Smart contracts – 3 exemples qui montrent comment ils vont changer nos vies (plus rapidement que prévu)

24 avril 2019 - 09:03

Temps de lecture : 10 minutes

Il est fondamental de définir la notion de smart contract, aussi appelé contrat intelligent en français. Souvent mal compris, j’ai fait mon possible pour délivrer une explication claire et simple de ce concept qui devient peu à peu une réalité dans notre quotidien (et plus encore en donnant des exemples d’utilisation concrets).

Introduction & Définition des smart contracts

Un smart contract est un contrat qui s’exécute informatiquement et automatiquement dès lors que les clauses préalablement définies dans celui-ci sont remplies.

Ils sont considérés comme l’un des aspects les plus prometteurs de la blockchain. En effet, ils pourraient avoir un rôle fondamental à jouer dans énormément de secteurs. La première fois que l’on entend parler de smart contract, c’est en 1994 avec Nick Szabo, informaticien spécialisé en cryptographie. Le programmeur voulait initialement permettre à des étrangers, qui n’ont aucune façon d’avoir confiance l’un envers l’autre, de réaliser une transaction en toute sécurité. Pour cela, il imagine les smart contracts qui oeuvrent avec un système de conditions. On dit qu’ils utilisent une structure IF/THEN (si/alors). En d’autres termes, cela fonctionne de la manière suivante : SI la condition A est remplie, ALORS il faut exécuter B. En fait, le contrat intelligent va jouer le rôle du tiers de confiance qui était présent avant son invention pour confirmer l’application dudit contrat permettant donc se passer de ce dernier. Le programme informatique va automatiquement effectuer les instructions dans le contrat dès lors que les conditions sont remplies. On dit que « the code is law » soit, le code est la loi et prévaut. Ce n’est pas tout, ces bijoux de technologie sont rapides à s’amorcer, immuables, permettent une grande transparence, et ont donc la possibilité de substituer l’administratif.

Aujourd’hui, on associe souvent cette technologie à Ethereum car cette blockchain a été spécifiquement créée pour l’exécution de ceux-ci. Dans ce cas, ce sont les tokens ETH (la cryptomonnaie adjointe au réseau Ethereum) qui vont être utilisés pour permettre l’enclenchement du programme. Ces jetons cryptographique vont faire fonctionner la blockchain de la même manière que le fait le fuel avec une voiture. Ils vont être consommés lors de la réalisation du contrat.

Pour le moment, ils se développent petit à petit, de nombreux autres projets de chaînes de blocs sont régulièrement créés avec des spécificités qui leur sont propres, par exemple le NEO, l’ICX ou l’ADAMais cette technologie est jeune et va continuer d’évoluer dans le futur. J’ai choisi de détailler trois aperçus concrets dans lesquels les contrats intelligents vont être amenés à être utilisés dans notre quotidien.

Exemple 1 : Les contrats d’assurance maintenant totalement automatisés par smart contracts, un gain de temps énorme ?

Dans l’univers des assurances, les smart contracts pourraient grandement faciliter les processus et nous débarrasser de formalités administratives, souvent considérées comme trop lourdes en France. Prenons un itinéraire de train SNCF :

Imaginons qu’au lieu de payer son trajet en euros et par carte bancaire, un utilisateur choisisse d’acheter son billet en cryptomonnaie, avec par exemple des jetons Ethereum. Cette action ouvre de nouvelles possibilités pour la SNCF qui peut recourir à la technologie du smart contract pour incorporer à la transaction une assurance sur la blockchain. Dès lors, les données relatives au trajet et au client sont associées à cet achat et donc stockées de manière sécurisée sur la blockchain (Nom ; Prénom ; Référence du train ; Adresse électronique Ethereum).

Lors de l’acquisition de ce ticket, un contrat intelligent est créé entre la SNCF et le client, proposant d’indemniser l’utilisateur si un imprévu arrive durant le voyage. On imagine que le smart contract est directement connecté à une base de données fiable. La SNCF peut par exemple employer des technologies d’intelligences artificielles pour tenir à jour cette base de données. Dans cette dernière, les informations principales des trajets comme les incidents, retards et annulations sont répertoriées.

La SNCF et l'industrie des trains

Si le voyage se déroule comme prévu, rien de spécifique ne se passe, l’utilisateur aura simplement payé son billet de train via un transfert de cryptomonnaies sur la blockchain. Cependant, si par exemple le trajet est supprimé, le client est automatiquement indemnisé sans avoir besoin de se lancer dans une procédure de remboursement. Le smart contract se met en marche automatiquement, car il détecte que la condition nécessaire à son exécution a été remplie. La base de données de la SNCF donne l’information au contrat intelligent que le train a été annulé. Puis, il exécute automatiquement une action qui était pré-établie dans son code et qui correspond donc à un remboursement du client en renvoyant directement la valeur du billet en cryptomonnaie sur le portefeuille électronique de l’utilisateur. Ce dernier économise du temps, et de l’énergie, car il évite de devoir faire les démarches (parfois fastidieuses) pour obtenir ce remboursement. L’entreprise SNCF, quant à elle, réduit ses dépenses du fait qu’elle n’aura pas à payer des employés pour traiter les nombreuses demandes liées aux retards ou aux annulations. Bien évidemment le smart contract peut être largement perfectionné. Il est par exemple possible de définir des fourchettes de retard avec un pourcentage d’indemnisation (1h de retard = remboursement de 20% ; 2h de retard = remboursement de 40%).

