Les rendements de la DeFi sans les risques – Offre illusoire ou réalité ?
30 novembre 2020 - 10:20
Temps de lecture : 5 minutes
Par Hugh B.
Investir dans le domaine des cryptomonnaies comporte des risques qui sont bien souvent à l’image des bénéfices potentiels. Mais cela ne se résume pourtant pas à une trop simple équation dont l’expression donnerait un caricatural et réducteur « plus de risques = plus de rendements. » Car réduire l’exposition de son portefeuille aux aléas du marché peut se révéler tout aussi payant sur le long terme. Si cela permet d’éviter d’encaisser les fortes baisses qui y sont bien souvent associées.
Les multiples offres de la DeFi reposent sur des rendements souvent très attractifs. Une manière de faire venir à elle les fonds dont elle a besoin pour son développement. Cela directement et intensivement alimenté par sa stratégie très incitative du liquidity mining. Une mise en place durant l’été qui a très vite montré son efficacité avec une hausse exceptionnelle de la valeur totale bloquée (TVL) dans son univers.
Celle-ci a effectivement augmenté de plus de 650% en quelques mois seulement. Ce qui laisse imaginer les profits potentiels réalisés par ses investisseurs. Mais cela uniquement s’ils choisissent la bonne terre à cultiver pour y implanter un farming rentable. Car les scams sont à l’affût de cet emballement sans précédent.
Une explosion record portée par une agriculture intensive du rendement qui a fait des pools de liquidité de ses divers protocoles des sources de profits importantes. Cela principalement à destination des Yield Farmers et autres dégénérés (degens) de la DeFi. Le tout alimenté par une guerre du rendement qui dessine et défait cet univers aussi vite que sa hausse se poursuit.
Les limites du liquidity mining
Mais cette mise en place du liquidity mining pose une question essentielle. Cela indépendamment du risque qu’il représente à la fois en temps que placement, mais aussi en temps que cible privilégiée des attaques de centralisation que subit à répétition la DeFi.
Un point que les investisseurs du domaine semblent ignorer, mais qui peut se résumer à la courbe de la valeur totale bloquée (TVL) dans la plateforme Uniswap. Cette dernière ayant brutalement chuté suite à l’arrêt de ses offres de liquidity mining. Cela avec un effondrement de plus de 50% de sa TVL en seulement quelques jours. Le tout comme résultat de l’incapacité de sa communauté à se prononcer sur son avenir.
Un scénario qui laisse entrevoir ce que pourrait donner la courbe actuelle de la DeFi. Cela une fois que ses multiples offres de liquidity mining seront arrivées à terme. Et qui remet sur le devant de la scène le spectre de son effondrement possible. Mais il faudrait pour cela se projeter sur un peu plus que quelques mois. Et ce n’est visiblement pas l’état d’esprit actuel dans le domaine.
Une culture de rendement éco-responsable
Car la culture de rendement des terres fertiles de la DeFi a encore de beaux jours devant elle. Cela du fait de l’arrosage tout à fait artificiel dont elle bénéficie. Et qui permet de réaliser des récoltes qui ne doivent pourtant pas faire oublier leur caractère très risqué. Une réalité souvent ignorée qui est pourtant à l’origine de l’apparition de nouveaux acteurs sur le sujet.
Cela avec la mise en place de protocoles dont le but est d’offrir un farming plus raisonné. Projets au sein desquels il est apparemment possible de moduler son exposition au risque. Une première dans le domaine qui tente visiblement de dompter cette jungle spéculative. Afin de la rendre accessible à des agriculteurs plus portés sur la sécurité que sur les rendements excessifs.
Et deux projets principaux se dégagent actuellement au sein de cette nouvelle scène de la sécurisation des placements version DeFi. Cela avec des offres assez similaires qui rencontrent un succès important depuis leurs récents lancements respectifs. Et ironiquement malgré un manque d’audit avéré et des développeurs anonymes pour le plus populaire d’entre eux.
