Powell, pas well pour les cryptos…

27 août 2022 - 16:30

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A l’occasion du symposium annuel des banques centrales à Jackson Hole dans le Wyoming, le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, a confirmé le prolongement d’une politique de resserrement monétaire pour lutter contre l’inflation. Sans surprise. Mais la tonalité générale du discours, promettant du sang et des larmes, a déstabilisé les marchés, crypto compris, qui se sont rapidement teintés de rouge.

Pas de relâchement dans la lutte contre l’inflation

Le puissant patron de la banque centrale US, Jerome Powell, n’a pas fait dans la dentelle. Certes, lors de son allocution redoutée, il n’a pas fait de révélation particulière, se contentant de répéter ce qu’il avait déjà dit. A savoir, s’attendre à une continuité dans la politique de relèvement des taux pour juguler l’inflation. Une inflation qui a néanmoins ralenti au mois de juillet avec un taux annuel de 8,5%. Un léger mieux par rapport à juin qui a connu un pic, pas revisité depuis 40 ans aux Etats-Unis, de 9,1% selon l’indice des prix à la consommation CPI.

Un signe encourageant qui a pu faire croire aux marchés – leurs rebonds récents en témoignent -, que la Fed assouplirait quelque peu sa politique agressive, d’autant que l’indice des prix « core PCE » observé de près et publié hier, est lui aussi à la baisse. Mais c’était sans compter sur un Powell remonté comme une pendule, qui ne veut pas de pause dans le resserrement monétaire, quitte à enrayer le moteur de la croissance économique.

Si ces dernières baisses de juillet sont bienvenues, une amélioration sur un mois seulement est loin d’être suffisante.

Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine, in allocution à Jackson Hole

Jerome Powell n’a cependant donné aucune indication sur ce qui pourrait être décidé lors de la réunion du Federal Open Market Commitee en septembre. Un relèvement des taux à 50 points de base ? A 75 comme lors des deux tours de vis précédents ? Quoi qu’il en soit, a t-il affirmé, la Fed usera « vigoureusement » des outils à sa disposition pour revenir à la stabilité des prix.

L’appauvrissement des citoyens est le prix à payer

Adoptant un ton ferme et direct, inhabituel pour un banquier central dont l’objectif est souvent, de perdre en chemin les auditeurs les moins aguerris, il a averti de temps difficiles à venir. « Longue période de croissance plus faible« , « ralentissement du marché du travail » et « une douleur certaine pour les ménages et entreprises« , voilà ce qu’il promet.

Le prix à payer selon lui , pour « ne pas mettre en péril l’économie ». Si, toujours selon ses mots, la politique monétaire de la Fed aura « une série de coûts regrettables », il a admis « qu’à un certain stade, il sera opportun de ralentir le rythme des relèvements de taux ». Une lueur au bout du chemin, vite assombrie par la réaffirmation d’une ligne de conduite à tenir : « l’histoire montre qu’il faut prendre garde à ne pas relâcher la politique monétaire trop tôt« .

La colombe devenu faucon

Un changement notable pour celui qui, il n’y a pas si longtemps, était considéré plutôt comme une colombe (responsable économique privilégiant un chômage bas et une stimulation de la croissance) que comme un faucon (favorisant une inflation faible et stable) de la politique monétaire.

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De fait, Powell serait plutôt « pigeon », vocable volatile désignant un responsable modifiant sa position en fonction du contexte. Rappelons à toutes fins utile que sous son premier mandat, la masse monétaire en circulation affichait 8700 milliards de dollars, soit plus du double de ce qu’elle était en 2020.

Un changement qu’il avait annoncé dès sa reconduction à la tête de la Fed en novembre dernier, après avoir longtemps clamé que l’inflation ne serait que provisoire. Citant deux fois, lors de sa brève allocution, Paul Volcker, l’un de ses prédécesseurs à la Réserve fédérale, connu pour sa politique inflexible en matière de contrôle de l’inflation, on peut deviner là où désormais il place le curseur.

Le marché crypto souffre comme tous les autres

Le marché crypto qui s’était négocié plutôt latéralement tout au long de la semaine, a fortement chuté après l’intervention de Powell. Il a perdu plus de 70 milliards de dollars, repassant sous les 1000 milliards de dollars de capitalisation boursière.

Source : CoinMarketCap

Bitcoin et Ethereum ont respectivement perdu 5 et 8% sur 24 heures et la grande majorité des altcoins n’a pas échappé à la purge. Mais le Fear & Greed Index, mesure qui évalue le sentiment des investisseurs crypto, reste stable avec un score de 28. La peur toujours, mais pas plus qu’hier.

Bitcoin Fear & Greed Index

Le marché boursier américain a aussi mal encaissé le coup.

Rien de surprenant, dans un tel contexte, les investisseurs recherchant plutôt des actifs considérés comme moins risqués et se débarrassent des « risk-on« .

Pour Bitcoin, c’est la première fois qu’il affronte un tel environnement, inédit pour lui né en 2008. De fait, nul ne peut présumer de son comportement dans les mois à venir. En effet, s’il peut être considéré comme un rempart à l’inflation à long terme du fait de sa nature déflationniste, à plus court terme, c’est beaucoup moins probant. Let’s wait and see.

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