N.B : L’entreprise AXA travaille sur son service fizzy qui devrait fonctionner d’une manière similaire pour les problèmes et délais de vols.

Exemple 2 : Élire son président via l’exécution d’un contrat intelligent ?

Une élection présidentielle validée par smart contract ?

Une élection présidentielle validée par smart contracts ?

Essayons de voir très grand, à l’échelle d’une nation et prenons l’exemple d’un pays démocratique : la France. Maintenant, imaginons que le gouvernement souhaite tester cette technologie pour les prochaines élections présidentielles. Voilà ce que l’on pourrait envisager :

Chaque citoyen français se voit attribuer une adresse électronique, de la même manière qu’un numéro de sécurité sociale. Quelque temps avant le scrutin, le pouvoir en place envoie 1 unité d’une cryptomonnaie nationale, préalablement créée, à chacun des citoyens majeurs (donc à leurs adresses électroniques personnelles).

Ensuite, on conçoit et associe une adresse électronique de campagne à chacun des candidats. Exemple :
Nicolas Sarkozy : 89B3095032
François Hollande : 378273283R
Emmanuel Macron : 2082E83027

Puis le jour de l’élection, au lieu de devoir se déplacer aux urnes ou faire une procuration si l’on n’est pas sur le territoire, chaque habitant envoie instantanément son unité de cryptomonnaie à l’adresse correspondant au candidat de son choix via son smartphone. Le résultat est sécurisé par la blockchain, visible par tous et donc totalement transparent. On ne perd pas l’anonymat du votant, car les noms des citoyens sont remplacés par les adresses personnelles.

Le dénouement de l’élection est calculé automatiquement. Plus besoin de milliers de bénévoles pour compter les voix de chaque candidat, il n’est plus nécessaire de faire des estimations toute la soirée pour seulement connaître le résultat définitif à 2h du matin. La décision finale est connue de tous et publique à 20h. Le smart contract est disponible en libre accès pour chaque citoyen ce qui améliore la transparence de l’élection. Puis, lorsque le résultat est irrévocable, le contrat intelligent va créer un nouveau smart contract avec les deux candidats ayant passés le premier tour et relancer le processus pour le second round présidentiel. Inutile de préciser que l’abstention autour de 20% dans notre pays pourrait considérablement chuter avec l’emploi de cette technologie. Le Nouvel Obs parle même d’un record depuis 1969 lors de la dernière élection de notre dirigeant national.

En allant encore plus loin, on peut imaginer la possibilité d’expérimenter cette évolution pour réaliser plus de référendums. On peut d’une certaine façon redonner le pouvoir au peuple, lui permettre de regagner en souveraineté. Je m’explique de ce pas.

On pourrait envisager une société dans laquelle les politiques font les propositions de loi. Puis, au lieu de demander à l’Assemblée Nationale de valider ou non ces dernières, on crée un sondage dans lequel c’est l’entièreté des citoyens qui peuvent voter rapidement et de manière transparente via l’exécution d’un smart contract à l’échelle d’un pays. Pour se faire, chaque habitant va envoyer une unité de cryptomonnaie spécifique, créée pour l’occasion dudit référendum, à l’adresse qui correspond à son choix. Cela permettrait à chacun de prendre une plus grande part de responsabilité dans les actions de sa nation. Il serait possible d’organiser plusieurs votes par mois dans lesquels les citoyens auraient un poids sur chacune des décisions relatives à l’évolution du pays.

Après avoir détaillé cette idée, je me dois de préciser plusieurs limites. Le frein majeur aujourd’hui, c’est évidemment le fait que chaque ressortissant ne possède pas forcément de téléphone intelligent. Qui plus est, si certains de ces smartphones tombent en panne le jour de l’élection, comment faire ? Pour finir, dans un pays comme la France, les moeurs demeurent très traditionnelles, ce qui fait que les changements ne sont pas toujours bien accueillis, celui-ci ne ferait pas forcément exception. Mais qui sait, d’ici quelques décennies, peut-être que cela sera possible ?

Exemple 3 : Faire de la location saisonnière de particulier à particulier et sans aucun intermédiaire. AirBnB déjà obsolète ?

De la location saisonnière sans intermédiaire, c'est possible ?

De la location saisonnière sans intermédiaire, c’est possible ?

