Mastercard lance sa plateforme de test pour CBDCs

10 septembre 2020 - 16:36

Temps de lecture : 3 minutes

Le géant des paiements, Mastercard, lance une plateforme de test destinée aux banques centrales afin qu’elles puissent évaluer l’adéquation de leur projet de monnaie numérique.

Un projet bien mûri

Le 9 septembre, Mastercard a annoncé un environnement de test virtuel exclusif pour les banques centrales afin d’évaluer les cas d’utilisation des CBDCs. Le projet est ambitieux. En effet, la plateforme permettrait de simuler l’émission, la distribution et l’échange de CBDC entre les banques, les différents prestataires de services financiers et les clients. L’un de ses principaux atouts est qu’elle sera personnalisable au gré du contexte dans lequel s’opère la conversion numérique d’une monnaie souveraine. Un avantage dont devraient se saisir les banques centrales, les banques commerciales et les sociétés de technologie et de conseil que Mastercard cherche, bien sûr, à associer à son projet. Il les invite en effet à coopérer pour évaluer les conceptions technologiques des CBDCs, valider les cas d’utilisation et évaluer l’interopérabilité avec les moyens de paiement existants.

Les banques centrales ont accéléré leur exploration des monnaies numériques avec une variété d’objectifs (…) Cette nouvelle plateforme aidera les banques centrales à prendre des décisions, maintenant et à l’avenir, sur la voie à suivre pour les économies locales et régionales. »

Raj Dhamodharan, vice-président exécutif, Produits et partenariats d’actifs numériques et de blockchain, Mastercard.

Mastercard double Visa

Avec cette plateforme, Mastercard avance indéniablement ses pions face à son concurrent direct Visa. L’autre géant du paiement qui n’est pas resté non plus les deux pieds dans la même corbeille numérique avec son projet de stablecoin, envisagé mais non encore breveté.

Si sa demande inscrite sous le titre « Monnaie fiduciaire numérique  » n’a pas encore abouti, butant sur des obstacles majeurs à sa réalisation, l’entreprise aux 100 millions de transactions par jour multiplie les incursions dans le domaine des actifs numériques. Rappelons notamment que nombre de crypto-cartes (Binance, TenX, Crypto.com…) utilisent le réseau Visa.

Il se prévaut aussi de participation à de nombreux projets de CBDC mais sans en révéler la teneur. Bon, quand c’est flou, ce n’est peut-être pas qu’il y a un loup comme l’énonce un fameux adage, mais cela renforce l’avance prise par Mastercard pour s’inscrire dans ce mouvement irrésistible des banques centrales en faveur des expérimentations de monnaie numérique souveraine.

Alliance privé/public

Mastercard, sûr de son expertise dans le secteur des paiements, est donc l’un des premiers grands acteurs privés à se mettre au service du développement pratique, sûr et sécurisé de CBDCs.

Sheila Warren, responsable blockchain, actifs numériques et politique des données au Forum économique mondial (FEM), s’en réjouit.

Les collaborations entre les secteurs public et privé dans l’exploration des monnaies numériques de la banque centrale peuvent aider les banques centrales à mieux comprendre l’éventail des possibilités et des capacités technologiques disponibles en ce qui concerne les CBDCs. Les banques centrales peuvent bénéficier d’un soutien pour explorer l’ensemble d’options qui s’offrent à elles ainsi que pour avoir un aperçu des opportunités qui pourraient se présenter. »

Elle s’en réjouit d’autant plus que le FEM a toujours oeuvré pour une collaboration étroite entre entités publiques et privées dans ce registre-là. On peut le déceler notamment à travers un guide très didactique que le Forum a commis, en début d’année, avec certaines des principales banques centrales du monde. Plus qu’un guide d’ailleurs, une « boîtes à outils  » pour reprendre sa nomenclature, destinée littéralement à fabriquer de la CBDC. On peut d’ailleurs raisonnablement supposer que Mastercard s’en est inspiré pour construire sa plateforme, se saisissant des clefs fournies en matière de stratégie, de technologie et de gouvernance.

Une course de vitesse

Les ressources se multipliant, il a pu aussi aller puiser ailleurs. Auprès par exemple du Centre d’innovation de la Banque des règlements internationaux (BRI), davantage spécialisé sur les tests de prototypes spécifiques. Mais aussi auprès du Digital Monetary Institute. Un think tank dont l’objectif est de créer des passerelles entre l’univers des services bancaires traditionnels et le monde numérique en associant acteurs publics et privé.

Si la course aux CBDCs est déjà bien lancée au niveau étatique, on pressent qu’avec cette initiative de Mastercard, c’est dorénavant celle entre géants d’infrastructures de règlement qui va s’accélérer. Nous continuerons bien sûr de suivre avec attention l’épopée autour de ces désormais très convoités systèmes de paiement, qui constitueront probablement notre ordinaire de demain.

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