Révélations sur les Contrats à terme Bitcoin (BTC) – Une manipulation totale

28 octobre 2019 - 08:47

Temps de lecture : 4 minutes

Dans un article récent, à l’instar de la cryptosphère, on s’interrogeait sur le lien entre contrats à terme CME et baisse de prix du Bitcoin. Aujourd’hui, les soupçons sont étayés par les déclarations de Christopher Giancarlo. Ancien responsable de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC),  il révèle comment l’administration Trump a délibérément influé sur le prix du Bitcoin.

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De quoi parlons-nous ?

CME group avec le drapeau américain.

CME group avec le drapeau américain.

Au préalable, pour bien comprendre de quoi il est question, redéfinissons précisément les choses.

Qu’est-ce qu’un contrat à terme ?

Les contrats futures (ou contrats à terme en français) sont des instruments financiers appelés produits dérivés. Ils permettent d’acheter ou de vendre un actif à un prix et à une date fixés à l’avance. Aujourd’hui, c’est essentiellement un outil spéculatif. Mais à l’origine, il s’agissait plutôt d’un produit financier destiné à anticiper les risques du marché. Ainsi, un producteur de blé peut souscrire un contrat à terme pour vendre sa récolte à un prix déterminé. L’intérêt pour lui étant de se prémunir des variations du cours entre le moment des semailles et le jour de mise sur le marché de ses céréales.

Qu’est-ce que le CME ?

Il est issu de la fusion du Chicago Mercantile Exchange (le plus gros marché à terme américain) avec le Chicago Board of Trade (la plus ancienne bourse de commerce au monde). Le CME Group est l’entreprise des marchés à terme la plus importante au monde. Depuis le 18 décembre 2017, il propose ce type de contrats indexés sur le cours du Bitcoin. Et si on en croit ses dernières déclarations, le succès est au rendez-vous.

Une suspicion grandissante sur les CME

L’influence des contrats à terme sur le cours du Bitcoin fait débat depuis leur introduction. La date d’expiration (le dernier vendredi de chaque mois) coïncidant presque systématiquement avec une baisse du prix. Plus précisément, selon un rapport de recherche d’Arcane Research, depuis janvier 2018, la cryptomonnaie majeure connaît en moyenne une baisse de 2,27%. En chiffres, sur les 20 premiers mois d’émissions de contrats à terme, Bitcoin a perdu 15 fois de sa valeur. Sur cette base, on peut suspecter une manipulation du prix du Bitcoin. Une instrumentalisation rendue possible par le fait que les CME Bitcoin sont réglés en dollars et non en Bitcoin comme dans le cas de Bakkt. Selon Bendikt Norheim Schei, analyste chez Arcane Research, cette relation n’est pas une coïncidence :

« Statistiquement, il est très peu probable que la chute des prix avant la liquidation de la CME soit hasardeuse. »

La chute du BTC en fin de période ne semble pas être un hasard.

La chute du BTC en fin de période ne semble pas être un hasard.

Aveu d’ingérence

Au sortir de la crise financière de 2008, un reproche légitime formulé à l’encontre des régulateurs de tout poil était de savoir pourquoi ils n’avaient rien fait. Si on en croit les déclarations récentes de Christopher Giancarlo, la critique a fait mouche et la leçon prétendument retenue. Il l’a affirmé dans un discours prononcé au sommet de Pantera, à San Francisco, le 21 octobre. Ce serait précisément pour ne pas reproduire cette inertie que les futures sur le Bitcoin auraient été lancés.

En effet, face à ce qu’elle considérait comme la première grosse bulle depuis l’histoire catastrophique des subprimes, l’administration Trump a décidé d’éteindre la flambée du prix du Bitcoin. Aussitôt dit, aussitôt fait. La Securities and Exchange Commission (SEC), habituellement plus circonspecte, a immédiatement donné son aval. La CFTC a alors annoncé les futures sur le BTC le 1er décembre 2017. Le 18, les premiers contrats du CME et de la CBOE Futures Exchange (CFE), qui les a abandonnés depuis, étaient en ligne.

En d’autres termes, la porte s’est ouverte en grand pour que les gros bonnets de la finance aient la possibilité de profiter de la manne Bitcoin. Salués au départ comme un pont entre les investisseurs institutionnels et les particuliers, ces contrats à termes se sont plutôt développés au détriment des petits porteurs.

Les hasards du calendrier

Effectivement, les futures sont apparus le 17 décembre 2017. Le lendemain du jour où le BTC a culminé à 19 891 dollars. A partir de là, le prix s’est étiolé. Puis, il s’est écroulé pour atteindre son bottom (son plus bas) à 3000 dollars quelques mois plus tard. Ce renversement de la dynamique des prix a été trop flagrant pour ne pas être relevé. D’autant que c’est un comportement généralement observé lors de l’introduction de marchés à terme pour un actif. L’exemple le plus connu étant le boom des prêts hypothécaires pendant les années 2000. Drivé par des investisseurs particuliers, ils ont connu une courbe exponentielle explosive. Or, la récession qui a suivi a elle été provoquée par la création de ces fameux instruments financiers. Les investisseurs institutionnels ont dès lors pu parier contre le marché immobilier. Pour simplifier, on peut dire que les produits dérivés sont le terrain de jeu de la finance mondialisée. A l’époque, en novembre 2017, un des responsables du CME avait d’ailleurs déclaré :

« Nous allons réglementer. Rendre le Bitcoin pas sauvage, ni plus sauvage. Nous allons l’apprivoiser en un instrument de commerce de type régulier avec des règles. « 

Les institutionnels accrédités ou les brokers pour clients fortunés s’en sont alors emparé, augmentant indéniablement la capitalisation de Bitcoin. Mais en y injectant des liquidités massives, ils ont acquis les moyens, non de le « discipliner »,  mais de déstabiliser son cours et de l’orienter selon leur voeu.

Pied de nez

Si le règlement du contrat CME ne permet pas de prédire précisément le mouvement des prix, on peut (théoriquement du moins) s’appuyer sur ses dates de clôture pour faire son marché et tenter des trades. Le dernier « dump and pump » du Bitcoin vient de valider cette stratégie pour la plus grande joie de la cryptosphère.

Attention cependant, CryptoActu ne donne en aucun cas de conseils sur l’investissement financier, vous devez toujours faire vos propres recherches.

D’autant que face à un marché complexe, subissant des influences multi factorielles, il n’est pas certain que ce soit une règle à suivre sur le long terme. Bitcoin n’étant jamais là où on l’attend, ce qui n’est pas fait pour déplaire à ses early adopters.

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