Bitcoin – L’argent ne sera plus jamais le même après la guerre en Ukraine
Le conflit enclenché par la Russie en Ukraine est à l’origine de nombreux bouleversements économiques. En particulier suite à la multiplication de sanctions à l’égard d’un pays grand producteur mondial de matières premières. Et dans le cas présent, « un choc d’approvisionnement qui n’est pas provoqué par le fournisseur, mais par le consommateur. » Tout cela bousculé par un nouveau venu et inattendu trublion sur cet échiquier de la politique mondial : le Bitcoin. Car Zoltan Pozsar, responsable mondial de la stratégie au Crédit suisse, en est persuadé, un nouveau paradigme monétaire va naître de cette crise.
09 mars 2022 - 10:00
Temps de lecture : 3 minutes
Par Hugh B.
Impossible d’ignorer l’impact des cryptomonnaies sur les conséquences et la gestion de la guerre en Ukraine. Avec un gouvernement en train de publier des adresses sur Twitter pour recevoir des dons numériques par dizaines de millions de dollars. Et même l’improbable mise en place d’un airdrop digne d’un protocole de la DeFi, mais rapidement annulé pour être remplacé par une tout aussi surréaliste vente de jetons NFT. Et rien ne sera plus jamais comme avant…
Car dans le même temps, une véritable guerre monétaire s’est enclenchée à l’encontre de la Russie. Avec des géants du paiement comme PayPal, Visa et MasterCard bien décidés à s’inscrire dans une stratégie de sanctions inédites. Et face à cela, un Bitcoin dont la liberté d’utilisation et la résistance à la censure s’imposent comme une alternative à destination des petits investisseurs. Une situation historique selon Zoltan Pozsar, qui y voit l’émergence d’une nouvelle organisation internationale de la monnaie et des réserves. Avec la mise en place d’un scénario de type « Bretton Woods III. »
Bretton Woods III – Nouveau paradigme monétaire
Les accords de Bretton Woods intervenus en 1944 ont fixé l’or comme base du dollar américain, mais également sa domination sur toutes les autres monnaies mondiales. Ces dernières directement rattachées au billet vert. Un système rapidement devenu problématique et réaménagé par le Président Nixon en 1971. Avec comme principale et historique conséquence une séparation effective entre le dollar et l’or. Et quelques années plus tard, l’annulation des taux de change fixes entre les devises. Ces dernières flottant dorénavant les unes par rapport aux autres en fonction de l’offre et de la demande.
Mais, selon Zoltan Pozsar, la situation actuelle en relation à la guerre en Ukraine pourrait bien dessiner les prémices d’un Bretton Woods III. Car il affirme que la chute de son ancien modèle s’est produite la semaine dernière, lorsque les pays du G7 ont décidé de saisir les réserves de change de la Russie. Ces fonds en devises étrangères détenues par les banques centrales. Avec comme conséquences, une augmentation de la monnaie extérieure – les matières premières – par rapport à la monnaie intérieure – les bons du Trésor.
« De l’ère de Bretton Woods adossé à l’or en lingot, à Bretton Woods II adossé à de l’argent intérieur, à Bretton Woods III adossé à de l’argent extérieur. (…) Nous assistons à la naissance de Bretton Woods III – un nouvel ordre (monétaire) mondial centré sur les monnaies basées sur les matières premières à l’Est qui affaiblira probablement le système de l’eurodollar et contribuera également aux forces inflationnistes à l’Ouest. »
Zoltan Pozsar
Une crise des matières premières se prépare
Selon Zoltan Pozsar, « une crise se prépare. » Et elle devrait concerner les matières premières. Ces dernières assimilées à des garanties et du coup comparables à de la monnaie. Car la Russie est le plus grand producteur mondial de matières premières. Et les sanctions émises à son encontre entraînent une augmentation inévitable des prix. En particulier du fait d’un marché mondial « beaucoup plus endetté » actuellement qu’il ne l’était lors de la crise de l’approvisionnement de l’OPEP en 1973.
« Si vous pensez que l’Occident peut élaborer des sanctions qui maximisent la douleur pour la Russie tout en minimisant les risques pour la stabilité financière et les risques pour la stabilité des prix en Occident, vous pouvez également croire aux licornes. »
Zoltan Pozsar
Et contrairement à d’autres crises précédentes, les banques centrales occidentales ne peuvent pas soutenir la « propagation des matières premières. » Cela pour la simple et bonne raison qu’elles sont à l’origine des sanctions imposées à la Russie. Raison pour laquelle Zoltan Pozsar voit la Chine comme grande gagnante de cette situation internationale. Mais peut-être également le Bitcoin !
Bitcoin – L’argent ne sera plus jamais le même
Car, en tant qu’alliée de la Russie, la Banque populaire de Chine sera plus à même de contrôler l’inflation qui devrait frapper le reste du monde. Et cela en parallèle d’une récession et de pénuries importantes aux États-Unis. Avec un renminbi adossé aux matières premières qui devrait s’imposer face à un dollar beaucoup plus faible et moins fiable en temps que monnaie de réserve mondiale. Surtout si l’on considère l’inflation historique de 7,5% qu’il affiche actuellement.
Une analyse des enjeux monétaires mondiaux qui penche donc en faveur d’un changement de paradigme. Avec un dollar en perte de puissance. Et un yuan numérique chinois qui pourrait bien tirer profit de cette crise internationale. Mais une conclusion assez surprenante de la part de Zoltan Pozsar, tout particulièrement si l’on considère sa position au sein de Crédit suisse. Car ce dernier termine son rapport avec cette simple affirmation :
« Une fois cette guerre terminée, « l’argent » ne sera plus jamais le même… et le Bitcoin (s’il existe toujours à ce moment-là) bénéficiera probablement de tout cela. »
Zoltan Pozsar
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