L’Iran dégaine Bitcoin face aux sanctions US

31 octobre 2020 - 18:44

Temps de lecture : 2 minutes

L’Iran en butte à de nouvelles sanctions économiques de la part des Etats-Unis a décidé de modifier sa législation pour contraindre les mineurs exerçant sur son sol à vendre une partie de leurs bitcoins à la Banque centrale. L’intention est de s’en servir pour financer les importations.

Bitcoin, l’arme fatale

Entravé dans son utilisation de devises internationales par la pression américaine qui a décidé, outre les mesures de rétorsion déjà en place, d’appliquer des sanctions aux 18 principales banques iraniennes, l’Iran, selon l’agence de presse IRNA contrôlée par le gouvernement, choisit l’option Bitcoin. Le décret, publié par le ministère de l’Énergie et la Banque centrale d’Iran (CBI), oblige les mineurs de cryptomonnaies légalement enregistrés à vendre des jetons qu’ils extraient à la CBI. Pour mémoire, on rappellera que le gouvernement iranien a officiellement légalisé les opérations d’extraction de cryptomonnaie en août 2019 et a dédié trois centrales électriques à l’activité. Une échelle industrielle préparant sans doute la décision actuelle.

En effet, refusant de vendre ses importantes ressources pétrolières en dollars, l’Iran s’est vu déconnecté du système de paiement international Swift. Une mise à l’isolement en bonne et due forme empêchant toute transaction commerciale avec le reste du monde. Aussi, la république islamique a fait le choix de se tourner vers une monnaie décentralisée qui ne peut subir les foudres de l’hydre américain.

Une nouvelle ère pour Bitcoin ?

Cette nouvelle d’un Bitcoin officiellement accepté comme moyen d’échange international est un véritable coup de tonnerre. Nonobstant une réaction américaine qui ne devrait pas tarder, l’enjeu est énorme pour un pays disposant d’importantes ressources pétrolière et gazière qu’il pourrait désormais vendre en Bitcoin, rompant avec l’hégémonie du trop fameux pétrodollar. Et pour la crypto reine qui se voit pour la première fois prendre officiellement la place du calife, devenant de facto une possible monnaie de réserve mondiale. Un événement qui fera assurément date.

En effet, on peut imaginer que d’autres pays sous embargo américain vont être tentés de suivre le même chemin. On pense bien sûr au Vénézuela qui, malgré sa crypto native le Petro au destin pour le moins sinueux, pourrait tôt plutôt que tard opter pour la solution résiliente offerte par Bitcoin. Il est en effet de notoriété publique que la Banque centrale du pays a déjà commencé à l’engranger allègrement. On pense aussi à Cuba où le gouvernement de Miguel Díaz-Canel  a déclaré s’intéresser de près aux cryptomonnaies pour relancer son économie. Mais il pourrait aussi s’agir – pourquoi pas ? – de pays cherchant à dé-dollariser leur économie sans passer par la case CBDC (Central Bank Digital Currency) en optant pour un actif non censurable et décentralisé plutôt que pour une vieille monnaie juste rénovée par un habillage numérique.

Quoi qu’il en soit, et malgré une loi encore confuse sur les modalités de sa réalisation, la décision de l’Iran marque un tournant dans l’approche étatique du Bitcoin et annonce peut-être à terme une reconfiguration du paysage monétaire mondial.

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