Le Nigeria lance aujourd’hui sa monnaie numérique, le eNaira
25 octobre 2021 - 15:17
Temps de lecture : 2 minutes
Par Nathalie E.
La première économie du continent africain active aujourd’hui la version numérique de sa monnaie nationale. Le eNaira, émis par la Banque centrale, fait du Nigeria un pays pionnier en la matière dans cette région du monde, au côté du Ghana qui teste depuis septembre son e-Cedi.
Le eNaira disponible aujourd’hui
Différé pour cause de fête nationale, le eNaira sera disponible dès aujourd’hui. C’est le président Muhammadu Buhari qui, selon le communiqué de la Banque centrale du Nigeria (CBN), le dévoilera officiellement. Destiné à rendre « les transactions financières plus faciles et plus transparentes pour chaque couche de la société », le e-Naira, à l’image des autres monnaies numériques de Banque centrale (MNBC) en phase d’expérimentations, invoque l’inclusion financière comme objectif principal.
« Le eNaira marque une étape majeure dans l’évolution de l’argent. La Banque centrale s’assurera que le eNaira, tout comme le Naira physique, soit accessible par tous.«
En d’autres termes, et selon le discours formaté qui préside à la création ou au lancement d’une monnaie numérique d’Etat, elle vise d’abord à l’intégration financière des populations pas ou peu bancarisées et s’affirme comme complémentaire de l’argent physique et non comme l’agent de sa destruction.
L’autre vocation valorisée d’une MNBC est de faciliter à un moindre coût les transferts de fonds. Aussi, est-ce un lancement opportun au moment où de nombreux Nigérians de la diaspora s’éloignent des circuits officiels pour transférer de l’argent au pays.
Et de faire d’une pierre deux coups en tentant de freiner l’essor des cryptomonnaies décentralisées dont la population se montre très friande, en ayant recours principalement aux plateformes peer-to-peer (P2P). Seul moyen pour contrer les tentatives hasardeuses des autorités locales à en limiter l’accès.
Blockchain privée
Le eNaira n’est pas tombé du ciel. En effet, il est l’aboutissement de plusieurs années de recherche et développement. Et, comme dans les autres processus d’élaboration d’une « crypto » d’Etat, la Banque centrale a sollicité de nombreux acteurs. En premier lieu, ceux du secteur bancaire et les opérateurs de technologie financière. Mais aussi des commerçants et un échantillon significatif de la population nigériane.
Et, comme de nombreux prototypes de MNBC, l’eNaira est bâti sur une blockchain privée. Elle a été développée par Hyperledger Fabrics en partenariat avec Bitt, startup créatrice d’une infrastructure dédiée à la production des versions numériques des monnaies souveraines (DCMs), qui a déjà oeuvré pour le Dcash des Caraïbes orientales.
En téléchargeant l’application eNaira, les utilisateurs peuvent, selon le site gouvernemental du projet, alimenter leurs portefeuilles, effectuer des virements de compte à compte gratuitement et accéder à de nombreuses autres fonctionnalités. La Banque centrale a également précisé qu’elle se servirait de ce nouveau support pour le versement d’allocations aux citoyens éligibles.
Sous forme numérique ou pas, le naira n’échappera pas au fléau d’une inflation hors de contrôle.
Et même si le site officiel a déjà supposément enregistré plus d’un million de visites, il est peu probable que les Nigérians se détournent de bitcoin et d’autres cryptomonnaies décentralisées pour échapper à la faiblesse notoire de leur monnaie nationale.
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