé (DEX) Uniswap (UNI), première de son secteur en volume de transactions. Une nouvelle qui intervient au moment où les régulateurs américains s’accordent à vouloir réglementer aussi l’industrie de la finance décentralisée (DeFi).

Une première : la SEC s’intéresse de près au fonctionnement d’une plateforme décentralisée

L’enquête de la Securities and Exchange Commission (SEC) sur Uniswap Labs n’en serait qu’aux préliminaires selon le Wall Sreet Journal. Plus précisément, les enquêteurs chercheraient à recueillir des informations sur les utilisateurs de la plateforme décentralisée et la façon dont ils interagissent avec elle.

Le but, définir si l’offre proposée par Uniswap relève de la compétence de la SEC. Si la réponse est positive, les actifs servant à la négociation des prêts et emprunts seraient considérés comme des titres. Dans cette optique, ils devraient être dûment enregistrés comme tels auprès d’elle.

Cette initiative est une première du genre et fait suite notamment aux paroles du patron de la SEC, Gary Gensler, qui voit de la centralisation partout. Pour lui, en l’absence d’unité centrale, il s’agit de s’intéresser de près aux développeurs, artisans des protocoles décentralisés, pour évaluer le degré d’indépendance de la structure. De son point de vue, ils bénéficient, ainsi que les promoteurs des projets, de gains générés par les frais de négociation tout comme de jetons numériques qui leur accordent des droits de gouvernance.

Il y a toujours un noyau de personnes qui non seulement écrivent le logiciel, mais participent bien souvent à la gouvernance et aux frais. (…) Il existe des systèmes d’incitation pour ces promoteurs et sponsors au milieu de tout cela. »

Gary Gensler lors d’un entretien au Wall Street Journal, août 2021

Un avis tranché qui s’oppose frontalement aux affirmations des développeurs qui considèrent qu’une fois les protocoles lancés, leur contrôle appartient désormais à la communauté. Une caractéristique majeure qui les dispense, de leur point de vue, d’une quelconque responsabilité en matière de lois et de réglementation. Autre argument en ce sens : les utilisateurs ne sont pas contraints de choisir l’application officielle fournie par leurs soins.

La DeFi sous surveillance

Mais, face à un marché en pleine croissance qui vient marcher sur les plate-bandes de la finance classique, les instances de régulation sont sur des charbons ardents. Une plateforme comme Uniswap qui a négocié plus de 10 milliards de dollars de jetons échangés au cours des sept derniers jours, selon les statistiques de Dune Analytics, se trouve bien sûr aux premières loges pour subir l’oeil inquisiteur du chien de garde.

Et le patron de la SEC continue de faire valoir que même en l’absence d’une organisation centrale, les projets DeFi qui offrent des incitations ou des jetons numériques aux participants pourraient relever de la réglementation de son agence.

La plateforme a été vivement critiquée fin juillet pour avoir supprimé 100 jetons de l’interface utilisateur principale. La raison invoquée à l’époque étaient que certains d’entre eux pourraient être considérés comme des titres non enregistrés par les régulateurs américains. De fait, elle a surtout témoigné d’une décentralisation toute relative, ce qui vient corroborer la méfiance du régulateur. Face aux investigations en cours, Uniswap Labs a d’ailleurs exprimé le souhait de collaborer en toute transparence.

Nous nous engageons à respecter les lois et réglementations régissant notre industrie et à fournir des informations aux régulateurs qui les aideront dans toute enquête. »

déclaration d’un porte-parole d’Uniswap Labs

Pour le moment, l’enquête n’en est qu’à ses débuts et pourrait ne « produire aucune allégation formelle d’acte répréhensible ». Reste que la DeFi pourrait connaître des contrôles accrus. Les régulateurs ne pourront pas l’interdire mais l’entraver oui, assurément. Encore faut-il qu’ils en aient les moyens. S’ils ont visé Uniswap, c’est que la plateforme est soutenue par une société identifiée. Pour d’autres comme Sushiswap par exemple qui n’est pas adossée à une structure connue, la traque sera plus compliquée…

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