La Thaïlande et Hong Kong main dans la main autour d’une monnaie numérique commune

24 janvier 2020 - 08:32

Temps de lecture : 3 minutes

Tandis que certains en sont encore à organiser des groupes de réflexion pour soupeser les bienfaits ou travers d’une CBDC (Central Bank Digital Currency),  d’autres, comme la Thaïlande et Hong Kong, en sont déjà au prototype.

Un projet bien avancé

Lancé en mai 2019 par les banques centrales de Thaïlande et de Hong Kong, le projet,  Inthanon-LionRock, baptisé du nom associant les deux CBDC, vient d’être officiellement dévoilé. Un rapport particulièrement détaillé fournit une analyse exhaustive des enjeux d’une monnaie numérique commune pour les deux territoires. Potentiel, risques, technologie sont passés en revue pour savoir comment gérer les liquidités et les transferts instantanés d’argent tout en se conformant à la réglementation.

Ce dispositif va permettre de simplifier, d’accélérer et de réduire les coûts de transfert de fonds entre le baht thaïlandais et le dollar hongkongais.

Une CDBC développée sur la DLT Corda

Dans cette démonstration de faisabilité (PoC ou preuve de concept en français), le réseau de canaux transfrontaliers est développé sur la permissioned DLT (Distributed Ledger Technologies) Corda. Registre semi-privé qui repose sur un consensus simplifié où chaque transaction est exclusivement partagée entre les participants impliqués, et non à l’ensemble du réseau. Développé par le consortium R3, fondé en 2015 par de grandes banques (Barclays, Deutsche Bank, JP Morgan, Crédit Suisse, Société Générale…), partant du principe que les blockchains publiques Bitcoin ou Ethereum ne répondaient pas aux besoins spécifiques des organisations financières, Corda s’est illustré surtout dans le domaine bancaire. C’est donc tout naturellement que l’Autorité monétaire de Hong Kong (HKMA) et la banque centrale de Thaïlande (BOT) se sont tournées vers ce prestataire. La plateforme utilisant notamment des smart contracts pour permettre la fluidité de paiement en temps réel.

Dix banques sont, pour le moment, impliquées dans la phase expérimentale. Outre la filiale hongkongaise de HSBC, établissement phare du confetti rebelle malmené actuellement par les autorités chinoises, on compte d’importantes organisations bancaires thaïlandaise telles Kasicorn Bank, Bangkok Bank ou Siam Commercial Bank.

Un royaume plutôt crypto-friendly

Cette dernière s’est déjà associée à Ripple pour la création de SCB Easy, un service d’envoi de fonds rapide et sécurisé. Plus généralement, le royaume de Siam se montre plutôt ouvert sur les initiatives liées à l’éco-système blockchain et crypto. Ainsi, elle vient d’accorder une licence à la bourse d’échange de cryptomonnaies Zipmex. C’est la sixième du genre à être accréditée dans le pays. Même si la première, Bx, a fermé ses portes, il reste 5 plateformes accessibles pour une population, somme toute modeste, de 70 millions d’habitants.

La satisfaction d’un travail rondement mené

Dans un climat aussi accueillant, le sous-gouverneur du BOT peut donc se montrer optimiste quant à la suite des événements.

«Bien que notre projet Inthanon ait atteint la dernière phase, je pense que ce n’est que le début de notre prochain voyage où les banques centrales et les partenaires concernés collaborent pour relever les défis existants et entrants, ainsi que pour améliorer l’efficacité de nos transferts de fonds transfrontaliers. (…)  ensemble, on va plus loin.»

D’autres banques devraient effectivement affluer vers le réseau. L’intention est non seulement de multiplier les canaux de transfert de valeur mais aussi à terme d’ériger cette CBDC en modèle. Un modèle qui pourrait s’étendre à d’autres pays d’Asie. Les recherches, qui ne se sont pas arrêtées avec ce premier rapport, poussent en ce sens. Etude de cas à plus grande échelle qui montre une volonté d’extension au-delà de l’initiative originelle.

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