BCE vs stablecoins en euro – Un droit de veto est exigé
25 février 2021 - 09:04
Temps de lecture : 4 minutes
Par Hugh B.
Les cryptomonnaies adossées au dollar ont le vent en poupe. Cela qu’il s’agisse du leader Tether (USDT) de ses versions plus décentralisées comme le DAI, ou liées à une plateforme d’échange comme le BUSD. Quelques exemples emblématiques au sein d’une offre en matière de stablecoins qui ne cesse de grossir au fil des mois. Et qui pourrait voir le jour sous la forme d’un euro numérique, mais seulement si la BCE n’y met pas son veto.
Comment ne pas être étonné par tant de rejet et d’opposition de la part de la Banque Centrale européenne au sujet du marché des cryptomonnaies. Une sorte de réaction épidermique qui semble déclencher une mise en PLS de toute cette institution dès que le mot est prononcé. Et qui impose à ce marché émergent des conditions de développement qui ne peuvent prendre qu’une seule forme : la fuite des cerveaux vers des terres plus accueillantes (ou en tout cas moins hostiles).
Une position dont la répétition effectuée dans tous les médias possibles commence à ressembler à une volonté de tuer le projet dans l’œuf. Cela alors que même au sein de la Security and Exchange Commission (SEC) américaine des voix s’élèvent pour tenter de concilier « la clarté juridique et la liberté d’expérimenter. » Ce qui démontre bien que les choses changent.
Mais qu’à cela ne tienne, la BCE ne va pas abdiquer devant ces évidences qui font du marché des cryptomonnaies une technologie monétaire d’avenir. Et pour bien le démontrer, elle vient de prendre une nouvelle position historique contre la mise en place d’un euro numérique de type stablecoin privé. Enfin pas vraiment contre, mais avec l’obligation de passer pas son droit de veto. Une subtilité qui ressemble à un synonyme version discours politique.
La BCE s’oppose à un stablecoin en euro
Une information relayée par le site Reuters qui présente cela comme une volonté à peine cachée de mettre des bâtons dans les roues de projets comme le Diem. La version nettoyée et aseptisée du Libra de Facebook, avec moins de Libra et moins de Facebook. Mais également de toute tentative de développer un cryptomonnaie stable qui soit en lien avec l’euro. Cela afin de garder le contrôle sur l’inflation et la sécurité des paiements.
« Lorsqu’une mise en relation d’un actif équivaut à un système ou à un mécanisme de paiement, l’évaluation de la menace potentielle pour la conduite de la politique monétaire et pour le bon fonctionnement des systèmes de paiement devrait relever de la compétence exclusive de la BCE. » – BCE
Une position qui peut se comprendre face à la farouche volonté de la BCE de conserver le monopole absolu sur le marché monétaire de la zone euro. Mais qui semble cependant étrange au regard de la quantité de stablecoins privés comme le Tether (USDT) adossés au dollar qui circulent à l’heure actuelle. Et qui ne nuisent visiblement pas à la poursuite de son hégémonie à un niveau mondial.
Une décision avec conséquences
Cette exigence concerne bien évidemment et uniquement les projets de stablecoins de type privés. Car si un euro numérique « officiel » édité par une banque centrale (CBDC) venait à voir le jour, les choses seraient à n’en pas douter bien différentes. Mais cela ne risque pas d’arriver tout de suite vu la relation que la BCE entretient avec tout ce qui se rapproche du numérique en matière monétaire. Le calendrier actuel en annonce le lancement pour dans… quatre ans !
Cependant, cette absence d’un stablecoin en euro comme unité de compte sur les marchés privés en relation aux cryptomonnaies pose au moins deux problèmes. Le premier est l’impossibilité pour les investisseurs européens de réaliser des opérations internes à cet univers sans avoir à passer par la case de l’euro officiel. Ce qui implique de fait et immédiatement l’application de l’imposition sur les plus-values. Soit un choix à bannir sauf dans le cas d’une volonté de versement de ses bénéfices.
Ce qui amène inévitablement à la seconde conséquence. À savoir que tout le monde va prendre l’habitude de convertir ses avoirs en dollars pour éviter cette déconvenue. Et pouvoir prendre des positions en stablecoins sans sortir de la « zone crypto. » Ce qui est déjà le cas à l’heure actuelle et qui ne devrait pour le coup pas changer de si tôt.
Cela sans oublier d’énumérer un troisième point qui est celui de l’absence totale de réactivité et d’adaptation de la BCE. En particulier vis-à-vis de ce marché des cryptomonnaies qui ne peut plus être ignoré, même sans parler d’adoption à part entière. Un développement innovant et incontournable qui se fera de toute évidence – et une nouvelle fois – sans l’Europe.
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