La Suède se veut un pôle d’innovation pour les CBDC
17 mars 2020 - 18:09
Temps de lecture : 2 minutes
Par Nathalie E.
La Banque des règlements internationaux (BRI) a lancé un pôle d’innovation (BIS) sur des sites sélectionnés pour accompagner l’innovation technologique des banques centrales. La Suède, forte de son expérimentation de monnaie numérique (la e-krona), postule pour en faire partie.
Qu’est-ce que le BIS Innovation Hub ?
Le BIS Innovation Hub est une initiative récente (2019) de la BRI. Pour rappel, la BRI fondée en 1930, est une organisation financière internationale qui regroupe 60 banques centrales actionnaires. Son rôle consiste à favoriser la coopération monétaire et financière internationale. Pour remplir cette mission, elle dispose de moyens financiers propres et d’une organisation spécifique, ce qui lui a permis de créer ce pôle d’innovation pour soutenir la collaboration des banques centrales dans le domaine des nouvelles technologies.
Identifiant nombre de perspectives à approfondir (la révolution des paiements, la numérisation du financement, les stablecoins privés à la Libra…), le hub, présidé par le français Benoît Coeuré, porte particulièrement son attention sur les monnaies numériques de banques centrales (CBDC).
Sujet sensible, on le sait, depuis que Facebook a décidé d’empiéter sur les plates-bandes des Etats, faisant trembler leurs prérogatives monétaires. Disposant déjà d’équipes multidisciplinaires situées à Hong Kong SAR, à Singapour et en Suisse, le hub ne s’attendait pas forcément à être sollicité par la Suède. Mais c’était sans compter sur la Riskbank qui considère qu’un pôle d’innovation en Europe du Nord serait un atout supplémentaire pour asseoir la dimension internationale de l’initiative.
Les atouts de la Riskbank
Surtout, elle considère qu’elle a toutes les cartes en mains pour constituer un hub d’excellence. D’abord, un contexte national singulier. En effet, la Suède est le pays au monde où la population s’est le plus massivement convertie au paiement électronique. A tel point que face à une disparition presque totale du cash, une loi vient d’être votée pour le maintenir et protéger les plus fragiles. Ensuite, elle est l’une des premières banques centrales à expérimenter une monnaie numérique. De son point de vue, difficilement discutable, c’est un avantage crucial par rapport aux autres banques centrales qui n’en seraient encore qu’au stade de la réflexion.
«Étant donné que la Riksbank a déjà parcouru un long chemin dans l’analyse des CBDC, elle peut, tout comme la BRI l’exige d’un hub, fournir rapidement des analyses sur la base d’une collaboration déjà établie entre le secteur public, le secteur privé, les universitaires et d’autres banques centrales. »
Une approbation incertaine
Mais son souhait d’héberger un centre d’innovation pour CBDC exige qu’elle obtienne les moyens de son ambition. Elle doit donc d’abord faire approuver par le parlement suédois (le Riksdag) la possibilité de financer ses activités à l’échelle internationale. Pour ce faire, elle a déposé un amendement à la loi sur la Sveriges Riksbank.
« Le Riksdag approuve le fait que la Riksbank, pour une période de cinq ans et à un coût maximum de 30 millions de couronnes suédoises (3 millions de dollars environ) par an, peut financer les activités menées par la Banque des règlements internationaux d’un pôle d’innovation en Suède. »
Amendement qui a de grande chance d’être adopté, la proposition n’ayant pas connu d’objection, mais qui ne préjuge en rien de l’acceptation de la BRI. En effet, la banque des banques centrales refuse de communiquer sur ses critères de sélection. La Riskbank, un peu trop sûre d’elle-même, sous-estime peut-être ses partenaires – adversaires… La concurrence s’annonce plus rude que prévue.
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