Il faut cette fois-ci de nouveau se projeter dans un futur proche. Dans un monde où les habitations seront de plus en plus connectées, les possibilités seront décuplées. C’est-à-dire que l’entrée dans le logement ne se fait pas via une clé matérielle, mais plutôt en posant son smartphone à proximité de la porte (grâce à l’IoT), déclenchant l’ouverture de l’appartement. En connectant sa serrure à la blockchain, on peut facilement créer un smart contract de location.

Maintenant, imaginons que je sois propriétaire d’un appartement avec une porte connectée. Je veux mettre le bien en location courte durée rapidement et sans payer trop de frais. De multiples plateformes sont en train de voir le jour et proposent 0% de fees avec leurs services, car elles utilisent la technologie des smart contracts pour supprimer les intermédiaires.

“C’est de l’automatisation, on demande à la blockchain de déclencher un paiement vers Paul le vendeur une fois que Jacques l’acheteur a bien signé le bail par exemple. De cette façon, peu d’intermédiaires sont nécessaires.” Antoine Yeretzian, de Blockchain Partner

Aujourd’hui le leader mondial est AirBnB. C’est indéniablement un très bon service, mais la société américaine facture 20% de frais sur chaque transaction. Oui, vous avez bien lu, 20%. C’est absolument énorme. L’entreprise incite donc les propriétaires à augmenter leurs prix. Dans le cas évoqué ci-dessus, ces frais seront dépendants de la blockchain utilisée, mais pourront être minimes, parfois proches de 0.

Maintenant, imaginons que dans ce futur, il y ait des applications décentralisées (dApp) qui permettent de voir les annonces disponibles dans un secteur précis. Il n’y a plus besoin d’aucun autre intermédiaire pour réaliser la location si ce n’est cette plateforme. Si je possède un appartement que je veux louer en courte durée, j’utilise la technologie blockchain pour créer mon smart contract pour définir le montant que je souhaite obtenir, les disponibilités, les conditions, et je ne m’occupe plus de rien. Les locations peuvent automatiquement se valider à partir de cette étape. Le loueur, lui, connaît les modalités, car elles sont transparentes, inscrites noir sur blanc dans le contrat intelligent.

Un exemple concret :

Jean découvre que mon appartement est disponible le week-end du 26 au 28 avril. Il découvre les conditions du smart contract qui demandent un paiement en deux temps pour être exécuté. Cela lui convient, chaque nuit coûte 0,2 ETH, soit 0,4 ETH pour le total. Il m’envoie 0,2 ETH via la technologie blockchain en avance ce qui réserve le logement les deux jours grâce au contrat intelligent qui détecte une réservation. Puis le jour de l’entrée dans les lieux, il paie l’autre moitié du montant de la location (encore 0,2 ETH) pour accéder à l’ouverture du logement. On peut imaginer que cela débloque une clé électronique qui est automatiquement envoyée sur le smartphone du locataire et valable jusqu’à l’échéance programmée. Il peut donc, via son téléphone portable, entrer et sortir de l’appartement pendant le temps défini par le contrat entre les deux parties. Puis la clé est automatiquement modifiée à la fin du séjour par celui-ci.

Conclusion

Les contrats intelligents

J’ai détaillé trois exemples d’utilisation de cette évolution technologique. En fait, les combinaisons sont quasiment infinies. Dans énormément de secteurs, aujourd’hui complexes, il sera possible de simplifier les process. Il ne faut pas être visionnaire pour deviner que les smart contracts vont complètement redéfinir notre façon de fonctionner. Beaucoup d’intermédiaires pourraient disparaître, permettant des gains de rapidité, de sécurité et de transparence. Des secteurs comme la logistique, la supply chain ou l’immobilier ont tout intérêt à utiliser les smart contracts. De nombreux autres domaines vont avoir besoin de plus temps pour définir comment tirer profit de cette technologie. Mais il suffit de prendre du recul sur notre manière de faire pour imaginer que l’on pourra facilement améliorer notre organisation : Saviez-vous qu’une transaction immobilière en France peut s’étaler sur une durée de 6 mois pour être complétée ?

Dans le monde d’aujourd’hui, c’est impensable d’avoir des processus aussi longs et complexes. Il faudra parfois la combinaison de plusieurs technologies comme l’Internet of Things ou l’Intelligence Artificielle pour améliorer cela, mais les contrats intelligents ont pour sûr un rôle à jouer.

Cela n’engage que moi, mais nous sommes à l’aube d’une nouvelle révolution technologique. Les plus grands experts s’accordent sur le fait que la blockchain, et donc les smart contracts, sont à prendre au sérieux. Cette évolution peut complètement changer le visage de notre société. De là à deviner quelle en sera la tournure, cela reste très difficile à anticiper. Malgré tout, j’ai essayé, au travers de cet article de montrer quelques exemples d’utilisations possibles très prochainement.

De côté des entreprises, certains poids lourds mondiaux sont en pleine expérimentation. On entend par exemple souvent parler de l »implication d’IBM dans la technologie blockchain, mais comment ne pas également citer Facebook qui est en train de travailler sur la création de son stablecoin ou encore les gouvernements qui encouragent directement le développement de cette technologie avec des initiatives locales.

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