Libra – Le patron de MasterCard s’exprime sur son départ du projet de Facebook
03 février 2020 - 20:52
Temps de lecture : 4 minutes
Par Hugh B.
Dans une interview donnée au Financial Times ce lundi Ajay Banga, le patron de MasterCard, s’exprime sur son départ du projet Libra de Facebook. Il aborde également l’environnement mondial actuel, entre numérisation des monnaies et nationalisation de l’espace économique. Un point intéressant sur la place que pourraient occuper les cryptomonnaies dans un monde sans argent physique.
Le projet Libra a secoué l’univers des cryptomonnaies en 2019. Même si sa mise en place est un échec il a clairement marqué un tournant. Il y a un avant et un après. Au point qu’il serait possible de parler de « point Libra » dans le cadre de discussions sur le sujet. Ce moment où Facebook est pris comme exemple, soit pour en utiliser l’échec, soit pour en affirmer l’innovation. Pour les acteurs du milieu, vient toujours ce moment où il va falloir se positionner face au Libra. Surtout pour ceux ayant participé au projet. C’est l’exercice auquel s’est plié le patron de MasterCard dans une interview donnée au Financial Times.
Entre nationalisme monétaire et disparition du cash
Les chiffres de la société MasterCard donnent une idée de l’univers de la circulation monétaire actuelle. Pour exemple, les paiements par cartes de crédit ont été multipliés par 4 en l’espace de 10 ans seulement.
Une réalité qui ne laisse pas beaucoup de place à l’argent liquide qui tend à disparaître au profit de paiements dématérialisés. Un moyen de contrôler les flux de monnaie que certains pays nationalisent au grand désespoir d’Ajay Banga qui y voit des dépenses redondantes quand son réseau offre déjà ces services.
« Le coût économique de la construction de systèmes cloisonnés dans un monde où les citoyens voyagent est vraiment stupide, et où le crime voyage est encore plus stupide, et où la technologie est complètement mondiale est même trois fois plus stupide » – Ajay Banga
Mais dans un monde de globalisation, le contrôle de la monnaie est devenu un enjeu primordial. Surtout lorsqu’elle ne correspond plus à des valeurs matérielles réelles et palpables. Selon Ajay Banga, ce nationalisme monétaire pose le problème d’une fragmentation des données qui nuit à son efficacité et facilite les mouvements frauduleux et criminels. Un point de vue qui ressemble beaucoup au speech d’un commercial en train de faire la promotion de sa solution.
Le point Libra d’Ajay Banga
Ajay Banga explique s’être retiré du projet Libra du fait de son manque de transparence quant à la gestion des données des utilisateurs. Il prend pour exemple le scandale de Cambridge Analytica qui secoua Facebook et sa gestion des données personnelles recueillies sur son réseau social. Une bonne raison de ne pas vouloir adopter cette monnaie pour ne pas prendre le risque de voir le détail de ses dépenses exposé au grand jour lors d’un prochain scandale similaire.
Toujours selon le patron de MasterCard, les principaux membres de l’association Libra n’auraient pas pris l’engagement ferme de « ne rien faire qui ne soit pas pleinement conforme à la législation locale. » Ils ne se souciaient pas de principes de sécurité de base comme le KYC (connaître ses utilisateurs), de la lutte contre le blanchiment ou la protection des données abordée juste au-dessus. Ils refusaient de mettre toutes ces questions par écrit, lorsqu’Ajay Banga le leur demandait.
Les limites du projet Libra
Ajay Banga explique ne jamais avoir compris comment le Libra comptait faire de l’argent. Un point assez intrigant pour un dirigeant d’entreprise à l’origine de la création de l’association qui était censée gérer cette monnaie numérique.
« Lorsque vous ne comprenez pas comment l’argent est gagné, il l’est d’une manière qui ne vous plaît pas. » – Ajay Banga
Le point qui a décidé le patron de MasterCard à quitter le projet Libra réside dans les incohérences de Facebook. Cette monnaie se voulait inclusive, en donnant accès au plus grand nombre à un outil financier simple et efficace. Cela était valable sur le papier. Dans les faits, Facebook a rapidement voulu mettre en place son portefeuille numérique propriétaire du nom de Calibra. Selon Ajay Banga, une manière de garder le contrôle sur cette monnaie qui ne pouvait pas sortir de Facebook et qui du coup, selon lui, perdait toute utilité.
L’alternative des cryptomonnaies
L’article du Financial Time explique clairement que le patron de MasterCard a de bonnes raisons de critiquer le Libra. En effet, la mise en place d’un réseau mondial de paiement utilisant un stablecoin pourrait devenir un sérieux concurrent de sa solution de paiements. Un problème bien réel abordé sur Twitter par le créateur d’Ethereum et la société ChainLink (LINK), il y a un peu moins d’un mois. Leur association pourrait permettre de développer une solution de paiement bien plus rapide que MasterCard. Un projet qui est encore dans les cartons, mais qui finira par voir le jour.
Dans cet environnement particulier, les cryptomonnaies offrent une alternative intéressante. Elles permettent de ne pas dépendre d’un réseau centralisé et sous contrôle. Il s’agit pour le moment de la seule véritable alternative à la disparition programmée du cash. Un moyen de rester maître de son argent même s’il n’est plus matérialisé.
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