La Banque centrale d’Angleterre ne ferme pas la porte aux cryptomonnaies privées
08 avril 2020 - 12:00
Temps de lecture : 2 minutes
Par Nathalie E.
Contrairement à ses consoeurs rétives à Libra et autres « cryptos » privées, la Banque Centrale d’Angleterre (BoE) se montre plus ouverte dans sa réflexion sur le futur des paiements.
Une position singulière
Depuis l’annonce de Facebook en juin 2019, concernant son projet de stablecoin Libra, on ne compte plus les Banques centrales et autres autorités autorisées qui ont hurlé à l’hérésie. Il était entendu qu’elles vivantes, l’audace inimaginable de Zuckerberg et de ses acolytes serait non seulement vouée aux gémonies mais empêchée par tous les moyens d’exister. Si ce voeu de mort est en passe d’être réalisé, encore qu’il ne faudrait pas sous-estimer l’ennemi désigné, la Libra aura au moins eu le mérite de stimuler l’imagination de nos dirigeants ou plutôt d’attiser leur sens de la reproduction.
En effet, la monnaie numérique de l’ogre américain aura été indéniablement le point d’impulsion de la frénésie des Banques centrales – ces vieilles dames honorables mais un peu impotentes – pour penser moderniser une infrastructure de paiement à bout de souffle. Elles se sont donc mises à phosphorer de conserve pour élaborer une solution à la hauteur des nouveaux enjeux. Hantées ouvertement par le stablecoin de Facebook et plus sournoisement par le rebelle Bitcoin contre lequel elles ne peuvent rien, elles ont inventé les fameuses CBDCs.
Et partout dans le monde, on voit fleurir des initiatives destinées à chasser l’intrus pour préserver la souveraineté des devises nationales. Mais l’unanimité apparente recelait en son sein une exception. Une voix dissonante certes discrète, mais qui commence à se faire entendre.
Une porte entrebâillée
Ainsi, dans un webinaire organisé la semaine dernière, les analystes de la BoE travaillant sur un projet de CBDC ont déclaré qu’il existait une possibilité que des entreprises privées puissent jouer un rôle dans l’émission et la distribution de monnaies numériques. Plus précisément, c’est par l’entremise de Ben Dyson, responsable en charge des actifs cryptographiques, que s’est exprimée une orientation moins catégorique concernant les systèmes de paiement de demain.
« Si ces propositions répondent à un besoin réel – par exemple, une certaine faiblesse du système de paiement existant ou une catégorie d’utilisateurs qui ne sont pas desservis par les systèmes de paiement existants – le secteur public peut jouer un rôle dans ce besoin, tout en laissant (une place) au secteur privé . »
Ces propos entrent en résonance avec l’un des arguments de Zuckerberg qui prônait la Libra comme le moyen de faire accéder les populations débancarisées aux services financiers. On peut alors légitimement se demander quelle sera la réaction des partenaires de la BoE. Rappelons en effet que depuis le mois de janvier, elle fait partie d’un consortium de Banques centrales qui ne semble pas partager cette ouverture d’esprit. Organisation internationale – la Suède, le Canada, la Suisse, le Royaume-Uni, le Japon et l’Europe (la BCE) – chapeautée par la Banque des Règlements Internationaux (BRI), dont l’ambition est de réfléchir aux enjeux et dispositifs liés aux CBDCs. Si l’alliance avait pu sembler disparate, cette intervention d’un représentant de la Banque d’Angleterre risque d’en accentuer les divergences.
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