Un ex-directeur de la CIA remet les pendules à l’heure sur l’utilisation criminelle des cryptos

14 avril 2021 - 10:56

Temps de lecture : 3 minutes

Les cryptomonnaies souvent associées à des activités criminelles dans les déclarations des grands de ce monde viennent de se trouver un défenseur surprenant. Un ex-directeur de la plus notoire agence de renseignement (CIA) réfute point par point dans une étude approfondie les allégations relayées par les unes et les autres. Mieux encore, il prône la blockchain comme outil de lutte le plus efficace contre la criminalité.

Une étude pour répondre aux allégations mensongères

Michael Morell, un ancien de la CIA qui y a sévi pendant 33 ans, vient de publier une étude en réponse aux «préoccupations croissantes concernant les implications financières illicites de l’écosystème de la cryptomonnaie».

Commandé par le lobby nouvellement constitué ‘Crypto Council for Innovation » réunissant notamment Coinbase, Fidelity et Square, l’analyse se veut néanmoins résolument indépendante. Et elle l’est d’autant plus que l’ex-directeur admet avoir partagé les mêmes préjugés délétères que les responsables aux manettes quant à la dimension criminelle des cryptomonnaies.

Une conviction d’autant plus ancrée que de son point de vue, Janet Yellen, secrétaire au Trésor américain ou Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne qui ont été les dernières en date à entonner le refrain sur le Bitcoin favorisant le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, faisaient partie des personnes les mieux informées. Par conséquent pour lui, leurs déclarations respectives reposaient sur des faits avérés.

Or, à l’épreuve de consultations menées auprès de nombreux experts des services financiers, des systèmes de paiement, du renseignement mondial, et même d’anciens hauts fonctionnaires, l’analyse co-écrite par Josh Kirshner et Thomas Schoenberger conduit à des conclusions radicalement opposées.

Les généralisations abusives sur le Bitcoin vecteur de financement illicite largement surestimées

Comme l’ensemble de la cryptosphère, nous avons maintes fois relayé le résultat d’études très poussées menées par Chainalysis, CypherTrace et Elliptic qui confirme systématiquement une utilisation marginale des cryptomonnaies dans les activités criminelles. Des données sans appel mais qui sont restées lettre morte face à la mauvaise foi de nos dirigeants. Il ne nous restait plus qu’à fulminer en les entendant répéter de concert les mêmes inepties destinées à répandre la peur et le suspicion.

Mais l’intervention d’une voix autorisée peut faire changer les choses car que dit-elle sinon que ce que nous n’avons eu de cesse de signifier. Alors, remettons le couvert.

Le pourcentage de transactions illicites en cryptomonnaie représente moins de 1%.

Bitcoin BTC BTCUSD

A titre de comparaison, les estimations concernant les activités frauduleuses impliquant des monnaies fiduciaires varient entre 2 et 5% du PIB mondial. Des chiffres communiqués par le FMI qui estime la fraude dans une fourchette s’établissant entre 800 et 2000 milliards de dollars (par nature, on ne peut précisément la quantifier). Rien que pour la vieille Europe, selon Europol, 1% des richesses de l’Union européenne serait impliqué dans des activités financières suspectes, soit l’équivalent du budget de l’UE.

La conclusion de l’étude conduite par Michael Morell est implacable.

La croyance commune selon laquelle Bitcoin est à la fois principalement et de plus en plus utilisé à des fins de financement illicite est non informée et non basée sur des données. Il n’y a pas de chiffres ni de méthodologies la soutenant.

Michael Morell , » Une analyse de l’utilisation de Bitcoin dans le financement illicite »

La blockchain, un outil performant pour lutter contre la criminalité

Mais le plus intéressant dans cette étude est ailleurs. Relayé par Forbes, Morell soutient qu’il pourrait y avoir de graves répercussions géopolitiques pour les Etats-unis vis-à-vis de la Chine s’ils s’entêtaient à gaspiller de l’énergie et des ressources à poursuivre un fantôme plutôt que de tirer parti de la blockchain pour construire la base technologique et économique du pays.

Nous devons nous assurer que la sagesse conventionnelle qui est erronée à propos de l’utilisation illicite de Bitcoin ne nous empêche pas de faire avancer les changements technologiques qui vont nous permettre de suivre le rythme de la Chine. »

Michael Morell à Forbes

Car oui, pour lui comme pour tous ceux qui s’informent vraiment, l’un des protocoles technologiques sur lequel repose le Bitcoin, à savoir la fameuse blockchain, possède des vertus irremplaçables. Etant un registre public, décentralisé et immuable, elle permet un suivi aisé des transactions. Une facilité d’accès sans commune mesure avec le tracement des fonds illégaux traversant les frontières à l’aide de «transactions bancaires traditionnelles» ou le pistage du cash. Mieux encore, une source citée dans le rapport a déclaré que «si tous les criminels utilisaient la blockchain, nous pourrions éliminer les activités financières illicites».

Le registre de la blockchain sur lequel les transactions Bitcoin sont enregistrées est un outil médico-légal sous-utilisé qui peut être utilisé plus largement par les forces de l’ordre et la communauté du renseignement pour identifier et interrompre les activités illicites.

Michael Morell , » Une analyse de l’utilisation de Bitcoin dans le financement illicite »

Voilà qui remettra du baume au coeur à ceux qui s’époumonent depuis des lustres pour faire entendre la voix de la raison à des dirigeants sourds aux arguments objectivement observables.

Recevez le top 3 de l'actualité crypto chaque dimanche