Les stablecoins doivent être l’apanage des banques, parole de banquier !

21 août 2022 - 10:28

Temps de lecture : 3 minutes

Les stablecoins, on le sait, sont un sujet de préoccupation majeure pour les régulateurs. Ils le sont également pour les institutions bancaires, en territoire US surtout, parité avec le dollar oblige, qui aimeraient bien diriger les opérations en ce domaine, arguant d’une légitimité de fait. Soumises à une surveillance fédérale stricte, elles seraient toutes désignées pour devenir les émettrices respectables de ces cryptos d’un genre particulier. Cryptos qui font peser en l’état actuel de multiples risques en étant entre les mains de sociétés peu réglementées. Arrêt sur l’avis d’un banquier parmi d’autres.

Main basse sur les stablecoins

Scott Beck, directeur général de la United Texas Bank, veut bien des stablecoins, mais à condition qu’ils soient émis par des banques et non par des sociétés privées comme Circle ou Tether. Bon, vous me direz, on s’en fiche un peu de son avis. Mais dans le contexte actuel, où les cryptos adossées au dollar sont sur la sellette (notamment en tant que concurrentes à une future et hypothétique CBDC, autrement dit à une version numérique et programmable du billet vert), on accordera un peu plus d’égard à sa réponse.

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Car oui, on l’a sollicité pour connaître son avis sur la question comme le rapporte Cointelegraph. Plus précisément, il est intervenu lors du Texas Work Group on Blockchain Matters qui s’est tenu à Austin cette semaine, dont la mission est de faire du Texas un leader de l’innovation Bitcoin et Blockchain selon son site internet.

Reprenant l’antienne de la plupart de ses confrères, Scott Beck s’inquiète que les stablecoins soient entre les mains de sociétés qui ne bénéficient pas de la même exigence réglementaire que les établissements bancaires. Il y voit là un traitement inéquitable injustifié, doublé d’un mépris intolérable pour le savoir-faire « indiscutable » des institutions en matière de gestion d’argent.

Si ces pièces stables sont définies comme de la « monnaie », les banques sont l’acteur économique approprié pour émettre et gérer des pièces stables. Les banques ont l’expertise et le cadre juridique pour gérer l’argent, et contrairement aux acteurs actuels des pièces stables, les banques sont fortement réglementées au niveau des États et au niveau fédéral.

Scott Beck, directeur général de la United Texas Bank, cité in Cointelegraph

Pour une interdiction d’émetteurs privés

A l’appui de sa déclaration, le rapport de l’administration américaine publié en novembre 2021. Rapport qui appelait le Congrès à adopter des lois qui contraindraient les émetteurs de stablecoins à devenir des « institutions de dépôt assurées ».

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Nathalie E. - 02 Nov 2021 - 11:00

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Mais soucieux de conserver son pré carré, il pousse le raisonnement plus loin en prônant carrément l’interdiction de ces dits émetteurs.

L’introduction d’activités de pièces stables dans le secteur bancaire et l’interdiction aux non-banques d’émettre des pièces stables renforceront la protection des consommateurs et attireront des ressources et des capitaux supplémentaires dans ce domaine d’activité économique émergent.

Scott Beck, directeur général de la United Texas Bank, cité in Cointelegraph

Bancaire ou bancal ?

Le sempiternel argument de la protection des utilisateurs prenant bien sûr plus de poids depuis l’effondrement du stablecoin algorithmique UST, qui a occasionné des ravages en cascade et réactualisé le risque systémique tant redouté par les régulateurs d’ici ou d’ailleurs.

Aussi, et alors que le président du Texas Blockchain Council, Lee Bratcher, qualifiait la proposition de Beck d’« anticoncurrentielle », le  PDG de la United Texas Bank a insisté sur une différence fondamentale opposant les banques dûment agrées et les sociétés émettrices de stablecoins, sortant un peu de nulle part.

Pour les premières, les réserves des coins, affirme-il un peu bravement, resteraient à la Fed (la banque centrale américaine) et à ce titre, seraient assurées par la FDIC. A une réserve près, c’est que l’agence fédérale qui garantit les dépôts bancaire se montre plutôt frileuse quant à la nouvelle orientation de certaines de ses ouailles, rapport à son portefeuille.

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Nonobstant ce bémol, pour les secondes, les choses sont effectivement plus tortueuses, même s’il y a du progrès. Ainsi, les réserves de l’USDC sont depuis avril dernier en grande partie « à l’abri » dans une institution bancaire séculaire, la BNY Mellon. L’argument phare du banquier prend donc un peu l’eau. Il semblerait d’ailleurs que l’on se dirige davantage côté US vers une institutionnalisation des sociétés déjà en place. Les derniers gros efforts de conformité produits par les géants du secteur tendraient à l’attester.

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