Les cryptomonnaies désormais incontournables dans le paysage financier institutionnel

La dynamique institutionnelle du marché des cryptomonnaies n’est pas prête de s’enrayer selon le géant de l’investissement Fidelity. Deux facteurs majeurs en sont le moteur : le stimulus monétaire activé par les banques centrales et les taux d’intérêt bas qu’elles pratiquent. Une recette implacable selon Fidelity, et tous les observateurs patentés, pour favoriser l’émergence d’un actif rare et décentralisé comme le Bitcoin.

Les cryptomonnaies ouvrent un nouveau chapitre du grand livre de la finance

Le géant de l’investissement est dirigé par une croyante crypto précoce Abigail Jonhson. Elle a lancé dès 2018  un service de garde et de trading de cryptomonnaies (Fidelity Digital Assets), convaincue que le marché des actifs numériques était prometteur. Une gageure pour l’époque. Le monde de la finance classique étant, rappelons-le, massivement hostile à cette nouvelle classe d’actifs. Aujourd’hui, et alors que Wall Street est devenu, du moins certaines de ses figures emblématiques, pro-Bitcoin, Fidelity confirme son orientation initiale. Loin d’être un feu de paille, les cryptomonnaies ouvrent de son point de vue, un nouveau chapitre pour le monde de la finance traditionnelle.

Ainsi, Tom Jessop, responsable de la division crypto de la société d’investissement, dans un entretien à MarketWatch, exprime un avis partagé par un nombre croissant d’acteurs du monde institutionnel qui, après avoir longtemps négligé le Bitcoin, le regarde aujourd’hui avec les yeux de la raison, sinon même avec les yeux de l’amour si on pense à Michael Saylor de MicroStrategy qui n’a de cesse de vouloir en accumuler toujours plus. Pionnier en matière d’investissement institutionnel, il vient encore d’en ajouter au bilan de son entreprise. La société de surveillance logicielle peut désormais se targuer d’un trésor de guerre de 91 579 BTC, soit près de 0,5 % de l’offre en circulation.

Si la voracité de Michael Saylor marque les esprits, elle est surtout emblématique du tournant que connaît l’industrie crypto qui, pour reprendre l’expression de Tom Jessop, également adoptée par Mike Novogratz, PDG de Galaxy Digital, « se trouve à un point de basculement« .

Une adoption institutionnelle favorisée par un contexte économique sombre

Le responsable du service crypto de Fidelity ne doute pas que l’adoption des cryptomonnaies en tant que classe d’investissement va se poursuivre « à un rythme rapide dans les années à venir » poussé par un contexte économique aux perspectives sombres induit par deux facteurs majeurs. Des taux d’intérêts bas, moteur d’inflation plus que de croissance, et une politique de stimulus monétaire (6000 milliards de dollars émis par la Réserve Fédérale américaine depuis le début de la pandémie) susceptible de dévaluer les monnaies fiduciaires de façon radicale.

Je pense que vous avez accumulé l’expérience d’environ 12 ans de fonctionnement de la blockchain Bitcoin depuis le bloc de genèse au début de 2009. Et la pandémie, très franchement, a été un catalyseur pour l’adoption institutionnelle, et en particulier Bitcoin et le récit, ou cas d’utilisation, autour de l’or numérique. »

Tom Jessop, responsable de la division crypto chez Fidelity Investments

A l’image d’un nombre croissant d’entreprises (Tesla, MassMutual, Aker, Meitu…) qui se sont emparé du Bitcoin comme valeur-refuge et l’ont intégré à leur trésorerie, Jessop reprend l’idée d’un « or numérique », c’est à dire d’un actif doté de vertus irremplaçables, rare et sans contrôle des Etats, en voie de devenir incontournable. C’est donc armé de cette conviction que Fidelity vient de candidater auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis pour un fonds négocié en bourse Bitcoin (ETF). Une candidature d’autant plus légitime que grâce à l’acuité de sa dirigeante, Fidelity a été l’une des premières institutions de Wall Street à intégrer le Bitcoin dans des stratégies d’investissement d’envergure et à défendre publiquement la proposition singulière de valeur du Bitcoin.