CoinMetrics – Analyse des exchanges en profondeur avec le Bitcoin (BTC) et l’Ethereum (ETH)
28 janvier 2020 - 13:04
Temps de lecture : 6 minutes
Par Hugh B.
Dans son dernier rapport, CoinMetrics dresse un état des lieux de l’univers des exchanges crypto. Ces plateformes jouent un rôle central dans la cryptosphère. Elles en garantissent le bon fonctionnement, mais elles gèrent aussi la sécurité d’une grande partie des fonds des utilisateurs. Une situation à risque qui nécessite donc une surveillance régulière.
Dans ce rapport CoinMetrics analyse l’offre de Bitcoin (BTC) et d’Ethereum (ETH) détenue par la plupart des grandes crypto-bourses en analysant notamment le montant entrant et sortant de ces jetons. Une réalité qu’il est important de comprendre lorsque l’on place des fonds dans ce type de structure centralisée. Au contraire, cette réalité n’existe pas dans l’univers des exchanges décentralisés (DEX).
Le cas d’école de Mt. Gox
Pour comprendre la réalité actuelle des exchanges il est important de revenir à la source de ces derniers. Le cas de Mt. Gox est devenu la référence en matière d’opacité et de tromperie dans le cadre d’une gestion de crise dans le secteur. Un exemple à ne pas suivre, mais aussi une somme d’indices à garder en mémoire.
En 2014, la plateforme d’exchange Mt. Gox représente 70% des transactions réalisées en BTC. Rien d’étonnant à cette époque, puisque l’offre dans le domaine était très pauvre comparée à aujourd’hui. Cependant, cette trop grande centralisation est à l’origine de ce qui suivra.
Cette année-là, la plateforme est victime d’un piratage de grande envergure. Mais le problème n’est pas directement là ! En effet, il réside dans la gestion désastreuse de Mt. Gox face à la situation. Ces derniers vont stopper toute activité sur leur plateforme. La raison officielle annoncée est un « bug sur le Bitcoin. » Ce sont en fait quelques 850 000 BTC qui vont disparaître dans la nature, soit plus de 4% de l’offre totale de jetons BTC à terme. Le cours du BTC ne s’en remettra que deux années plus tard.
Vers une plus grande transparence
Le cas d’école Mt. Gox marque le lancement d’une nouvelle ère dans le domaine des plateformes d’échange. Tout d’abord du fait de leur multiplication, mais aussi de la plus grande présence du grand public sur celles-ci. Par conséquent, les organismes de régulation de nombreux pays se sont engagés dans une voie de réglementation, dans le but de protéger leurs utilisateurs.
Une donnée essentielle reste cependant inconnue : les réserves disponibles de ces structures. Un problème que CoinMetrics pointe du doigt indiquant qu’aucune plateforme ne donne ces informations. Seul Kraken l’a fait en 2014, mais aucun effort ne semble aller en ce sens. La raison officielle serait liée à des problèmes de sécurité en cas de divulgation de données jugées sensibles.
Pour tenter de remédier à ce manque de transparence, l’étude de CoinMetrics utilise le « On-chain exchange supply. » Il s’agit d’un système permettant de mesurer la quantité de cryptomonnaies disponibles sur l’échange. Dans le cas présent, on se concentre sur le BTC et ETH. Un bon moyen de mesurer la fiabilité d’une plateforme et sa solidité financière, tout en se rapprochant d’une estimation concrète des réserves effectives. Cela pourrait se rapprocher de l’outil Liquidity, récemment mis en place par CoinMarketCap.
Cette étude compile les données collectées auprès des neuf crypto-bourses de permettant de réaliser un échantillon significatif : Bitfinex, BitMEX, Binance, Bitstamp, Bittrex, Gemini, Huobi, Kraken et Poloniex.
Les fonds disponibles des exchanges
Pour donner un exemple concret, le graphique suivant montre le montant total de BTC détenu sur les plateformes sélectionnées, mis en relation avec son cours en dollars (USD) sur les cinq dernières années. On peut très nettement constater une hausse constante de cette quantité au fil du temps, indépendamment des fluctuations du cours du Bitcoin sur la même période.
