Visa en route vers un stablecoin
19 mai 2020 - 08:19
Temps de lecture : 2 minutes
Par Nathalie E.
Le géant des paiements, Visa, a déposé une demande de brevet pour un système fondé sur un registre distribué (DLT) destiné à remplacer le cash.
L’avenir de la monnaie sera numérique
Visa, le réseau de paiement mondial qui traite en moyenne 100 millions de transactions par jour, a déposé un dossier auprès de l’Office américain des brevets et des marques en novembre dernier. La demande inscrite sous le titre « Monnaie fiduciaire numérique », qui vient d’être rendue publique, concerne un protocole éminemment contrôlé de conversion de monnaie fiat en version numérisée. Dans le détail, il s’apparente fortement à un projet de stablecoin.
La monnaie numérique peut rester liée à la monnaie fiduciaire et peut être réglementée par une entité centrale (par exemple, une banque d’un pays fédéral). Cela peut empêcher la volatilité associée aux systèmes de cryptomonnaie traditionnels et permettre à l’entité centrale de garder le contrôle sur le système monétaire.
Les acteurs garants du bon fonctionnement du système, ainsi que leurs rôles respectifs, sont déjà bien profilés en trois entités distinctes. Les banques centrales pourraient être chargées d’émettre les jetons tandis que les banques commerciales valideraient les transactions. Enfin, « l’entité de rachat » dont le but consiste à convertir les espèces en « cryptomonnaies », serait réalisable au guichet ou au distributeur automatique.
L’objectif du projet est de supprimer à terme toute circulation de monnaies physiques.
(A) chaque fois qu’un dollar de monnaie fiduciaire numérique est généré, l’entité centrale s’assurera qu’un billet d’un dollar physique correspondant est retiré de la circulation, afin de réguler la valeur de la monnaie fiduciaire numérique.
Les monnaies numériques, un marché concurrentiel
Conçu pour collaborer étroitement avec les autorités, le système n’a pas encore clairement précisé sa méthode de consensus. Quant à la solution technique, le choix oscillerait entre une version privée de la blockchain Ethereum et une DLT (Distributed Ledger Technology) élaborée par Hyperledger Fabric.
Si le brevet évoque le dollar numérique, il n’exclut pas la conversion d’autres monnaies fiat comme l’euro, le yen ou la livre sterling. Les banques centrales dont beaucoup sont à l’oeuvre pour créer leurs CBDC (Central Bank Digital Currency), peuvent rire jaune. En les plaçant au coeur de son dispositif, Visa vient court-circuiter leurs velléités de maîtrise d’ouvrage. Il lui faudra certainement déployer les grandes manoeuvres pour les convaincre du bien-fondé de son système. Mais le chemin est long. Le projet, qui n’est pas encore breveté, rencontre déjà quelques obstacles majeurs à sa réalisation au niveau international, notamment par la difficulté de certains pays à accéder au réseau de paiement Visa.
Les règles du jeu monétaire sont en train de se modifier. Depuis Bitcoin, les systèmes de paiement ont été singulièrement ébranlés et les candidats au changement, par opportunisme ou par conviction, se bousculent. Personne aujourd’hui ne peut dire quels seront les gagnants de ce grand bouleversement mais assurément, la concurrence s’annonce rude.
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