Le projet Saffron.finance (SFI)
Il s’agit du projet répondant au nom de Saffron.finance. Ce dernier ayant récolté plus de 58 millions de dollars en TVL depuis son lancement le 1er novembre dernier. Le tout repose sur son jeton natif SFI qui enregistre des records. Cela avec une hausse de plus de 1300% en moins d’une semaine qui a projeté son cours au-dessus des 1000$. Alors qu’il avait démarré aux environs des 75$.
Le but officiel de ce protocole est d’offrir une « exposition dynamique » à différents niveaux de risques et de rendements au sein de la DeFi. Cela avec un système de trois tranches distinctes divisées en fonction de caractéristiques précises. Les bénéfices potentiels étant corrélés aux options définies par l’investisseur.
« Les plateformes de gains décentralisées existantes exposent les fournisseurs de liquidité à des résultats complexes axés sur le code. Les participants au réseau doivent évaluer un éventail de scénarios catastrophiques où l’état qui en résulte pourrait anéantir leurs avoirs ou conduire à des pertes impermanentes importantes. Il est difficile d’anticiper l’effet net d’une volatilité extrême des marchés ou d’attaques économiques ciblées. Le safran réduit l’ensemble des résultats possibles en donnant aux fournisseurs de liquidité une exposition dynamique. » – Saffron.finance
Cela peut aller de la version AA la moins risquée à la version A qui devra assumer seul les pertes éventuelles. Mais dont les bénéfices sont annoncés comme dix fois supérieurs à ceux réalisés seuls. Le tout généreusement arrosé de jetons SFI dont le montant augmente en fonction de la prise de risque.
Le projet Barnbridge (BOND)
Le second projet est le plus ancien – de quelques semaines seulement – et porte le nom de Barnbridge. Il bénéficie d’une posture plus officielle. Cela du fait de sa mise en place soutenue par des acteurs connus du secteur de la DeFi. Et principalement le fondateur du protocole Synthetix et le fondateur de la structure Aave. Mais aussi grâce à une valeur totale bloquée (TVL) qui approche des 186 millions de dollars.
Le tout avec une offre qui repose sur le même principe de tranches et un jeton natif, cette fois du nom de BOND. Ce dernier n’avant visiblement pas connu le même succès que son acolyte. Mais la qualité d’un projet ne se juge pas forcément à la courbe de sa cryptomonnaie.
La véritable différence réside dans la volonté de Barnbridge de couvrir également la forte volatilité des cryptomonnaies. Mais surtout dans le fait que c’est une structure ayant bénéficié de plusieurs audits. Ce qui n’est pas le cas de Saffron.
Un calendrier plus formel qui ne lui permet pas encore d’offrir la totalité de ses services. Ceux-ci se résument pour le moment à des dépôts de liquidity providers en stablecoins dans deux pools qui permettent de gagner des jetons BOND en retour. Ce qui peut expliquer le manque d’engouement à son égard, car les détails ne sont pas encore fixés. En particulier sur le sujet sensible des récompenses en jetons BOND que tout le monde attend pour se lancer – ou non – dans l’aventure.
Un farming sans risque ?
Non, le farming version DeFi avec un risque zéro n’existe pas. Mais la volonté d’offrir des options de placements qui permettent d’en contrôler le niveau et l’exposition sont des avancées importantes dans le domaine. Car c’est bien ce point précis qui empêche encore bon nombre d’investisseurs de franchir le pas de la Finance Décentralisée. Cela même s’il s’agit d’amateurs déjà inscrits dans l’univers des cryptomonnaies par ailleurs.
La question est de savoir comment vont évoluer ces projets. Et si la protection qu’ils prétendent offrir sera effective et opérationnelle sur la durée. Mais quoi qu’il en soit, l’adoption des offres de la DeFi devra passer par ce genre d’outils propices à un accès plus généralisé. Car elle ne pourra pas se construire sur quelques têtes brûlées plus assoiffées de rendements improbables que de pérennité. Même si c’est bien eux qui en portent le succès actuel.
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