Consultation citoyenne sur l’euro numérique : confidentialité et sécurité d’abord

15 avril 2021 - 12:57

Temps de lecture : 2 minutes

Les résultats de la consultation citoyenne sur l’euro numérique viennent d’être publiés. Au coeur des attentes : confidentialité mesurée et sécurité renforcée mais aussi facilité d’usage et possibilité de règlement en dehors d’internet et dans toute la zone euro.

Une consultation au succès mitigé

La Banque centrale européenne (BCE) avait lancé le 12 octobre 2020 une vaste consultation publique sur un projet d’euro numérique qui s’est achevée le 12 janvier 2021. Les citoyens étaient appelés à se prononcer, à partir d’un questionnaire disponible en ligne, sur leurs attentes en matière de futur monétaire.

L’intérêt porté au sujet n’est pas négligeable avec 8221 réponses recueillies. Il est néanmoins à relativiser par rapport aux 340 millions d’habitants qui résident en zone euro. De plus, si on se penche sur la typologie des répondants, on observe que 94% des répondants se sont identifiés comme des citoyens – peu de citoyennes puisque les hommes sont majoritaires à 87% – et 6% comme des professionnels.

Trois pays semblent plus concernés par le sujet. L’Allemagne arrive en tête avec 47% des contributions suivie loin derrière par l’Italie (15%) et la France (11%). Le Portugal, l’Espagne, l’Autriche, la Belgique et les Pays-Bas ont fourni entre 1% et 5% des réponses chacun. Les autres États membres ont représenté moins de 1% des contributions. Heureusement que l’échantillon de répondants n’était pas censé être statistiquement représentatif de la population de la zone euro…

Quoi qu’il en soit, le résultat de cette enquête est considéré, selon le rapport publié, comme un apport important à la décision du Conseil des gouverneurs à la mi-2021 sur l’opportunité de lancer un projet d’euro numérique. Il est aussi jugé comme essentiel pour étudier formellement sa conception et son utilisation possibles.

Les attributs citoyens d’un e-euro

L’enjeu de la protection de la vie privée apparaît comme capital pour 43% des répondants. Mais le respect de la confidentialité des données n’excède pas certaines limites. En effet, moins de 10% des participants à la consultation de la BCE plébiscitent un anonymat complet des transactions afin de prévenir le risque de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme.

Autre aspect relevé comme important : l’intégration de l’euro numérique à l’infrastructure de paiement existante. En effet, plus des deux tiers des répondants jugent que les intermédiaires sont essentiels au bon fonctionnement du système. Ils sont, de leur point de vue, les mieux placés pour fournir les services les plus adéquats à cette transformation numérique. Un support connu à l’usage quotidien d’un euro version numérique est sans doute de nature à rassurer, d’autant que la possibilité de payer en dehors d’internet est considéré comme important par 8% des répondants.

Enfin, les futurs utilisateurs d’un euro numérique veulent des fonctionnalités supplémentaires. Outre un e-euro sécurisé, bon marché et facile à utiliser dans toute la zone euro, ils souhaitent, pour un quart d’entre eux, des paiements transfrontaliers plus rapides et moins chers. Le même nombre de participants émet aussi le voeu que la nouvelle version de la monnaie européenne soit utilisable en dehors de la zone euro.

Si, selon les mots de Fabien Panetta, membre du directoire de la BCE, dans un communiqué, « un euro numérique ne peut réussir que s’il répond aux besoins des Européens », le chantier n’est pas encore véritablement engagé. La décision sera prise l’été prochain pour un lancement effectif d’ici 5 ans. Un délai qui apparaît à certains comme bien tardif face à une Chine offensive sur le sujet et à un grand nombre de pays bien plus avancés sur l’élaboration 2.0 de leurs monnaies souveraines.

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