Dans le marasme ambiant, Bitcoin continue d’attirer la convoitise institutionnelle

14 mai 2021 - 15:12

Temps de lecture : 4 minutes

Le jeudi « noir » que vient de connaître le marché des cryptomonnaies a entraîné un sentiment de peur, poisseux comme un tweet d’Elon Musk. Si l’horizon s’est brutalement assombri, il existe pourtant des raisons de ne pas désespérer des institutionnels avec l’entrée en lice de nouveaux acteurs comme le fonds d’investissement du milliardaire Steve Cohen ou de la banque américaine Cowen. Michael Saylor, l’imperturbable patron de MicroStrategy, quant à lui, continue de lier le geste à la parole en ayant procédé à un nouvel achat de Bitcoin.

Un jeudi de l’ascension qui porte mal son nom

Il y a des jours avec et des jours sans. Depuis la saillie twitteuse d’Elon Musk affirmant renoncer à Bitcoin en tant que moyen de paiement pour ses véhicules électriques sous prétexte de dépense énergétique faramineuse, le marché des cryptomonnaies a vu rouge. Le jeudi de l’ascension 2021 aura donc plutôt été celui de la descente infernale du point de vue des crypto-investisseurs. Certains perdant la foi et vendant à tout va tandis que d’autres, essuyant quand même quelques sueurs sur leur front perlé, étaient en proie à une colère froide face à une énième « muskerie ».

Heureusement, au moment de la rédaction, le marché des cryptos semble vouloir reprendre la couleur de l’espoir. Bitcoin et ses compagnons d’infortune affichent globalement des progressions notables en ce lendemain de g… de bois. Rien d’exaltant non plus : BTC oscillant autour de 50 000 $ et ETH autour de 4000 $ mais l’important étant qu’ils maintiennent, pour le moment, leurs lignes de support.

Aussi minimes soient-ils, ces rebonds dans le vert rassérènent un peu nos coeurs et nos têtes chahutés. La foi est fragile et même les croyants les plus fervents peuvent connaître le doute en constatant que la raison du plus fort (BTC/ETH) n’est pas toujours la meilleure face aux jappements d’une animalerie cryptographique en voie d’extension (Dogecoin, ShibaPup). Si, selon l’adage, les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures, le marché des cryptos prend parfois des allures de farce sinistre.

Un secteur crypto toujours très immature

Si on supposait le secteur en voie de maturité, nous voilà bien désillusionnés. Les dommages occasionnés par les fourberies d’un gourou milliardaire, qui use de son influence pour manipuler le marché à la guise de ses suiveurs ou pour plaire à ses actionnaires en « mal de vert », sont bien réels. On ne parle pas tant de son influence sur le prix du Bitcoin qui, avec ou sans lui, se trouve dans une configuration technique délicate, mais de ravages d’une autre nature.

L’antienne d’un Bitcoin pollueur, étrangleur en chef de la planète terre, revient bien opportunément sur le tapis. Un préjugé à la peau dure balancé par les uns et les autres pour charbonner une cryptomonnaie qui commence à peser lourd, trop lourd dans le paysage financier actuel. Les politiques s’en servent pour détourner le grand public d’une monnaie décentralisée sur laquelle ils n’ont pas la main mise et l’entrepreneur, vraisemblablement pour servir sa stratégie.

Pour ceux, celles qui souhaitent fouiller le sujet, on ne saurait que trop leur recommander d’écouter ceux qui savent de quoi ils parlent.

Pendant ce temps, des institutionnels continuent d’y croire…

Bon, quoi qu’il en soit, l’épisode de ce jeudi noir – gris plutôt, la chute n’ayant pas été si extravagante que le laisse supposer les excès émotionnels observés sur les réseaux sociaux – va laisser des traces. Et en premier lieu, chez les régulateurs qui trouvent là matière à imposer une réglementation drastique (abusive ?) à un écosystème caractérisé encore et toujours par des poussées d’acné adolescentes.

Mais dans cet univers agité de soubresauts, certains gardent leur ligne de crête et poursuivent tranquillement leur objectif. Ainsi, le patron de MicroStrategy, première entreprise cotée à avoir investi dans le Bitcoin, continue de procéder à des achats réguliers.

Ajoutant 271 BTC pour un montant de 15 millions de dollars, la société de veille technologique détient à l’heure actuelle près de 92 000 bitcoins dans sa trésorerie. Certes, l’achat a été réalisé juste avant le fameux tweet de Musk si on se fie au prix d’acquisition : 55,387$/BTC. Mais on peut légitimement croire, eu égard aux faits d’arme de Michael Saylor devenu un évangéliste Bitcoin de premier plan, qu’il y aurait procédé quel qu’en soit le contexte. Et qu’il continuera son DCA (achat régulier permettant de lisser le prix d’entrée de l’actif) contre vents et marée, considérant Bitcoin comme la valeur-refuge face à un dollar inflationniste.

Ne sombrons néanmoins pas dans un optimisme béat, la force de la conviction se fracassant souvent contre les effets de réalité, l’histoire d’A. entre Bitcoin et MicroStrategy pourrait aussi s’achever sous la pression des actionnaires, des régulateurs, d’un retournement brutal du marché haussier ou de toute autre raison raisonnante…

Probablement, de nouveaux entrants…

Si la constance de Michael Saylor, dans ces circonstances foutraques, est un baume sur les plaies d’une communauté secouée par la « trahison » d’une girouette, ce qui pourrait vraiment relancer l’optimisme du marché crypto, c’est l’entrée de nouveaux investisseurs institutionnels. Et, a priori, ça ne saurait tarder. Du moins, si on en croit un article du toujours très informé TheBlock évoquant l’arrivée prochaine du fonds spéculatif du milliardaire américain, Steve Cohen. Et Point72, puisque telle est son appellation, ne viendrait pas y jouer juste pour la figuration. Selon des sources proches du dossier, le fonds d’investissement s’apprêterait « à devenir grand dans la crypto ».

Autre nouvelle susceptible de ragaillardir les plus pessimistes quant à l’avenir des cryptomonnaies : l’entrée en lice d’une nouvelle banque qui s’apprêterait à offrir des services dédiés à sa clientèle. La séculaire Cowen inc viendrait en effet, selon Bloomberg, de signer un partenariat avec Standard Custody and Trust Company pour proposer un système de garde pour actifs numériques de qualité institutionnelle. Depuis le début de l’année, le nombre d’institutions bancaires américaines se tournant vers les cryptos s’accroît depuis que la plus ancienne d’entre elles, BNY Mellon, a donné le « la ». On peut aisément supposer que si un secteur réputé frileux s’oriente ainsi, c’est qu’il est convaincu de la pérennité et du potentiel de cette nouvelle classe d’actifs.

Un sentiment de marché très volatil

Aussi, il ne s’agit pas de se laisser emporter par les vagues successives d’un marché qui n’est pas là pour ménager nos fragiles palpitants, s’accélérant ou s’affaiblissant risiblement au rythme d’un tweet corrigé, ou du moins tempéré, quelques heures après par son auteur.

Plus facile visiblement à dire qu’à faire car selon l’ indice Crypto Fear & Greed censé mesurer le sentiment du marché, les investisseurs n’ont jamais été aussi nerveux depuis le crash Covid de mars 2020. Un sentiment de peur, comme l’illustre ce graphique, s’est emparé de l’espace crypto.

Mais comme l’ont observé ironiquement certains acteurs du marché, si les Bitcoin et altcoins ont réussi à résister à une pandémie, ils peuvent sans nul doute survivre à un tweet…

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