La Banque centrale européenne veut sa marque déposée « euro numérique »

02 octobre 2020 - 00:12

Temps de lecture : 2 minutes

Les avocats de la Banque centrale européenne (BCE) ont déposé une demande de marque «euro numérique» à l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle.

Une demande attendue

Selon Bloomberg, la demande a été déposée le 22 septembre par des avocats du cabinet allemand Bock Legal, représentants légaux de la BCE. La requête aux dernières nouvelles n’a pas encore abouti.

La demande n’a rien de surprenant. En effet, malgré les atermoiements, les hésitations, les peut-être que oui, peut-être que non, voilà un moment qu’on sent advenir ce fameux euro 2.0. La parole officielle se multipliant ces derniers temps pour préparer peu à peu l’opinion publique à l’idée d’une version numérique de sa monnaie quotidienne. Ainsi, en tendant l’oreille, on a pu entendre tour à tour des ministres des finances, des gouverneurs de Banque centrale, des sous-gouverneurs des mêmes vénérables institutions, des supers chefs comme celui de la Banque des Banques (la fameuse banque des règlements internationaux) ou d’autres moins capés venir raconter en pointillé notre futur monétaire. Plus récemment, la présidente de la BCE, lors d’une allocution au parlement européen, a assez bien résumé la situation.

Jusqu’à présent, l’Eurosystème n’a pas pris de décision sur l’introduction ou non d’un euro numérique. Mais, comme beaucoup d’autres banques centrales dans le monde, nous explorons les avantages, les risques et les défis opérationnels de le faire. Nous avons le devoir de jouer un rôle actif en équilibrant les risques et les avantages de l’innovation dans les paiements, afin que l’argent continue de bien servir les Européens.»

Christine Lagarde, conférence de presse du 10 septembre 2020

Un euro numérique incontournable

Alors certes, tous les responsables concernés en sont encore à l’envisager comme une hypothèse et non comme une certitude. Certes, une marque déposée ne fait pas plus une monnaie qu’une hirondelle le printemps. Mais, néanmoins, cette accumulation d’indices commence à faire lourdement pencher la balance en faveur d’une numérisation de l’argent de la zone euro.

D’ailleurs, il semblerait qu’on veuille nous demander notre avis. Une consultation publique devrait être lancée pour jauger visiblement du consentement des citoyens à cette nouvelle infrastructure de paiement. En attendant, une équipe d’experts de toutes les banques centrales concernées devrait publier prochainement une évaluation. Un énième rapport sur la question a t-on envie de dire, après en avoir lu un certain nombre empli de précautions et de préconisations, de bannissements (Bitcoin, Libra, monnaie numérique, stablecoin) et de revirements ( monnaie numérique et stablecoin).

Le fait est, face à la surenchère des Banques centrales du monde entier dont on sent à la fois monter le niveau de compétences et l’envie d’en découdre en ce domaine, on voit mal l’Europe rester à la traîne. Mais surtout, il y a des raisons structurelles qui font qu’un euro numérique paraît incontournable. En effet, comment procéder avec le système classique dans un monde numérique où les échanges sont instantanés, dématérialisés et transfrontières. La monnaie fiduciaire n’a pas été conçue pour ce type d’emploi ; elle s’est juste adaptée bon an mal an. Or, l’euro numérique lui, sera conçu pour s’adapter à toutes ces nouvelles formes d’échanges. C’est la seule solution envisageable (on parle bien entendu du point de vue des monnaies d’Etat, sinon on en aurait une toute prête à proposer…) et les responsables sont en train de le réaliser.

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