Nigeria vs MNBC – Plafonnement des retraits bancaires pour « encourager » le eNaira
07 décembre 2022 - 10:30
Temps de lecture : 2 minutes
Par Hugh B.
Le déploiement des monnaies numériques de banques centrales (MNBC) est aussi disparate qu’inégal d’un pays à l’autre. Mais autant se réjouir de ce manque de précipitation. Surtout lorsqu’on peut constater les différentes politiques locales mises en place afin d’en « encourager » (imposer) l’adoption. Car, faut-il encore le rappeler, cet argent numérique n’a définitivement rien à voir avec les cryptomonnaies. Et la situation actuelle au Nigeria le démontre tout à fait…
Pour un regard extérieur et totalement ignorant, le développement des monnaies numériques de banques centrales (MNBC) peut avoir des airs de cryptomonnaies officielles. Mais il n’en est rien. Car ces versions dématérialisées des monnaies fiat actuelles offrent encore plus de contrôle sur les mouvements financiers des populations concernées. Alors que les cryptomonnaies, à l’inverse, tentent de se débarrasser de toute censure ou ingérence centralisée.
Une distinction qui trouve son expression dans les dernières décisions politiques du gouvernement nigérien. Un pays à la pointe du numérique puisque sa monnaie de banque centrale – eNaira – existe maintenant depuis plus d’une année. Mais avec un succès presque inexistant, dont la portée n’a réussi à atteindre qu’un ridicule 0,5% de sa population sur cette période. Peu importe, un plafonnement drastique des retraits bancaires devrait remédier à ce manque d’adoption criant…
Nigeria – Comment « encourager » l’adoption d’une MNBC
Il est toujours intéressant de constater à quel point l’utilisation des mots à du sens. Car dans une récente déclaration officielle, le directeur de la supervision bancaire du Nigeria, Haruna Mustafa, explique vouloir « encourager » les clients des services bancaires nationaux à s’orienter vers des « canaux alternatifs » au cash. C’est-à-dire les services bancaires par Internet, les applications bancaires mobiles, les cartes/POS et bien évidemment le eNaira.
Il faut dire que dans ce pays d’Afrique, 85 % de tous les nairas en circulation (la monnaie locale) sont actuellement détenus en dehors des banques. Et pour cause, les retraits d’espèces sont plafonnés à 338$ (150 000₦) pour les particuliers et 1128$ (500 000₦) pour les entreprises. L’une des raisons officielles : favoriser la politique du « Nigéria sans espèces » initiée depuis 2012. Mais également l’adoption de son eNaira lancé depuis le 25 octobre 2021.
Nigeria – Moins de cash, plus de eNaira
Et au lieu de se poser la question du désintérêt évident exprimé pour sa monnaie numérique, la Banque centrale du Nigeria semble bien décidée à l’imposer… oups, pardon, « encourager » son adoption. Cela à l’aide d’une circulaire publiée hier à destination des entreprises financières nationales. Un document dans lequel elle explique que le plafond des retraits bancaires autorisés est – une nouvelle fois – drastiquement revu à la baisse.
Car cette limite est dorénavant abaissée à 45$ (20 000₦) par jour et 225$ (100 000₦) par semaine pour les particuliers. Et pour les entreprises, 225$ (100 000₦) par jour et 1125$ (500 000₦) par semaine. Sachant que tout dépassement de cette limite expose à l’application de 5% de frais pour les particuliers et 10% pour les entreprises. Tout simplement surréaliste !
Ces limites journalières et hebdomadaires sont cumulatives, c’est-à-dire qu’il n’est pas possible d’y échapper en changeant de distributeur ou de banque. Et autant dire que cela va surtout encourager les nigériens à conserver encore plus d’espèces. Sauf si, dans le même temps, la Banque centrale du Nigeria annonce l’émission de nouveaux billets censés remplacer les anciens. Le piège de cette « adoption » est décidément bien ficelé pour ce pays très fier de figurer parmi les 11 premiers mondiaux à avoir totalement déployé une monnaie numérique de banque centrale…
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