Contrairement à la courbe du Bitcoin, celle de l’Ethereum n’a pas connu une hausse constante et régulière sur la même période.
« Il est difficile de tirer des conclusions mondiales de ce graphique, car notre échantillon d’échange pour l’approvisionnement en ETH ne comprend que huit exchanges et n’inclut pas Coinbase, entre autres. Mais une observation intéressante est que la quantité d’ETH a considérablement baissé en 2017 et tout au long de 2018 pendant le pic et l’éclatement de la bulle des prix, et s’est depuis stabilisée. » – CoinMetrics
Kraken a été la première grande plateforme où il était possible de trouver des jetons ETH. Les autres plateformes sont arrivées ensuite, permettant une meilleure distribution de cette cryptomonnaie. En janvier 2020, Huobi, Bitfinex et Binance avaient respectivement 23%, 20% et 15% d’approvisionnement de l’ETH de ces 8 exchanges.
Les plateformes passées à la loupe
Dans son rapport, CoinMetrics passe les différentes plateformes au scanner, montrant dans quelle proportion leurs avoirs en cryptomonnaies sont influencés par leurs activités. D’après les données récoltées, Poloniex montre de sérieux problèmes en matière de quantité de BTC disponibles. La même réalité s’applique à l’ETH. Lancée en 2014, cette plateforme est rapidement devenue l’une des plus importantes du monde. Mais dans le domaine rien n’est acquis et après son rachat par la société Circle, ses résultats ont été en chute libre. Elle se trouve actuellement à la 71e place du classement de CoinMarketCap en termes de volume d’activité, mais reste à la 18e place en ce qui concerne ses liquidités.
La plateforme BitMEX a été créée à la même époque que Poloniex, mais elle enregistre une évolution moins négative que cette dernière. Ce qui est peut-être une bonne chose, car son ascension se maintient avec régularité depuis cette période. Elle a cependant connu quelques déboires judiciaires en juillet 2019. Le site Bloomberg avait alors rapporté qu’une enquête était en cours pour savoir si BitMEX avait enfreint la loi en permettant aux Américains de trader sur la plateforme. La plateforme a aussi récemment connu un autre scandale d’email leaks de milliers de ses utilisateurs. Cela ne semble pas avoir eu un impact trop important sur ses avoirs en BTC.
Le dernier exemple est celui de la plateforme Huobi, classée en 4e position en termes de liquidité par CoinMarketCap, et en 34e position pour son volume de transaction. Cette plateforme a été utilisée par les cerveaux du scam connu sous le nom de Plus Token qui a secoué la cryptosphère début 2019. Un détournement massif de BTC et d’ETH sous forme de pyramide de Ponzi, orchestré depuis la Chine, pour une valeur estimée à plus de 3 milliards de dollars.
« En août 2019, des rapports ont commencé à montrer que les BTC et ETH de l’arnaque PlusToken étaient vendus en grande quantité sur Huobi. » – CoinMetrics
Huobi aurait servi à écouler les monnaies prélevées frauduleusement par cette arnaque. Ce qui aurait inévitablement entraîné une hausse de sa quantité de BTC et d’ETH disponibles. Certaines rumeurs prétendent même que la hausse de 2019 serait directement liée à la liquidation des fonds du Plus Token.
Suivre et contrôler les plateformes d’exchange de cryptomonnaies est une nécessité dans un univers en mouvements constants. CoinMetrics est une structure qui se donne pour objectif d’offrir des analyses complètes et documentées dans le domaine, à l’aide d’outils innovants. Une bonne manière d’obliger les acteurs de cet univers à offrir une transparence et un sérieux nécessaire au bon fonctionnement de l’écosystème.
Par ailleurs, les utilisateurs de ces bourses en ligne commencent à connaître les bons réflexes pour repérer des anomalies et réagir en conséquence. Pour finir, n’oubliez jamais que si vous ne possédez pas vos clés privées, c’est que vous n’êtes pas en possession de vos fonds !
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