Powell reconduit à la tête de la Fed, quelles conséquences pour le bitcoin ?
23 novembre 2021 - 11:14
Temps de lecture : 4 minutes
Par Nathalie E.
Joe Biden a fait le choix de la continuité en proposant le maintien de Jerome Powell à la tête de la banque centrale américaine, la toute puissante Fed. Lael Brainard, un moment pressentie pour prendre les rênes, est proposée au poste de vice-présidente à la supervision du système bancaire du pays. Des nominations qui pourraient bien faire le jeu du bitcoin, ou pas…
Powell maintenu à la présidence de la Fed
Nommé par Donald Trump qui l’a beaucoup maltraité ensuite, Jerome Powell a reçu l’aval du président américain Biden pour un nouveau mandat de 4 ans à la tête de la banque centrale américaine. Un choix justifié par ses états de service selon le communiqué de la Maison Blanche.
« Le président Powell a assuré un leadership constant au cours d’une période de défis sans précédent, notamment la plus grande récession économique de l’histoire moderne et les attaques contre l’indépendance de la Réserve fédérale.»
Le Sénat devrait valider sans difficulté la nomination de ce républicain modéré. Une approbation qui aurait été plus difficile à obtenir pour Lael Brainard, située plus à gauche et longtemps pressentie pour occuper le poste. Car, si la banque centrale est indépendante, les nominations elles, doivent tenir compte des équilibres politiques. L’économiste et démocrate, qui siège depuis 2014 au conseil de la Fed, hérite donc du poste de vice-présidente à la supervision du système bancaire du pays.
« Lael Brainard – l’une des plus grands macro-économistes de notre pays – a joué un rôle de premier plan au sein de la Réserve fédérale, travaillant avec Powell pour contribuer à la reprise économique robuste de notre pays. »
Communiqué de la Maison Blanche
Face aux cryptomonnaies, des positions attendues de régulateur
Il s’agit d’abord de distinguer les mots des faits. Powell, tout comme Brainard, n’a jamais professé une énorme bienveillance vis à vis des cryptomonnaies. Néanmoins, leur peu d’appétence pour une monnaie décentralisée comme le bitcoin, qui échappe par nature à leur contrôle, ne va pas plus loin que quelques mises en garde un peu dérisoires. Brainard se montrant sur ce point un peu plus avertie, si tant est que l’antienne « blockchain, c’est bien; bitcoin, c’est mal » soit considérée comme un premier pas vers la connaissance. C’est surtout qu’elle s’intéresse de près au développement d’un dollar numérique et corrélativement au protocole technologique sur lequel il reposerait.
Powel lui se révèle moins au fait, au point qu’il lui est arrivé de mettre dans un même sac stablecoins et cryptomonnaies, les premiers étant dans le viseur des régulateurs tandis que les secondes attendent toujours leur heure. On badine un peu… Mais de fait, les deux partagent la conviction que les cryptomonnaies ne devraient pas être autorisées à se développer librement au point de menacer le système financier existant. Ce qui est, convenons-en, un peu ironique dans la mesure où c’est la politique accommodante de la Fed sous le mandat de Powell qui a contribué à l’essor du bitcoin depuis la crise Covid de 2020.
Une politique accommodante de la Fed qui a favorisé l’essor du bitcoin
En effet, on a assisté à une augmentation excessive de la production monétaire, sachant que 35% des dollars américains actuellement en circulation ont été imprimés sous sa direction. Et la zone euro n’a pas échappé non plus à la tentation de faire fonctionner la planche à billet numérique, le quantitative easing, suscitant une inquiétude légitime quant à une dévaluation massive des devises.
De fait, face au spectre d’une inflation galopante, qui a commencé à pointer plus que le bout de son nez, avec un niveau de 6,2 % en octobre en territoire US, soit un plus haut jamais enregistré depuis 1990, Bitcoin, avec une production limitée à 21 millions d’unités inscrite dans son code informatique, est apparu aux yeux de certains comme une valeur refuge. Et ce n’est pas MicroStrategy, société cotée au Nasdaq, qui depuis l’été 2020, a placé une grande partie de sa trésorerie en bitcoins qui contredira cette assertion. Michael Saylor, son PDG, refusant selon ses dires, de regarder sa trésorerie en dollars « fondre comme un glaçon ».
Or numérique contre dollar « fondant »: le récit va t-il perdurer ?
Mais ce récit d’un bitcoin comme or numérique est-il susceptible de perdurer ? Vraisemblablement, si la Fed conduit la même politique monétaire. Mais, rien n’est moins sûr. Face à la résurgence de l’inflation, le dispositif de rachat des obligations souveraines pourrait toucher à sa fin selon l’objectif fixé par Biden.
« Nous ne pouvons pas simplement revenir là où nous étions avant la pandémie. Nous devons mieux reconstruire notre économie. Et je suis convaincu que le président Powell et le Dr Brainard se concentrent sur le maintien de l’inflation à un bas niveau, les prix stables et le plein emploi pour rendre notre économie plus forte que jamais .»
Déclaration de Joe Biden
Du moins, il pourrait se mettre en place progressivement. Ce tapering (réduction progressive de la politique d’assouplissement monétaire – quantitative easing – menée par la Fed) pourrait donc survenir bientôt à condition d’affecter le moins possible la reprise économique. Un exercice périlleux, d’autant que le Covid-19 revient au premier rang des préoccupations.
Un bitcoin qui répond à la hausse puis à la baisse
Mais les responsables de la Fed martelant que ce pic inflationniste est principalement dû à des facteurs temporaires, ils pourraient vouloir poursuivre dans la même voie. Et même si la hausse des prix n’est pas temporaire, Coindesk rappelle que les deux nommés sont considérés par les économistes comme des « colombes » de la politique monétaire. En termes clairs, cela signifie qu’en privilégiant un chômage bas et une stimulation de la croissance, ils sont susceptibles de s’accommoder, s’ils ont le choix, d’une inflation en hausse. Un point positif pour le bitcoin envisagé comme couverture.
Difficile donc de trancher dans un sens ou dans un autre face à la reconduction de Powell à la tête de la Fed. La courbe du Bitcoin sur ces dernières 24 heures en est d’ailleurs l’éloquente illustration.
Culminant à 59 300$ juste après l’annonce de la Maison Blanche, il a chuté à 55 800$ quelques heures plus tard et les perspectives immédiates ne sont pas des plus réjouissantes.
Une première prise de paroles de Jerome Powell, après sa nomination, vient peut-être de lever les doutes sur les orientations qui seront prises par la Réserve fédérale dans les mois à venir. Il a en effet déclaré que la Fed allait « agir pour que l’inflation ne s’enracine pas ».
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