Donnez votre avis sur un euro numérique
02 novembre 2020 - 01:08
Temps de lecture : 3 minutes
Par Nathalie E.
La Banque centrale européenne (BCE) a lancé depuis le 12 octobre une vaste consultation publique sur un projet d’euro numérique. Les citoyens sont appelés à se prononcer, à partir d’un questionnaire disponible en ligne, sur leurs attentes en matière de futur monétaire. La présidente de la BCE Christine Lagarde a décidé de visibiliser l’initiative par une série de tweets publiés ce dimanche.
Une sollicitation sur twitter
Dans la course aux monnaies numériques d’Etat où de petites nations émergentes tiennent la corde aux côtés d’un géant chinois qui n’en finit pas de tester un yuan 2.0 déjà bien au point, l’Union européenne a décidé d’accélérer l’irrésistible mouvement en faveur d’un euro numérique. La présidente de la Banque centrale européenne elle-même a twitté pour encourager les citoyens à donner leur avis sur une nouvelle version de la monnaie souveraine de l’Europe.
Alors que les Européens se tournent de plus en plus vers le numérique dans la manière dont ils dépensent, économisent et investissent, nous devons être prêts à émettre un euro numérique, si nécessaire. Je souhaite également connaître votre point de vue à ce sujet. »
Car en effet, mettre en oeuvre une CBDC (Central Bank Digital Currency) dite de « détail », c’est à dire une monnaie numérique à usage grand public, est une entreprise délicate et complexe qui nécessite l’adhésion du plus grand nombre pour réussir. Ainsi, s’il y a des experts qui phosphorent depuis de long mois sur la nécessaire modernisation d’infrastructures de paiement vieillissante, sa réalisation effective ne pourra se faire sans le consentement plus ou moins éclairé de ceux, celles à qui elle s’adresse.
Consultation citoyenne sur un euro numérique
Ce n’est pas pour rien que la Banque de France qui s’intéresse de près elle aussi au sujet, a choisi d’abord de mener des expérimentations sur une CBDC dite « de gros », autrement dit les paiements interbancaires entre institutionnels. Un objectif de son propre aveu plus facile à mettre en oeuvre, même si son intention est bien d’apporter sa contribution à l’édifice d’une infrastructure européenne de paiement.
Pour répondre aux objectifs, une consultation citoyenne a donc été lancée dans les 19 Etats membres de la zone euro. Elle sera accessible jusqu’au 12 janvier sur le site de la BCE.
Vous êtes ainsi expressément invités à donner votre avis sur les avantages et les inconvénients d’un euro numérisé, en répondant à une série de questions tentant de balayer largement les problématiques engendrées par cette nouvelle incarnation monétaire. Si vous ne témoignez que d’un intérêt modéré pour le sujet, le questionnaire vaut quand même le détour dans la mesure où il permet de réfléchir, un peu, à la notion d’argent, à sa nature et à son fonctionnement. Une opportunité qui, convenons-en, n’est pas si courante dans un pays comme la France qui ne brille pas particulièrement par sa culture financière.
Volet grand public, volet professionnel
En effet, cherchant à connaître le point de vue des utilisateurs, le questionnaire débute par un certain nombre de fonctionnalités attribuées au futur euro et que vous devez classer en fonction de vos préférences : facilité d’utilisation, confidentialité des paiements… Vous pouvez également commenter vos choix. Vous avez ensuite à choisir entre deux modèles d’euro numérique. Le premier qui s’apparenterait à du cash électronique. A savoir, un euro numérique qui ressemblerait à un paiement en espèces sans intermédiaire, réunissant les vertus de protection de la vie privée et de facilité d’usage ne nécessitant pas de connexion internet. Et un second modèle précisément à l’opposé. Celui-ci reposerait sur un système avec des intermédiaires (non définis entre banque centrale et banques commerciales) qui enregistreraient les transactions. Avantage supposé : pouvoir proposer une diversité de services financiers.
Après ce volet grand public, le document s’adresse aux professionnels des secteurs de la finance et de la technologie avec des questions plus ciblées sur la réglementation, le fonctionnement et les solutions techniques.
Même si la présidente de la BCE continue de faire preuve de prudence : « «Nous sommes toujours au stade de l’examen et de la considération», nul besoin d’être grand clerc pour prévoir que l’euro numérique fera bientôt partie intégrante du paysage. En effet, à l’issue de la consultation, des expérimentations commenceront. Elles devront s’achever à la mi-2021. Si, par la suite, la BCE donne son feu vert, il faudra encore compter « entre 18 mois et jusqu’à 3 ou 4 années » pour que le projet se réalise. On peut donc penser qu’à l’horizon 2025, la monnaie européenne sous forme numérique coexistera avec sa version fiduciaire. Il semble de fait opportun de partager son avis sur un sujet qui impactera très vite notre quotidien.
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