Emmanuel Macron se perd dans son programme virtuel de « métavers européen »

18 mars 2022 - 09:00

Temps de lecture : 3 minutes

Par Hugh B.

La période des élections présidentielles se résume à un jeu de fourre-tout politique, afin de racoler le plus large possible. Un exercice de style définitivement coincé entre une volonté de donner l’impression de savoir de quoi l’on parle et le fait de démontrer dans le même temps que ce n’est de toute évidence pas le cas. Mais peu importe, car la grande majorité de ceux qui écoutent est dans le même cas. En particulier lorsque le sujet dévie sans aucun préavis sur un « métavers européen » dont même les spécialistes ignorent le sens. Mais de quoi parle-t-on ?

Le secteur des cryptomonnaies se développe depuis des années, apportant son lot d’innovations incessantes à l’économie réelle. Avec face à cette dynamique, un gouvernement français plus connu pour empêcher que pour accompagner. Et dont le traitement du sujet se résume à endosser une cape de super-héros pour donner l’impression de lutter contre une crypto-criminalité pourtant démontrée comme anecdotique. Alors que dans le même temps, de nombreux pays prennent le chemin de l’apaisement afin de tenter de les intégrer en douceur.

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Un constat identique au niveau européen. Avec comme dernière tentative, une interdiction du Proof of Work du Bitcoin tout juste annulée avant le dernier vote du Parlement. Et un projet de loi MiCA dont l’ambition d’accompagnement de l’innovation se noie dans une multitude de raccourcis et de chiffres erronés. Mais pas d’inquiétude à avoir, car le candidat-Président Emmanuel Macron s’engage solennellement à « se battre pour un métavers européen. » C’est-à-dire ?

Emmanuel Macron – Un « métavers européen » ?

Emmanuel Macron a créé la surprise hier, lors d’un meeting de campagne. Déjà en délivrant un programme que tout le monde commençait à douter de voir arriver un jour. Mais également en abordant au détour d’une phrase le sujet d’un « métavers européen » qui laisse perplexe. Était-ce simplement une partie de ce jeu qui consiste à coller un mot compliqué dans une discussion pour gagner ? Au moins cette explication aurait-elle eu plus de sens. Car le seul véritable impact de cette déclaration est de laisser perplexe une communauté des cryptomonnaies en train d’essayer de comprendre. Spoiler alert : c’est incompréhensible !

« Nous nous battrons pour bâtir un métavers européen. C’est un sujet clé pour la création et pour permettre à tous nos créateurs (…) de ne pas dépendre d’acteurs et d’agrégateurs anglo-saxons ou chinois qui pourront contourner les règles de respect du droit d’auteur et du droit voisin. C’est donc un sujet absolument essentiel pour défendre notre capacité à créer. »

Emmanuel Macron

Une suite de mots qui donne l’impression de parler d’un sujet très important. Et de combattre dans le même temps on ne sait pas trop quoi venant de Chine ou des États-Unis. Mais dans les faits, un « métavers européen » dont on se demande ce qu’il vient faire en relation à la question des droits d’auteur et du « respect des créateurs » (de quoi d’ailleurs ?). Car il s’agit de mondes virtuels dans lesquels sont en train de plonger des géants comme Facebook, ou encore Apple. Et cela principalement car ils y voient se dessiner l’avenir des réseaux sociaux actuels.

Un « métavers européen » – Quel intérêt ?

Et comme de toute évidence personne n’a rien compris, c’est le secrétaire d’État au numérique Cédric O qui est venu « clarifier » ces propos. Et la conclusion est simple : métavers = industrie des jeux vidéo et création 3D. Rien à voir avec les mondes virtuels décentralisés de projets comme The Sandbox (SAND) ou Decentraland (MANA). Ces derniers pourtant en train d’être rachetés par parcelles entières par des entreprises bien réelles, comme dernièrement la banque HSBC. Avec comme principale vocation, une absence de frontière qui ne se conjugue pas avec « européen. »

« Le projet n’est pas de créer un métavers public, mais d’appuyer certaines technologies sous-jacentes, à commencer par les moteurs graphiques. Par exemple en créant des concurrents européens aux moteurs américains Unreal Engine et Unity, les plus utilisés dans l’industrie du jeu vidéo. »

Cédric O

Pour résumer, Emmanuel Macron aborde donc un « métavers » qui se résume à des studios de création de jeux vidéo. Ces derniers devant être protégés des copies et agrégateurs susceptibles de ne pas respecter leurs droits d’auteur. Pourquoi pas ! Mais cela sans jamais considérer le lien pourtant essentiel entre cette économie numérique naissante et les cryptomonnaies et autres jetons NFTs. Et tout en délimitant un espace virtuel – censé être décentralisé – à une zone uniquement européenne. Un endroit où l’unique politique de « défense de la capacité à créer » se résume à organiser une fuite des crypto-cerveaux à coup de lois iniques. Beau programme !

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