Binance: bye bye Paris ?
24 novembre 2021 - 08:57
Temps de lecture : 2 minutes
Par Nathalie E.
Après des années à jouer à cache-cache avec les autorités de régulation concernant un siège social fantôme, l’échange Binance, en quête de conformité, s’est enfin résolu à adopter une adresse de domiciliation. Si la France a pu apparaitre comme une option possible suite à la visite de Changpeng Zhao (CZ) son PDG, l’Irlande semble néanmoins la destination de prédilection. Pas de certitude mais des indices de plus en plus probants qui le laissent penser.
4ème entité légale pour Binance en Irlande
Après avoir créé trois sociétés en septembre (Binance (APAC) Holdings, Binance (Services) Holdings et Binance Technologies), l’exchange crypto, première plateforme du monde en termes de volume de transactions, vient selon l’Irish Independent, d’en enregistrer une quatrième. Une nouvelle entité légale s’appelant Binance Exchange (Ie) qui irait dans le sens de ce que CZ avait déclaré en octobre à Reuters par rapport à la domiciliation de l’exchange. Mais depuis Chanpeng Zhao est venu faire un petit tour en France avec une enveloppe de 100 millions d’euros pour soutenir le développement de l’écosystème crypto hexagonal et européen.
Et, à cette occasion, il avait laissé entendre que la France pourrait abriter un siège régional sinon même, avait-il taquiné, le siège mondial de Binance. Passons sur une séquence proprement hallucinante pour les acteurs de la cryptosphère française qui n’ont jusque là jamais eu droit à autant d’égard ni même à un peu de considération de la part de Bercy, et attardons-nous sur ce que cela peut signifier.
L’Irlande, un eldorado pour les entreprises
CZ on le sait, s’est lancé dans une vaste entreprise de séduction « légale » depuis que sa plateforme a été l’objet de l’ire presque unanime des régulateurs. Enfin unanime non, en l’occurrence ni l’Irlande, ni la France n’ont manifesté d’acrimonie pointilleuse à son encontre (ceci expliquant peut-être cela). De fait, le fondateur a pu tout naturellement jeter son dévolu sur ces deux pays pour jouer les VRP ou créer des sociétés.
Mais la France possède indéniablement moins d’atouts que l’Irlande. Binance doit déjà franchir un premier obstacle réglementaire, ne bénéficiant pas encore du statut de prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) nécessaire pour exercer son activité sur le territoire. Un rien pour la plateforme qui affirme qu’il ne s’agit que d’une simple formalité qui devrait être réglée d’ici quelques mois.
En revanche d’un point de vue fiscal, la concurrence entre les deux pays tourne en faveur de l’Irlande. En effet et bien que l’enveloppe de 100 million d’euros pourrait offrir à Binance des réductions d’impôts conséquentes connues sous le nom de Crédit d’impôt recherche (CIR), l’Irlande reste aux yeux des multinationales du numérique (Apple, Google, Facebook, Twitter, PayPal…) le paradis européen de la fiscalité. Taux d’imposition sur les sociétés de 12,5% (qui devrait en théorie passer à 15%) et des dividendes rarement taxés.
De fait, en créant ces sociétés en Irlande, difficile de croire que Binance ne cherche qu’à faire de l’optimisation fiscale sans y abriter son siège… Officiellement, aucune décision n’a encore été prise.
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