Satoshi rentre par la grande porte dans la langue anglaise (Oxford English Dictionary)

22 octobre 2019 - 17:31

Temps de lecture : 3 minutes

La bible anglaise L’Oxford English Dictionary (OED) vient d’intégrer le terme satoshi. Ce mot apparu en 2011, soit trois ans après celui de Bitcoin, désigne sa plus petite unité. Adopté par consensus, comme le veut l’usage dans le milieu crypto, son utilisation répond à une volonté de simplification. En pratique : 1000 satoshis sont plus aisés à échanger au quotidien que 0.00001 BTC.

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Casting exigeant

L’intégration du mot satoshi n’est pas anecdotique. On n’entre pas comme ça dans un dictionnaire de référence. La sélection est rude et l’attente est longue. Le postulant doit d’abord se faire remarquer en prouvant sa fréquence d’utilisation. Pour ce faire, une tribu de lexicographes et de linguistes est aux aguets. Tout y passe : web, cinéma, télévision, radio, presse, littérature. Mais encore, tweets retweetés, réseaux sociaux et conversations de bistro. C’est ce qu’on appelle la veille terminologique.

L’usage récurrent une fois établi, les mots sélectionnés subissent un nouvel écrémage. Le but : éviter les effets de mode et la prolifération indigeste de nouveaux vocables (entre 3000 et 5000 nouvelles occurrences chaque année pour la langue française par exemple). Au terme de ce parcours du combattant, l’heureux élu obtient enfin sa définition en bonne et due forme. 

Néologisme

Les mots nouveaux sont le reflet d’une époque et témoignent des changements à l’œuvre. L’inclusion du nom commun satoshi dans l’OED, après Bitcoin en 2013 et cryptomonnaie en 2014, atteste d’une acceptation progressive mais bien réelle de l’éco-système initié par Satoshi Nakamoto. Par cette officialisation, l’institution reconnaît en quelque sorte la dimension pérenne du projet. Elle adoube le fait que ce n’est pas un caprice de geeks allumés, mais bien une invention monétaire susceptible d’être utilisée par le grand public. Foule de non-initiés à qui en retour, elle permet de se familiariser avec le Bitcoin et ses divisions, notamment en fixant le sens du mot satoshi.

« Un satoshi est la plus petite unité monétaire du système de paiement numérique Bitcoin égale à un cent millionième d’un Bitcoin. Il doit son nom à Satoshi Nakamoto, le développeur (probablement pseudonyme) de Bitcoin. »

Comment satoshi s’est imposé dans la communauté ?

Si d’autres fractions du Bitcoin existent, telles que le millibitcoin (0.001 BTC) ou le microbitcoin (0.000001 BTC), c’est que le Bitcoin est l’étalon-crypto. C’est la mesure utilisée pour les transactions avec les altcoins (tous les autres cryptoactifs qui ne sont pas le BTC). Et dans ce fractionnement du roi, le satoshi est bien le plus vertigineux. Un Bitcoin correspondant à 100 millions de satoshis et un satoshi à 0.00000001 BTC.

 

Souvent abrégé en Sat, son succès dans la communauté tient au nombre limité de BTC qui sera émis (21 millions au total avec un seuil tout juste franchi de 18 millions). Mais au-delà, il est à parier que le substantif satoshi, dopé par sa reconnaissance lexicale, va connaître une expansion inégalée. Montant en puissance à mesure que le prix du Bitcoin tutoiera les sommets, il faudra vraisemblablement soutenir son ascension. Pour asseoir sa popularité, on peut penser à une identité visuelle forte qui reste à inventer. On a déjà vu fleurir des idées de logo, l’été dernier, sur l’initiative de Desiree Dickerson, la chargée d’opérations du Lightning Network. Aucun, pour le moment, n’a été retenu pour figurer l’appellation-hommage.

A quand satoshi dans les dictionnaires de langue française ?

On sait que c’est par les mots que s’impose l’usage. Quelque chose qui n’est pas officiellement nommé n’existe pas. On trépigne donc face à une France encore à la traîne. Rappelons en effet que Le Petit Robert et Le Larousse n’ont intégré Bitcoin qu’en 2016 dans leurs éditions respectives. Et ce n’est qu’en 2020 que cryptomonnaie sera répertoriée. Quant au dictionnaire de l’Académie Française, aux dernières nouvelles nos verts immortels, c’est vrai qu’ils ont le temps, en seraient encore à la définition du minitel…

Si le Français est vivant, il sait parfaitement jouer à la langue morte quand il se fait la voix de son maître. Dommage, mais cohérent avec l’actualité. Le G7, France en tête, vient une nouvelle fois d’enterrer le Bitcoin.

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