L’Estonie renvoie dans les filets 30% de ses entreprises crypto

15 juin 2020 - 08:45

Temps de lecture : 2 minutes

L’Estonie, pays balte à la pointe du numérique et de la cryptographie, vient d’annuler 30% des licences des entreprises crypto déclarées sur son territoire.

Une sombre histoire de blanchiment

L’initiative plutôt spectaculaire de l’Etat estonien s’est effectuée dans le cadre d’une répression des flux financiers illicites faisant suite au scandale de blanchiment d’argent impliquant la Danske Bank. La plus grande institution financière du Danemark est suspectée d’avoir facilité le transfert de 198 millions d’euros vers des comptes offshore via une succursale estonienne entre 2007 et 2015.

Si les investigations sont toujours en cours pour retrouver les coupables, l’industrie crypto est sur la sellette, attirant à tort ou à raison la suspicion des enquêteurs. Soupçon pris très au sérieux par le gouvernement estonien qui a entamé depuis le début de l’année une coupe drastique dans le massif des sociétés crypto enregistrées. Il faut dire qu’il s’était montré particulièrement accueillant, délivrant à tout va des licences. Le pays a ainsi pu compter jusqu’à plus de 1400 sociétés autorisées.

Une e-nation

Petit pays par la densité de sa population, l’une des plus faibles d’Europe, qui a pris son indépendance en 1991, après la chute de l’empire soviétique, et qui a intégré l’union européenne en 2004, ses dirigeants ont tout misé sur le numérique. L’Estonie est même devenue une référence mondiale en la matière, attirant nombre de responsables venant observer l’étendue des services dématérialisés de l’Etat : transport, banque, santé, impôt, élection, éducation mais aussi bien sûr nombre de startups de la tech, aimantées notamment par les permis de résidence numérique.

Mais la vitrine technologique de l’Europe a été victime de son succès. Un membre de l’Autorité de supervision financière d’Estonie n’hésitant pas à affirmer que le gouvernement avait été sans doute trop permissif.

Il donnait ces permis trop facilement, à dieu sait quelles entreprises.

Retour de bâton

D’où sans doute un virage à 360°. C’est près de 500 entreprises de l’industrie crypto qui ont été privées du fameux sésame. Elles ne pouvaient pas, pour la plupart, attester d’une activité sur le territoire dans les six mois suivant l’obtention. Et les 900 qui restent n’ont qu’à bien se tenir. Elles sont en cours de réévaluation et la moitié d’entre elles, selon le responsable de la cellule du renseignement financier, pourraient aussi perdre leurs licences. En fait, l’étau se resserre autour de celles qui n’exercent aucune activité sur le territoire et dont les dirigeants sont domiciliés hors Estonie.

Outre cette répression, des règles d’octroi de licences plus strictes ont également été promulguées par le Parlement. Les permis seront désormais délivrés dans un délai de trois mois après la demande, au lieu de 30 jours, et le coût sera multiplié par 11 (de 300 € à 3300 €). De plus, il y aura l’obligation d’une domiciliation effective de l’entreprise et de ses dirigeants dans l’Etat balte.

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