Ethereum 2.0 – Pas avant fin 2022 et avec un réseau en partie centralisé

11 décembre 2021 - 09:00

Temps de lecture : 4 minutes

Par Hugh B.

L’évolution difficile du réseau Ethereum vers sa version 2.0 est une véritable épine dans le pied de l’écosystème des cryptomonnaies. En premier lieu, car sa feuille de route ne cesse de s’allonger au fur et à mesure des étapes franchies. Mais également, car il est maintenant évident que rien ne va s’améliorer pour permettre à un bull market en pleine hésitation de se dérouler dans les meilleures conditions possibles. Une facture en frais de transaction présentée par certains comme nécessaire, afin d’accompagner cette transition historique sans autre équivalent dans le domaine. Mais après un calendrier à rallonge, voici venu le temps d’une décentralisation revue à la baisse.

Difficile de vendre les avantages de la blockchain Ethereum à de nouveaux venus dans le secteur des cryptomonnaies. Car elle ne représente que lenteur et frais de transaction exorbitants – même en cas de rejet – depuis le démarrage du bull market actuel. Au point de la classer dans les réseaux uniquement accessibles aux investisseurs en mesure d’absorber les centaines d’euros que représente chaque opération. Et cela face à une horde d’Ethereum killers en train de faire la queue pour grappiller quelques pourcentages de sa position encore largement dominante.

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Et pendant que les maximalistes du Bitcoin observent tout cela avec un air amusé, les nombreuses étapes vers Ethereum 2.0 se succèdent avec plus ou moins de succès. L’une des plus importantes du nom de London censée permettre une baisse des frais de transaction. Mais dont le résultat s’est résumé à rendre sa cryptomonnaie ETH déflationniste pour la toute première fois de son histoire. Une bonne nouvelle, plus théorique que pratique. Mais une vaste blague si l’on se place du point de vue de ses utilisateurs actifs, de moins en moins nombreux. Et les dernières déclarations de son fondateur Vitalik Buterin ne vont rien arranger à la situation actuelle.

Un Ethereum 2.0 pas avant la fin 2022

Ce n’est pas la première fois que Vitalik Buterin souligne la complexité de la mutation programmée de la blockchain Ethereum pour sa version Proof of Stake (PoS). Un constat déjà fait en août de l’année dernière, avec un développement présenté comme beaucoup plus difficile que prévu. Cela à une période où le principal problème de son réseau était la gestion d’une DeFi en pleine explosion. Car il faut bien reconnaître les faits : Ethereum est la victime directe de son succès incroyable. Et malgré les nombreuses embuches rencontrées, ce projet reste très largement en tête du secteur de la finance décentralisée avec plus de 65% de sa TVL cumulée. Et une seconde place encore incontestée pour la marketcap pour sa cryptomonnaie ETH, avec 488 milliards de dollars.

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Une position dont la stabilité repose en grande partie sur la confiance que le secteur des cryptomonnaies porte à ce projet historique. Mais dont la motivation s’étiole au rythme des annonces de rallonge apportées à sa date de livraison qui s’éloigne à chaque fois qu’elle se rapproche. Un fait confirmé une nouvelle fois par la récente publication de Vitalik Buterin sur le sujet, intitulée Endgame. Avec à la clé une nouvelle deadline récemment repoussée – dans le meilleur des cas – à la fin de l’année prochaine (2022).

« Il faudra probablement des années pour que tout cela se déroule. Le partitionnement et l’échantillonnage de la disponibilité des données sont des technologies complexes à mettre en œuvre. Il faudra des années d’affinement et d’audits pour que les utilisateurs soient parfaitement à l’aise pour stocker leurs actifs dans un cumul ZK exécutant un EVM complet. » – Vitalik Buterin

Un réseau Ethereum centralisé, mais décentralisé

Mais l’information principale est ailleurs. Car dans ce document, Vitalik Buterin présente également la nécessité d’une certaine centralisation à apporter à ce réseau Ethereum 2.0, afin d’en garantir la sécurité. Tout cela selon « ses critères » présentés comme nécessaires pour permettre son bon fonctionnement. Et, dans les grandes lignes, une gestion des blocs de sa blockchain séparée en deux étapes distinctes. Avec d’un côté des producteurs de blocs centralisés et de l’autre une validation présentée comme « hautement décentralisée. » Tout cela abordé dans le style très direct de Vitalik Buterin qui peut parfois faire peur. En particulier lorsqu’il résume ses propos à un : c’est moche, mais plus fiable.

« Nous obtenons une chaîne où la production de blocs est toujours centralisée, mais la validation des blocs est sans confiance et hautement décentralisée. Et la magie anti-censure spécialisée empêche les producteurs de blocs de censurer. C’est un peu moche sur le plan esthétique, mais cela fournit les garanties de base que nous recherchons. » – Vitalik Buterin

Ce document présente également d’autres propositions importantes. Comme le fait de mettre en place un second niveau de jalonnement (staking) d’ETH pour les validateurs. Ce dernier avec « de faibles besoins en ressources, pour effectuer la validation de blocs distribués. » Ou encore une « preuve de fraude » permettant aux utilisateurs de vérifier eux-mêmes – et à moindres frais – la validité d’un bloc et même sa disponibilité. Et enfin, l’ajout de « canaux de transactions secondaires » très similaires aux actuels réseaux de seconde couche (layer 2). Une solution de désengorgement dont le plus populaire reste pour le moment Arbitrum.

Difficile de mesurer avec exactitude les conséquences de ces propositions encore théoriques. Mais il serait dommage de voir la blockchain Ethereum se lancer dans cette course à la rapidité obtenue au détriment de la décentralisation. Car au regard de ses dysfonctionnements actuels, cela reste l’une des seules véritables valeurs ajoutées de ce projet.

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