De récents brevets déposés par Alipay révèlent des avancées concernant le crypto-yuan
25 mars 2020 - 11:21
Temps de lecture : 3 minutes
Par Hugh B.
La plateforme de paiement Alipay semble être au coeur du développement de la monnaie numérique d’État (CBDC) chinoise. De récents brevets déposés laissent penser que les choses se précisent dans le domaine. Des informations cruciales qui dessinent ce que sera ce crypto-yuan.
L’information a été rendue publique en début de semaine par le journal chinois Interchain Pulse. La société Alipay est en train de déposer des brevets dans le cadre du développement de la monnaie numérique de la Banque Centrale chinoise (CBDC).
Le fameux « crypto-yuan » qui fait parler de lui depuis plusieurs mois déjà et devait être la première monnaie numérique d’État mise en circulation. Ces données permettent de mettre en lumière les choix stratégiques et les orientations techniques de ce projet.
Alipay comme émetteur secondaire
Le premier de ces brevets est daté du 21 février. Il s’intitule : « Méthode et dispositif pour la mise en œuvre des transactions en monnaie numérique et des équipements électroniques ». Son contenu révèle que le rôle d’Alipay pourrait être celui d’émetteur secondaire de cette monnaie numérique. Cela pourrait placer l’entreprise au même niveau que les banques commerciales traditionnelles, qui perdraient ainsi leur monopole dans le domaine. Alipay pourrait donc avoir le droit d’émettre des crypto-yuans.
Mais l’information la plus importante est ailleurs. Elle concerne la possibilité de retracer ces monnaies numériques qui ne reposeront pas sur la blockchain, mais sur un dispositif qui doit permettre la même transparence dans la gestion des transactions. Alipay propose une solution permettant de retrouver toutes les transactions, selon un système de tri chronologique. Un brevet en relation à celui-ci expose la technique de chiffrement de cette technologie qui positionnerait les émetteurs secondaires comme Alipay dans une position similaire à un noeud de blockchain.
Une monnaie sous contrôle
La véritable différence entre une cryptomonnaie et une monnaie numérique d’État peut se résumer au brevet suivant. Il s’intitule : « Méthode et dispositif pour contrôler les comptes en devises numériques ». Il y est question de conserver la main mise sur les comptes et la circulation des monnaies numériques grâce à un dispositif installé à l’intérieur même de son principe de fonctionnement. Ce n’est pas une surprise, mais aucune volonté de décentralisation n’accompagne ce projet. Il sera possible de restreindre l’accès à un compte suspect dans le cadre de « règles prédéfinies ». Tout un programme !
« Les restrictions qui peuvent être appliquées comprennent le blocage d’une ou plusieurs autorités d’exploitation de compte, l’interdiction des flux de devises vers et / ou hors du compte cible et le gel de tous les fonds détenus sur le compte. » – Interchain Pulse
Une gestion ouvertement inégalitaire
Un autre brevet donne des indications très claires sur les possibilités d’obtention et d’utilisation des portefeuilles dédiés à cette monnaie numérique. Et cela prend des airs de distribution de bon ou de mauvais points. En effet, plusieurs niveaux de services seront disponibles en fonction de l’utilisateur qui devra répondre à certains critères vérifiés, sur la base de résultats comportementaux et de son identité. Une surveillance douteuse permettant de limiter ou d’augmenter la qualité et la diversité des services proposés.
La Chine a déjà fait parler d’elle avec la mise en place de scores de citoyenneté distribués à ses concitoyens en fonctions de données recueillies. Impossible de savoir si cette classification interviendra dans l’obtention des privilèges d’utilisation de cet argent numérique. Les informations d’identité réclamées vont de la carte d’identité aux données biométriques, jusqu’à la prise d’ADN !
L’anonymat inscrit dans le projet
Fait étonnant, il semble qu’une option puisse permettre de garantir l’anonymat lors de transactions effectuées avec cette monnaie numérique. C’est en tout cas ce que laisse entendre un récent brevet publié par Alipay ce 17 mars. Une information surprenante aux vues de la très forte volonté de surveillance des brevets précédents. Mais nous sommes en Chine, et cet « anonymat » semble nécessiter de fournir un numéro de téléphone ou une adresse mail pour mettre en place ce type de portefeuille.
La question est de savoir à qui seront accessibles ces portefeuilles « anonymes »? Il est très peu probable que cette option ait été créée pour la population, même pour les citoyens avec une bonne note de conduite.
Ces diverses informations permettent au moins de tirer une conclusion très claire. Cette monnaie numérique d’État n’a rien à voir avec une cryptomonnaie comme le Bitcoin (BTC). Même si l’exemple chinois peut être compris comme caricatural au niveau de la surveillance engagée, la différence est ici très bien résumée. Ces multiples projets de CBDC n’offriront rien de plus aux utilisateurs, si ce n’est une option surveillance électronique incluse et l’impossibilité croissante d’avoir accès à de l’argent cash.
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