Ethereum – Des transactions réversibles pour lutter contre les vols

26 septembre 2022 - 09:00

Temps de lecture : 4 minutes

Par Hugh B.

Toute personne impliquée dans le secteur des cryptomonnaies est malheureusement au courant : la marche arrière n’est pas une option installée sur la blockchain. Une réalité apprise le plus souvent à la dure, suite au vol de fonds numériques dans le cadre d’une arnaque. Avec cette possibilité un peu malsaine de pouvoir consulter ce grand livre ouvert pour constater qu’ils sont toujours là, inaccessibles, sur le portefeuille d’un autre. Le tout sans aucun véritable recours légal, mais peut-être bien la toute nouvelle possibilité de déclencher une réversibilité sous certaines conditions.

Deux camps s’affrontent dans le secteur des cryptomonnaies. Avec d’un côté les puristes du code qui font de cet alignement d’ordres numériques le seul livre de loi de la technologie blockchain. Au risque de payer la moindre erreur au prix fort, du fait de l’impossibilité de revenir sur ses pas. Et de l’autre des développeurs comme Vitalik Buterin, cofondateur du réseau Ethereum, qui souhaite remettre de l’humain dans cette équation en évolution constante.

Car une réalité – même numérique – uniquement contrôlée par le code informatique a tout du début d’une aventure aux accents dystopiques. Surtout si l’on considère que la plupart du temps, cette règle profite bien plus aux acteurs malveillants qu’à ceux qui sont là pour défendre l’idéologie initiale. Raison pour laquelle des chercheurs de l’Université de Stanford ont mis au point un prototype de « transactions réversibles » sur le réseau Ethereum. Cela afin de pouvoir lutter contre les vols qui gangrènent cet écosystème.

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Ethereum – Des transactions réversibles

Bien évidemment, il serait plus simple de compter sur la bonne volonté communautaire pour régler les problèmes de l’écosystème des cryptomonnaies. Mais la mise en pratique de ce principe montre déjà ses limites, alors que cette économie numérique n’en est encore qu’à ses balbutiements. Tout cela en raison de cette logique malheureusement récurrente qui fait de chaque nouvel espace de liberté le futur terrain de jeu de ceux qui confondent cette idéologie avec la possibilité de faire n’importe quoi. Raison pour laquelle il devient nécessaire de mettre en place des outils pour tenter de contrer cette dérive en marche. Et pourquoi pas avec le développement de transactions réversibles sur le réseau Ethereum.

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Une fonctionnalité qui pourrait à première vue sembler aller « à l’encontre de l’objectif de la blockchain ». Mais il n’en est rien, selon la présentation faite par Kaili Wang, chercheuse spécialisée dans ce domaine auprès de l’Université de Stanford. Car, selon cette dernière, il ne s’agit pas de remplacer le modèle des jetons actuels du réseau Ethereum. Le but est plus de pouvoir « ouvrir des fenêtres de courte durée après la transaction pour que les vols soient contestés et éventuellement restaurés. »

« Les piratages majeurs que nous avons vus sont indéniablement des vols avec des preuves solides. S’il existait un moyen d’inverser ces vols dans de telles circonstances, notre écosystème serait beaucoup plus sûr. Notre proposition n’autorise les annulations que si elles sont approuvées par un quorum décentralisé de juges. »

Kaili Wang, Université de Stanford

Ethereum – Des jetons ERC-20R et ERC-721R

Un principe qui permettrait donc d’intervenir – sous certaines conditions – lors de transactions frauduleuses impliquant des cryptomonnaies ou des NFTs. Car ces derniers sont devenus l’une des cibles privilégiées d’opérations de phishing parfois très lucratives. Et tout cela à l’aide d’une version hybride des jetons Ethereum actuels, identifiés sous les codes ERC-20R et ERC-721R. Ce « R » majuscule indiquant leur fonction de réversibilité, agrémentée d’une option de gel (freeze) « lorsqu’il existe suffisamment de preuves pour le mériter ».

Une fonctionnalité qui pourrait également permettre de lutter contre la tentative de l’acteur malveillant de « déplacer les actifs dans une transaction en cours d’exécution s’il voit une demande de gel entrante ». Avec un principe de blocage qui concerne également « le gel complet (et ses calculs) on-chain en une seule transaction, afin que l’attaquant ne puisse pas le dépasser ». Car, selon Kaili Wang, « l’immuabilité des transactions blockchain est à la fois une bénédiction et une malédiction. » Raison pour laquelle il faut pouvoir remédier aux dérives, sans remettre en cause l’intégrité de ce système.

Transactions réversibles – Un quorum décentralisé de juges

Une procédure qui semble fonctionnelle, en tout cas au niveau de sa programmation informatique. Mais qui pose un autre problème bien plus complexe dans le cas présent, avec la nécessité d’un « quorum décentralisé de juges ». Cela afin de déterminer le bien-fondé de chaque demande de gel effectuée, et la restitution – ou non – des fonds volés. Une décision qui doit être rapide et intervenir « dans un délai d’un jour ou deux au plus ». Avec la nécessité d’apporter des preuves de part et d’autre pour étayer la plainte formulée.

« La pièce la plus ambiguë de ce puzzle concerne le « quorum décentralisé des juges ». Qui sont ces juges ? Comment votent-ils ? Comment sont-ils récompensés ? Cette logistique appartient en fin de compte à la gouvernance, c’est-à-dire à quiconque crée l’instance de l’ERC-20R/ERC-721R. »

Un « système judiciaire décentralisé » qui va faire frémir de terreur bon nombre d’acteurs et d’utilisateurs de l’écosystème des cryptomonnaies. Car comment peut-il être mis en place ? Et comment désigner des individus en mesure d’obtenir un tel pouvoir ? Des questionnements légitimes auxquels Kaili Wang apporte une réponse assez simpl(ist)e : sa mise en place comme sa gestion sont à la charge de la communauté du projet concerné. Mais avant cela il va falloir trouver un moyen de « décourager les juges malhonnêtes et les pots-de-vin, les mécanismes de récompense, etc ».

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Car que faut-il privilégier ? Le risque de perdre ses cryptomonnaies lors d’une attaque dans un environnement décentralisé, sans possibilité de corriger le tir. Ou s’en remettre à un « système judiciaire décentralisé » dont la gestion reste très relative compte tenu du caractère hautement improbable de l’impartialité humaine, tout spécialement lorsque des fortunes numériques sont en jeu. Vous avez deux heures…

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