Lugano voit grand pour Bitcoin
05 mars 2022 - 15:02
Temps de lecture : 3 minutes
Par Nathalie E.
La ville de Lugano située dans le Tessin en suisse italophone, à l’instar d’autres villes helvétiques, va accepter le bitcoin, mais également le stablecoin Tether (USDT), comme moyen de paiement des taxes et factures locales. Mais au-delà, elle veut également favoriser l’adoption grand public des cryptomonnaies via le déploiement d’un Plan₿. Projet d’envergure aux multiples facettes visant à faire de la neuvième localité la plus importante de la confédération, la capitale européenne du bitcoin.
Lugano bientôt capitale européenne du bitcoin ?
Lugano, enclave méditerranéenne nichée au pied des Alpes, réputée pour son lac, sa riviera, ses échoppes de luxe et ses multiples banques sera peut-être bientôt renommée également pour sa bitcoin attitude.
La municipalité sous la houlette de son maire Michele Foletti et du directeur technique de Tether Paolo Ardoino, ont annoncé jeudi lors d’un événement diffusé en direct, que les résidents pourront bientôt payer leurs impôts, ainsi que les biens et services, en une triplette quelque peu intrigante constituée de bitcoin, USDT ou LVGA, le stablecoin de la ville correspondant à un centième de franc suisse.
Sur le terrain, la cité a déjà entamé des initiatives concrètes en travaillant avec plus de 200 commerçants en vue de favoriser les paiements en BTC via le Lightning Network. Elle a également commencé à collaborer avec les entreprises locales afin de les inciter au déploiement d’infrastructures adaptées pour opérer les transactions en cryptomonnaie et leur conversion instantanée en francs suisses (CHF). Mais l’ambition est plus vaste.
Plan₿ : l’ambition de Lugano pour Bitcoin
En effet, dans le cadre d’un Plan₿ élaboré avec l’émetteur Tether, Lugano cherche à développer en son coeur un centre d’activités dédié au Bitcoin et à la blockchain. L’objectif : attirer entreprises et startups du secteur en déroulant « un tapis rouge » pour tous les candidats à la relocalisation selon les mots du directeur municipal Pietro Poretti . Son atout majeur étant sa collaboration « avec une entreprise du calibre de Tether [qui] est un aimant qui incitera davantage d’entreprises à venir à Lugano. »
D’autres actions seront entreprises parallèlement. Outre un programme d’études en partenariat avec les universités locales « afin d’accroître les compétences des jeunes étudiants » dans les technologies liées au bitcoin et au Lightning Network, deux fonds d’investissement sont en voie de création.
Le premier doté de 3,26 millions de dollars visera à favoriser l’adoption locale du Bitcoin, de l’USDT, et du token natif LVGA, devenus « de facto » des monnaies au cours légal. Paolo Ardoino a d’ailleurs clairement désigné le Salvador comme source d’inspiration.
« Le PIB du Salvador a augmenté de 10% et son tourisme de 30% après avoir déclaré le bitcoin comme monnaie légale. Imaginez ce que nous pouvons faire dans une ville située au centre de l’Europe ».
Le second fonds, de près de 109 millions de dollars, sera déployé au profit des sociétés de l’écosystème crypto qui auront choisi de s’installer durablement dans la ville.
Enfin, un volet du Plan₿ se consacrera à la recherche de stratégies visant à réduire l’impact environnemental des cryptomonnaies. Lugano prévoyant également la possibilité de miner du bitcoin en utilisant des sources d’énergie renouvelables.
La singularité suisse
La Suisse n’est pas forcément un eldorado crypto aussi idyllique que ce que l’on pourrait croire.
Elle l’est néanmoins en comparaison avec ses voisins européens. En effet, son fonctionnement fédéral permet à des communes ou cantons de prendre des initiatives innovantes en matière d’acceptation des cryptomonnaies. Un phénomène qu’on retrouve aussi aux Etats-Unis où certains Etats ou municipalités oeuvrent à une politique crypto-friendly en dépit d’orientations à l’échelle nationale beaucoup plus restrictives.
Aussi Lugano n’est-elle pas la première commune suisse à prendre des mesures concrètes pour favoriser l’utilisation du bitcoin. Avant elle, Zoug et sa fameuse Crypto Valley, l’un des premiers hubs crypto au monde, quelque peu abandonné pendant la crise Covid, propose déjà à ses administrés la possibilité de régler leurs impôts en Bitcoin ou Ether (ETH). Zermatt et Chiasso également. Dans le Valais, c’est Neuchâtel qui a fait de la blockchain un axe central de sa croissance économique.
La recette à chaque fois du combo gagnant : un attelage de professionnels, une collaboration rapide et efficace entre secteurs public et privé et des moyens effectifs pour éduquer la population. Une vision pragmatique qui permet à la Suisse de conserver une position-phare au sein d’une Europe encore trop pusillanime. L’Union européenne, en dépit de pays comme l’Allemagne plus ouvert au sujet et adaptant progressivement son arsenal législatif à l’activité crypto, freine encore des quatre fers, incapable de saisir les enjeux à l’oeuvre. Comme pour Internet en son temps, on peut craindre qu’elle laisse filer le train de l’innovation, s’apercevant trop tard qu’il n’est plus temps de raccrocher les wagons…
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