Le marché de l’Art contemporain affiche des records de vente historiques stimulés par les NFTs

05 octobre 2021 - 18:07

Temps de lecture : 3 minutes

La saison 2020-2021 s’annonce comme une année d’exception pour le marché de l’Art contemporain. Après la baisse liée à la crise sanitaire, il affiche des performances sans précédent, boostées notamment par le succès des NFTs et ses ventes hors-normes. Sur un marché évalué à 2,7 milliards de dollars, les jetons non fongibles ont représenté 127 millions de dollars sur les 4 premiers mois de 2021. Un phénomène inédit sur lequel s’attarde longuement le dernier panorama d’Artprice.

L’Art contemporain, le segment le plus dynamique du marché de l’Art grâce notamment aux NFTs

Artprice comme chaque année a rendu son rapport annuel sur l’état du marché de l’Art contemporain. Le fait notable est qu’il a enregistré un taux historique de ventes au cours de l’année écoulée. Mais plus remarquable encore, c’est l’entrée « fracassante des NFTs » qui a contribué, selon l’édito de Thierry Ehrmann, président et fondateur du media, à « transformer en profondeur le paysage du Marché de l’Art ».

Une entrée fracassante, sinon « déroutante » selon les mots de l’éditorialiste, avec une nouvelle signature apparue sur le podium des meilleures adjudications mondiales. Beeple, artiste pour certains, simple faiseur de projets numériques pour d’autres, se plaçant juste derrière Basquiat pour son NFT « Everydays : The First 5 000 days », vendu pour 69,3 millions de dollars (prix de départ de 100 $) sous le marteau de la Maison Christie’s.

Le choc a été considérable : un fichier numérique au format JPEG mis aux enchères accomplit l’exploit de figurer au troisième rang de l’oeuvre la plus chère d’un artiste vivant, après David Hockney et Jeff Koons. Exploit d’autant plus considérable que Beeple était jusque là un illustre inconnu, sans galerie et sans exposition, ne disposant « seulement que de plusieurs millions de followers sur Instagram. » Le fait est, c’est qu’en deux lots, il a représenté à lui-seul 3% du Marché de l’Art Contemporain sur cette période.

Poids du Top 5 artistes dans le produit des ventes d'Art Contemporain (2020/21)
Source: ArtPrice

« Epiphanie technologique »

La vente s’est conclue en mars 2021 et a marqué l’essor des NFTs. Les maisons d’Art les plus prestigieuses se sont précipitées pour les intégrer à leurs catalogues afin de profiter des liquidités d’une communauté de nouveaux acheteurs aux portefeuilles crypto bien garnis. Le rapport n’hésite pas à évoquer une forme d’obsession pour ces jetons non fongibles devenus « hautement collectionnables ». De fait, les chiffres là aussi sont parlants puisqu’ils représentent désormais un tiers de la valeur des ventes en ligne, soit 2% du Marché de l’Art global en 2021.

Il faut dire que soucieuses de se placer au coeur de l’innovation, les maisons de vente ont rivalisé d’imagination. L’une (Phillips) proposant un premier NFT « multigénérationnel « capable de générer automatiquement de nouvelles œuvres, l’autre (Sotheby’s) présentant un NFT « intelligent » capable d’interagir avec son propriétaire et Christie’s lançant les premières oeuvres tokenisées d’un artiste célèbre, Warhol en l’occurence.

Distinction entre objet proprement numérique et conversion d’une oeuvre emblématique

A ce sujet, si toute oeuvre peut être convertie en NFT, ce qu’ont commencé à faire aussi des musées comme l’Ermitage ou le British Museum espérant y trouver de nouvelles sources de financement, un constat saisissant saute aux yeux. Ce ne sont pas les NFTs d’oeuvres emblématiques de l’Histoire de l’Art qui sont les plus cotés. S’ils détrônent la rentabilité de tout autre produit dérivé, ils arborent des prix bien modestes au regard d’objets proprement numériques tels les CryptoPunks. Selon l’étude d’Artprice, la raison tiendrait au fait qu’il sont plus en phase avec l’esthétique et les enjeux contemporains de l’ère 2.0.

Quoi qu’il en soit, les NFTs restent le phénomène marquant de l’année. En quatre mois, ils ont généré 127,6 millions de dollars en 100 lots, soit, selon l’exemple choisi par le media, un produit des ventes deux fois plus élevé que celui de la photographie contemporaine, qui se vend très bien en ligne, avec 6 500 clichés.

Distribution du produit des ventes d'Art Contemporain par catégorie (2020/21)
Source : Artprice

Autre donnée imparable relevée par Artprice : le taux d’invendus des NFTs est le plus bas du marché. Il est de seulement 6% quand celui des autres catégories (peinture, sculpture, dessin, photo, estampe…) s’élèvent à 30% en moyenne.

Reste à savoir si dans un monde de l’Art qui peut se détourner aussi vite qu’il s’entiche, les NFTs survivront au-delà du battage médiatique et d’un marché crypto en phase ascendante. Certains font le pari que non, d’autres parlent du sens de l’Histoire. On peut penser qu’une fois la hype apaisée, les NFTs trouveront leur place de façon moins flamboyante, au même titre que d’autres manifestations d’un art inscrit dans son époque, contemporain dit-on.

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