Nul besoin de dollar numérique, les stablecoins font l’affaire !

18 novembre 2021 - 14:57

Temps de lecture : 3 minutes

Un membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale américaine (Fed), Christopher Waller, vient de lancer un pavé dans le marigot de la régulation. Loin de la volonté de contrôle strict manifestée par nombre de ses pairs vis à vis des stablecoins, il exprime plutôt une bienveillance raisonnée pour les cryptomonnaies adossées au dollar, les considérant même comme susceptibles de jouer le rôle de CBDC (Central Bank Digital Currency) réclamé par certains.

Les stablecoins, une révolution technologique qui a trouvé son public

Lors d’une conférence en ligne organisée par la Fed de Cleveland, l’intervention de Christopher Waller, retranscrite ici, mérite une attention particulière. D’abord, parce qu’il conteste les récentes propositions de réglementation des stablecoins émises par un rapport concerté de l’administration américaine. Celui-ci préconise que les émetteurs de cryptomonnaies adossées à parité avec une monnaie fiduciaire soient, comme les banques, soumis à une surveillance fédérale stricte.

Stablecoins et MNBC

Les stablecoins sous haute surveillance

Nathalie E. - 02 Nov 2021 - 11:00

Très attendu, le voilà enfin publié. Le rapport de l’administration [...]

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En d’autres termes, les émetteurs de Tether (USDT) ou de l’USD Coin (USDC), ce qui semble convenir à Circle, deviendraient des banques. Or, cette mesure réduirait de son point de vue l’efficacité des paiements.

« Je ne suis pas d’accord avec l’idée que l’émission de pièces stables ne peut ou ne devrait être effectuée que par les banques, simplement en raison de la nature du passif. Je comprends l’attrait de forcer un nouveau produit dans une structure ancienne et familière. Mais cette approche et cet état d’esprit élimineraient un avantage clé d’un accord de stablecoin – qu’il sert de concurrent viable aux organisations bancaires dans leur rôle de fournisseurs de paiement.« 

Concrètement, il ne se dit pas opposé au fait que les banques puissent émettre des stablecoins mais réticent à l’idée qu’elles seraient les seules autorisées à en émettre.

Ainsi, et sans minimiser les risques que font courir des cryptomonnaies stables privées qui pourraient déstabiliser le système financier en cas de défaillance avérée des émetteurs, Christopher Waller estime qu’une « révolution technologique » est en cours. Une révolution qui a trouvé son public, comme il le rappelle en s’appuyant sur une capitalisation qui a presque quintuplé en une année pour frôler les 150 milliards de dollars aujourd’hui.

« Le marché et le public nous disent que le système de paiement des États-Unis peut être amélioré. Nous devons entendre ce message. »

Scepticisme quant à la création d’un dollar numérique

De fait, Waller s’avoue sceptique face aux velléités de la Banque centrale américaine qui chercherait à créer une version numérique du dollar.

« Mon scepticisme quant la nécessité d’une CBDC vient de l’innovation réelle et rapide qui a lieu en ce qui concerne les paiements. […] La concurrence qu’elle apporte est bonne pour les consommateurs. »

Deux raisons majeures à ses doutes. La première donc, c’est que les stablecoins privés ont montré leur aptitude à ‘l’innovation réelle et rapide » dans l’espace des paiements. La seconde, invoquée aussi par d’autres, c’est qu’un dollar numérique reviendrait à mettre la Fed en concurrence directe avec les banques commerciales.

Deux arguments qui rendent caduques de son point de vue, la nécessité de mettre en place une monnaie numérique d’Etat. Ainsi conclut-il son intervention en invitant à accompagner l’innovation plutôt que de tenter de la freiner.

« Favoriser l’innovation en matière de paiements responsables signifie établir des règles de conduite claires et appropriées que chacun doit suivre. Nous savons comment gérer cette tâche, et nous devons nous y attaquer de front. […] Si nous ne le faisons pas, ces technologies pourraient se déplacer vers d’autres juridictions, posant des risques pour les marchés américains que nous serons beaucoup moins en mesure de gérer. »

Cette intervention démontre que même au sein d’institutions traditionnellement conservatrices, des voix discordantes se font entendre qui intègrent l’idée d’un changement de paradigme. Le fait est notable, reste à savoir s’il sera entendable.

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