Fiscalité – Comment (bien) déclarer vos cryptomonnaies en 2020

04 avril 2020 - 14:00

Temps de lecture : 4 minutes

Par Hugh B.

L’univers des cryptomonnaies est excitant et riche en rebondissements. Mais les choses sont tout de suite moins drôles quand approche la période de déclaration des revenus. Pourtant, cela fait partie du jeu. Voici quelques conseils pour que ce ne soit qu’une formalité réussie.

Dans le domaine des monnaies numériques, votre imposition dépend en premier lieu de votre activité. Elle ne sera pas la même pour un hodler qui stocke ses cryptomonnaies dans l’attente du grand jour, que pour un trader qui scrute la moindre hausse pour se positionner et repartir une fois les bénéfices engrangés. Bien qu’il soit possible de faire appel à un cabinet spécialisé en la matière, il n’est pas non plus impossible de gérer ses cryptoactifs soit même. Tour d’horizon.

Le statut légal des cryptomonnaies

En France, le statut fiscal des cryptomonnaies a été défini par le biais du Bitcoin (BTC) depuis 2014.

« Le Bitcoin est une unité de compte virtuelle stockée sur un support électronique permettant à une communauté d’utilisateurs d’échanger entre eux des biens et services sans recourir à une monnaie ayant cours légal. »

Considérant que le Bitcoin est « une unité de compte virtuelle qui peut être valorisée et utilisée comme outil spéculatif », il en découle que l’administration fiscale considère les revenus issus de la valorisation du Bitcoin comme devant être taxés.

Préférer les stablecoins

La règle de base du cryptoclub est de ne jamais échanger ses cryptomonnaies contre des euros sans raison valable. Cette opération ne doit se faire que dans le cas d’une sortie définitive de vos fonds pour les utiliser ou les injecter ailleurs. La raison est très simple : repasser en monnaie fiduciaire (FIAT) est un événement de type taxatoire. C’est-à-dire que l’impôt s’y applique en termes de bénéfices réalisés et de plafond.

Pour ceux qui se posaient la question, voilà la véritable utilité des cryptomonnaies de types stablecoins comme le Tether (USDT), pour le plus connu. Ne pas avoir à repasser en monnaie fiduciaire lors de vos opérations de trading. Pour les reconnaître rien de plus simple, la plupart du temps il s’agit de l’acronyme de dollar USD flanqué d’une autre lettre (USDT, TUSD, BUSD, TUSD, USDJ). Tout simplement parce qu’il s’agit de jetons indexés sur le prix du dollar.

classement stablecoins

Cryptoslate

Sur la plateforme Binance, ils se trouvent dans l’onglet FIAT, ce qui peut prêter à confusion. Il en existe d’autres comme le DAI de MakerDAO, disponible sur d’autres plateformes comme KuCoin, par exemple. Le choix d’un stablecoin n’est pas anodin, surtout dans le cadre de positions longues. Il est intéressant de faire un petit tour d’horizon pour se faire une idée.

Conserver le détail de vos transactions

Comme tout ce qui concerne les impôts, le principe de base est de conserver le détail de vos transactions. Il est disponible sur la plupart des plateformes et exportable au format Excel ou CSV. Une pratique qui permet de ne pas se retrouver à payer plus que nécessaire.

Car la taxation des plus-values est bien plus intéressante que la mise en place d’une imposition forfaitaire. Surtout si vous pensez bien à déduire vos moins-values éventuelles. Il est important de préciser que les services des impôts ne s’intéressent pas aux cryptomonnaies que vous possédez, mais bien aux profits réalisés lors de leurs reventes en euro. Sauf dans le cas d’une quantité importante de fonds pouvant entraîner le déclenchement de l’impôt sur la fortune (ISF).

Dans le cas d’une déclaration des plus-values, l’impôt concerne uniquement les gains réalisés, soit les bénéfices desquels sont soustraits les investissements réalisés. Pour un achat de cryptomonnaies d’un montant de 100€, revendues à 120€, l’impôt ne s’applique que sur les 20€ de profits effectués.

« Ce n’est que si ces Bitcoins (cryptomonnaies, NDLR) sont utilisés pour réaliser une transaction qui génère une plus-value qu’il faut les déclarer. En pratique, c’est très compliqué pour le fisc de repérer ces flux. » – Capital

Si les gains sont considérés comme occasionnels par les services des impôts, ils entrant dans le cadre des bénéfices non commerciaux (BNC). Mais si l’administration y décèle une activité reconnue comme régulière, les bénéfices peuvent passer, sur décision unilatérale, dans la catégorie « industriels et commerciaux » (BIC).

Dans le cas de l’impôt sur la fortune (ISF), les cryptomonnaies que vous possédez doivent être déclarées et entrent en ligne de compte. Mais cela ne concerne que les personnes dont le patrimoine dépasse les 1,3 million d’euros.

Quelle déclaration pour vos cryptos

Légalement, la détention de monnaies numériques repose sur la déclaration spontanée de l’utilisateur. Mais elle n’est pas (encore) nécessaire, si les fonds concernés ne sont que stockés sans activité lucrative avérée. Le montant des actifs ne nécessite aucune déclaration détaillée.

« Les propriétaires de Bitcoins (cryptomonnaies, NDLR) qui les stockent sur des portefeuilles électroniques de type Ledger ne sont pas non plus concernés. Dans ce cas on considère que les cryptos sont détenues directement. C’est comme si on conservait du cash chez soi. » – Capital

Aucun moyen n’existe actuellement pour que l’administration fiscale puisse accéder au détail des fonds détenus.

Déclaration des plateformes d’exchange

Mais même si la déclaration de vos cryptomonnaies ne repose que sur votre bonne volonté, il existe un cadre légal pour les comptes ouverts sur les plateformes d’exchange. Cela ne concerne pour le moment que les comptes détenus sur les bourses domiciliées à l’étranger.

« Depuis le Projet de Loi de Finance 2019, l’administration fiscale française requiert de déclarer toute plateforme d’échange domiciliée à l’étranger conservant des actifs numériques, que celle-ci accepte ou non les devises monétaires d’État » Pierre Morizot, co-fondateur de l’assistant fiscal de cryptomonnaies Waltio

Pour résumer, si vous possédez un compte sur Coinbase ou Binance, qu’il soit plein ou vide, vous devez en informer les services des impôts en remplissant l’annexe numéro 3916-bis du formulaire de déclaration de revenus, qui concerne les comptes bancaires ouverts à l’étranger. Tout contrevenant s’expose en théorie à une amende pouvant aller jusqu’à 1500 € par compte de ce type non déclaré.

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