Iran : une cryptomonnaie commune contre les sanctions américaines

20 décembre 2019 - 16:16

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Au cours d’un sommet à Kuala Lumpur rassemblant dirigeants et délégués de pays musulmans, le président iranien Hassan Rohani a appelé à coopérer pour lutter contre les sanctions économiques américaines. La solution qu’il préconise est de créer une cryptomonnaie commune. Mais l’unanimité ne semble pas d’actualité.

Renforcer la coopération financière et commerciale des pays musulmans

L’idée d’une cryptomonnaie d’Etat n’est pas nouvelle pour la république islamique d’Iran. En février 2018, elle avait même déclaré être prête à lancer une expérimentation à usage interne. En butte à des sanctions économiques sévères depuis le retrait de Trump de l’accord international sur le nucléaire, elle cherche en effet une solution pour endiguer la grave récession qu’elle connaît, dominée par une hyperinflation galopante (le rial est devenu le toman avec 4 zéros en moins) et la révolte d’une population aux abois. Le crypto-rial n’a cependant jamais vu le jour, notamment en raison de difficultés techniques, insurmontables sans les compétences nécessaires. Aussi, observant le principe élémentaire selon lequel on est plus fort à plusieurs, Hassan Rohani  a exhorté ses partenaires d’un jour à agir et à s’unir pour réduire leur dépendance au dollar américain.

«le régime économique américain et la dollarisation des économies nationales et internationales ont permis aux Etats-Unis de faire progresser leur hégémonie grâce à la menace de sanctions et au terrorisme économique»

Profitant d’un consensus autour de l’ennemi désigné, Rohani a proposé aux banques centrales des pays musulmans de lancer une cryptomonnaie unifiée. L’outil serait idéal selon lui, pour promouvoir leur coopération, du secteur bancaire jusqu’au tourisme.

L’idée d’une cryptomonnaie commune reçue sans enthousiasme

On ne sait si l’appel a été entendu par les 49 nations présentes.  Pour le moment, la proposition n’a pas semblé soulever l’enthousiasme de la foule. Ce qui est certain en revanche, c’est que cela se fera sans les deux mastodontes du monde musulman. Le Pakistan a posé un lapin au dernier moment et l’Indonésie s’est fait porter pâle. Quant à l’Arabie saoudite, alliée des Etats-Unis dans cette partie du monde, elle s’est bien sûr abstenue considérant illégitime cette réunion du 19 décembre. Erdogan présent a lui joué sur les deux tableaux. Critiquant l’indigence technologique des pays musulmans qu’il encourage à soutenir financièrement le développement des nouvelles technologies tout en appelant à s’inspirer du modèle des BRICS pour élaborer une cryptomonnaie commune.

Le seul pour le moment a avoir clairement approuvé la proposition est le premier ministre du pays hôte, la Malaisie. Du haut de ses 94 printemps, Mahathir Mohamad s’est réjoui que l’Iran et la Turquie envisagent l’opportunité de créer ensemble une alternative au dollar américain. On ignore son degré de connaissance concernant les cryptomonnaies, centralisées ou pas, mais c’est un indice quant à leur intégration dans le monde musulman.En effet, si pendant longtemps le Bitcoin et plus généralement les cryptomonnaies ont donné lieu à de âpres débats au sein de la théologie coranique, il semblerait qu’aujourd’hui, elles (hormis celles qui préservent l’anonymat) soient devenues halal. Du moins, dans certaines contrées où elles bénéficient d’un certificat de bonne conduite leur ouvrant en grand les portes de la finance islamique qui connaît un essor sans précédent.

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