Tollé face à la possible nomination de Saule Omarova à la tête du régulateur bancaire américain

29 septembre 2021 - 18:57

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L’affaire est loin d’être conclue et le responsable provisoire de l’Office of the Comptroller of the Currency (OCC), Michael Hsu, pourrait voir prolonger son interim. La personnalité pressentie pour le remplacer, Saule Omarova, fait a priori l’unanimité contre elle dans le camp républicain et sans doute au-delà. Pas étonnant dans la mesure où son positionnement anti-grandes banques, et plus accessoirement anti-crypto, ne peut laisser indifférent un secteur dont elle prendrait la tête.

La tête pressentie de l’OCC sur le billot

L’administration Biden peine à recruter le ou la responsable du Bureau du contrôleur de la monnaie (OCC). Plusieurs noms ont déjà été pressentis, tous rejetés par manque de soutien au sein même de leur propre camp. Et l’histoire risque de se répéter.

Il faut dire que la professeure de droit choisie cumule quelques sérieux handicaps pour assumer un poste à la tête de l’agence fédérale de réglementation des banques. Spécialiste en droit bancaire et en finance d’entreprise, elle plaide pour une surveillance très stricte du secteur. Pire encore pour ses détracteurs, elle a pu affirmer vouloir « mettre fin à la banque telle que nous la connaissons ». Des écrits qui ne sont pas passés inaperçus auprès des puissants cercles financiers dont l’American Bankers Association (ABA).

Nous avons de sérieuses inquiétudes concernant ses idées pour restructurer fondamentalement le système bancaire du pays. » 

Communiqué de Rob Nichols, président et chef de la direction de l’ABA

Ou le lobbyiste Independent Community Bankers of America (ICBA).

Compte tenu de ces prescriptions politiques et autres, l’ICBA a des questions sur la capacité d’Omarova à superviser objectivement le système bancaire national et a hâte de travailler avec les décideurs politiques alors que le Congrès aborde sa nomination. »

Communiqué de Rebeca Romero Rainey, présidente de l’ICBA

Une mobilisation contre Saule Omareva jugée trop radicale

Deux exemples parmi d’autres d’une mobilisation qui monte en puissance face à une nomination dont la parenté avec des « idées d’extrême gauche » (dixit le sénateur républicain Pat Toomey) fait hérisser le poil du plus patelin des conservateurs ou même de certains démocrates modérés.

Difficile en ce cas d’envisager qu’elle puisse recueillir assez de soutien pour devenir la première contrôleuse d’origine étrangère (Kazakstan) – attributs valorisés par certains – à diriger pleinement l’OCC. Une seule dissidence démocrate suffirait à la faire échouer. Exit alors la candidate idéale selon le parti au pouvoir, pour rompre avec l’ère Trump et son laxisme vis à vis des grandes banques et vraisemblablement du secteur des cryptomonnaies où prévalait davantage un laisser-faire qu’un tout-réglementaire.

Anti-banque et anti-crypto

Cette candidature sur la sellette serait donc plutôt une bonne nouvelle pour l’industrie crypto. En effet, Saule Omarova s’est également montrée très critique vis à vis des cryptomonnaies qu’elle accuse de menacer la stabilité économique et de bénéficier « au système financier dysfonctionnel que nous avons déjà ». Sa nomination pourrait donc renforcer le tournant répressif que semble prendre la réglementation crypto outre-atlantique sous la houlette du très offensif patron de la SEC, Gary Gensler.

Le dernier en date à manifester son soutien à une industrie plutôt malmenée ces derniers temps aux Etats-Unis est le sénateur républicain du Texas Ted Cruz. Il a tweeté son inquiétude face à l’arrivée de Saule Omarova.

Non seulement Saule Omarova (…) est une menace pour notre économie traditionnelle, mais elle veut également réguler la crypto pour la faire tomber dans l’oubli. La crypto est confrontée à des réglementations gouvernementales déterminantes pour l’avenir. Il faut arrêter cette nomination. »

Ted Cruz sur twitter

En admettant que l’ancienne conseillère du Trésor américain, ce qu’elle fut pendant la présidence de George W. Bush, n’accède pas à l’OCC, le soulagement ne serait que de courte durée. Car qui va la remplacer ? Un ou une autre plus tempéré-e, car il est visiblement difficile de trouver plus radical-e dans le paysage américain des hauts responsables quant au secteur bancaire, mais pas forcément plus crypto-friendly.

Mais surtout la dernière déclaration du directeur par interim de l’OCC interpelle. Michael Hsu a effectivement déclaré le 21 septembre que les produits financiers décentralisés étaient similaires à ceux qui avaient conduit à la crise financière mondiale de 2008. Comparaison ne vaut pas raison, mais certainement son pesant de lourdes réglementations à venir.

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